Demon Slayer : Le train de l'infini - critique pourfendue
Souffle de l'eau
Après avoir affronté une des Douze Lunes Démoniaques, Tanjiro et sa bande se sont accordé une pause dans les quartiers de Shinobu Kocho, le pilier de l'insecte. À la fin de ce court arc qui conclut la saison 1 de Demon Slayer, le groupe de protagonistes part à la rencontre de Kyojuro Rengoku, le pilier de la flamme, à bord du train de l'infini. Tanjiro a quelques questions à lui poser en ce qui concerne le souffle de la flamme et la fameuse danse du Dieu du Feu, le mouvement qui a permis à notre héros de presque vaincre une Lune Démoniaque inférieure.
Rengoku est plus que ravi de répondre aux questions de Tanjiro, dommage qu'il ne sache absolument rien à propos de cette danse du Dieu du Feu. En revanche, le pilier reconnaît la valeur du héros, il serait donc prêt à le désigner un jour comme successeur. Et à vrai dire, les trois garçons du groupe deviennent très vite fans de leur supérieur qui dégage un charisme impressionnant, en particulier lorsqu'il se débarrasse de deux petits démons égarés dans le train.
Si vous prenez un jour le train au Japon, pensez à essayer leurs bentos.
Sachant que le film dure environ deux heures, on se demandait si l'intrigue allait entièrement se dérouler dans un train. Eh bien non, car le pouvoir sanguinaire du principal antagoniste, Enmu, lui permet d'endormir ses proies et de les plonger dans des rêves interminables. Tanjiro se retrouve donc dans la forêt enneigée où il a grandi, il retrouve sa famille saine et sauve. Rengoku est, quant à lui, également au sein de sa famille, la relation qu'il a avec son petit frère y est assez émouvante. Les rêves d'Inosuke et Zenitsu sont très drôles, mais sans grand intérêt.
Le pouvoir d'Enmu est assez intéressant, il envoie des enfants (mourants) dans les rêves des chasseurs de démons pour qu'ils aillent détruire leurs noyaux spirituels. Ces pauvres enfants manipulés sont donc contraints de se plonger dans les subconscients de leurs victimes pour détruire ces noyaux et ainsi les tuer. Le subconscient d'Inosuke n'a rien de surprenant, c'est une grotte. Celui de Zenitsu le pleurnichard est incroyablement angoissant, il y fait tout noir et un psychopathe à l'effigie du personnage s'y promène. Peut-être une troisième personnalité en plus de celle qui se bat à sa place ?
Un anime comme un autre
Les plus intéressants sont évidemment ceux de Rengoku et Tanjiro. Sans grande surprise, le subconscient du pilier de la flamme est un gigantesque brasier. Le film nous fait comprendre à plusieurs reprises que Rengoku aurait pu être un héros de manga, mais il a finalement eu un rôle de mentor (ce qui est tout aussi cool). Pour rappel, Demon Slayer appartient au genre nekketsu, qui signifie « sang chaud », simplement parce que le sang du protagoniste bouillonne dans les situations les plus désespérées. On peut donc considérer que le sang de Rengoku est constamment en ébullition, ce qui reflète son désir de vaincre le mal.
Et du côté de Tanjiro, on ne pourrait pas imaginer un subconscient plus pur que le sien. Le personnage principal de Demon Slayer est la gentillesse incarnée, son âme a la bonté de guider l'enfant censé détruire son noyau spirituel jusqu'à son objectif. On n'en attendait évidemment pas moins de la part d'un héros de shōnen, Izuku Midoriya de My Hero Academia a de la concurrence.
The Truman Show
Souffle de la bêteMême à la fin de la saison 1, on avait encore du mal à supporter les crises de Zenitsu. Le personnage crie à pleins poumons et pleure à chaudes larmes dès qu'il s'imagine être en danger. On n'y croyait pas, mais il est possible de faire pire qu'Usopp de One Piece. Et ce qui est cool avec Le train de l'infini, c'est que Zenitsu fait dodo pendant les trois quarts du film.
Grâce à sa volonté de fer (et parce que c'est le héros), Tanjiro réussit à s'extirper de son rêve après une scène assez déchirante et émouvante. Il laisse donc sa sœur Nezuko s'occuper de leurs camarades pendant qu'il part à la rencontre d'Enmu. Ce dernier est fidèle à l'image qu'on s'était faite de lui : un personnage androgyne, un antagoniste fourbe qui évite le combat rapproché et un monstre qui a plus d'un tour dans sa manche.
J'aime les trains
Ce qui fait de Tanjiro un héros d'anime plutôt unique, c'est son intelligence. Une fois que son ennemi insulte la mémoire de sa famille, grave erreur de la part d'un antagoniste, le pourfendeur de démons en herbe lui coupe la tête. Tanjiro a alors le réflexe de se dire que c'était trop facile, il le compare même à un de ses précédents adversaires. Et ça tombe bien, car la décapitation n'a pas suffi pour gagner. Nous apprenons donc dans Le train de l'infini que les démons peuvent fusionner avec des trains. On espère donc l'arrivée d'un spin-off qui se déroule quelques décennies plus tard pour voir un démon fusionner avec un hélicoptère.
Accompagné de son souffle de la bête et de son sens du toucher hors du commun, Inosuke vient en renfort. Ravi d'avoir eu raison de considérer le train comme un monstre, il trouve facilement l'endroit qu'il faut détruire pour vaincre Enmu. Mais ce dernier ne se laisse pas faire... Bref, les autres membres du groupe s'occupent de trancher les tentacules en 3D pendant que Tanjiro et Inosuke tentent de « tuer » le train. Ils y parviennent pendant ce qu'on pense être le climax du film.
« Attaquons l'exercice... Pour défaire... Le train » ♪
Mais la défaite d'Enmu ne marque pas la fin du film, loin de là. Un vilain très puissant pointe le bout de son nez après le déraillement du train et ce qui arrive ensuite est difficile à vivre. Nous découvrons donc Akaza, la troisième des Douze Lunes Démoniaques supérieures. Lors de son arrivée, un semblant de hype monte en nous, puis on se rappelle qu'une Lune supérieure est tout à fait capable de tuer un pilier. Nous avons donc un peu peur pour Rengoku qui vient à peine de devenir un de nos personnages préférés.
Pendant les trois quarts du film, on se demandait pourquoi les producteurs avaient décidé d'adapter cet arc en film plutôt que de l'intégrer à la saison 2. Et bien nous comprenons cette raison lors de cette dernière partie très chargée émotionnellement. Pendant l'affrontement spectaculaire entre Akaza et Rengoku, on peut voir le flashback classique qui montre le jeune héros faire une promesse à quelques personnes (en l'occurrence, sa mère). On se dit donc que le pilier va peut-être gagner, ou au moins emporter son ennemi dans la tombe...
Mais il n'en est rien. Nous assistons à la chute d'un héros qui garde le sourire jusqu'au bout, tout en transmettant le flambeau à la nouvelle génération. Une nouvelle génération qui pleure son mentor et qui comprend qu'elle a encore beaucoup de chemin à faire. Pendant ce temps, le démon fuit le lever du jour, ce qui provoque un immense sentiment d'injustice et de frustration chez Tanjiro.
On espère que ce sourire disparaîtra dans la saison 2 de l'anime.
Souffle de la foudreOui, le scénario de Demon Slayer est très cool, mais ça ne fait pas tout. La bonne grosse baston est tout aussi appréciée, peut-être même plus que l'histoire. La saison 1 avait surpris pas mal de monde avec son rendu visuel qui mélange parfaitement 2D et 3D, tout en donnant la priorité à la deuxième dimension lors des scènes de combat. Dans Le train de l'infini, la 2D est plus que magnifique lorsque Tanjiro et Rengoku effectuent leurs techniques élémentaires.
Par contre, on ne peut pas en dire autant de la forme démoniaque du train. Il est effectivement dommage de constater que 90% des tentacules de chair sont en 3D. Certes, cet effet peut nous aider à ressentir le malaise et dégoût que ressentent les personnages face à ces horreurs, mais leur aspect lisse et humide fait plutôt penser au film Venom (et c'est très loin d'être un compliment). Ce genre de dissonance fonctionne beaucoup mieux avec Envy dans Fullmetal Alchemist: Brotherhood.
L'estampe japonaise contre les tentacules numériques
Mais cessons de nous plaindre de ces limaces moches qui ne sont là que pendant un quart d'heure du film. Tout le reste est beau, parfois contemplatif, très souvent spectaculaire. La moindre cascade est prise très au sérieux par les animateurs. Même l'animation des larmes se démarque de la plupart des autres œuvres d'animation.
Lors des combats, les mouvements de personnages nous paraissent très détaillés malgré leur rapidité. En particulier lors du combat aussi épique que déchirant entre Rengoku et Akaza, même les jeunes héros ont du mal à comprendre ce qu'ils voient, mais ils n'en sont pas moins impressionnés. Tout comme nous.
Nezuko tomberait presque amoureuse
Dans le film, le travail sur le son est toujours aussi satisfaisant que dans la première saison, c'est d'ailleurs une qualité qui a beaucoup été relevée par les fans. Les musiques de Yuki Kajiura et Gō Shiina n'ont pas perdu leur essence, le thème de Rengoku est un très bel ajout au catalogue musical de Demon Slayer. Le son, les bruitages et la musique rendent d'ailleurs bien service à Zenitsu lors de la scène où sa seconde personnalité décide de se montrer. On a envie de l'applaudir.
Tout ça pour dire que vous n'avez aucune raison d'hésiter à aller le voir en salles. Demon Slayer : Le train de l'infini est une expérience à vivre en salle. Le spectacle est si agréable que ce serait dommage de se contenter de l'écran d'un MacBook. Et en plus, vous aidez les exploitants à se remettre d'une crise.