Avec “Memento Mori”, Depeche Mode s'offre un regain inespéré
Endeuillés mais bien vivants, les Anglais Martin Gore et Dave Gahan reviennent à l’essentiel, avec un album sincère et harmonieux, presque fragile.
Par Hugo Cassavetti
Réservé aux abonnés
Publié le 24 mars 2023 à 10h00
- Partage
- Envoyer par email
- Copier le lien
La tragique disparition l’an dernier d’une dissection aortique d’Andrew Fletcher, membre fondateur et élément stabilisateur de Depeche Mode depuis ses débuts, aurait pu sonner la fin du mastodonte de l’électro pop. Elle semble plutôt avoir déclenché sa renaissance. Ghosts Again, single avant coureur de leur quinzième album, qui, s’il comble sans nul doute les inconditionnels, a plus encore réveillé l’intérêt, avec son évidence mélodique retrouvée, des nostalgiques d’Enjoy the Silence ou de Shake the Disease. Une chanson à la mélancolie intense (co-écrite avec l’excellent Richard Butler des Psychedelic Furs), d’une belle limpidité, d’une sombre luminosité, comme autrefois, avant que la noirceur et une certaine lourdeur rythmique ne prennent le dessus. Un titre qui scelle aussi une complicité inédite entre les deux survivants Martin Gore et Dave Gahan. Jamais vraiment les meilleurs copains jusqu’ici, ils sont désormais unis par l’absence de leur regretté ami.
Six années après le pesant Spirit (2017), sur lequel Gahan, de sa voix grave de crooner toujours un peu trop forcée, déversait sa colère sur l’état désastreux de planète, on aborde donc d’une toute autre oreille Memento Mori. Outre la mort de Fletcher, la pandémie est passée par là, période de confinement et de remise en question durant laquelle l’ensemble du disque a été mis en chantier. D’où ce retour inespéré à un Depeche Mode plus intime, plus fragile, plus existentiel. Et surtout plus direct et harmonieux, trouvant, au-delà d’une inquiétude toujours présente, une forme de consolation dans l’acceptation de soi, d’une vie pas si insupportable que ça.
Déjà abonné ? Je me connecte
Découvrir toutes nos offres