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 Le débat AttalBardella illustre le mano à mano mortifère entre le
CHRONIQUE. Le duel télévisé, jeudi, entre le premier ministre et le candidat d’extrême droite aux élections européennes est un affrontement gagnant-gagnant pour les deux protagonistes, au détriment des autres candidats. Au risque d’une bipolari

Quand le 19 janvier, Jordan Bardella a été reçu par Gabriel Attal, juste après la nomination de ce dernier, le président du Rassemblement national (RN) a interrogé son contemporain – ils ont six ans d’écart et se tutoient – sur la vie à Matignon, montrant même un intérêt appuyé pour les appartements privés. S’y verrait-il déjà ? En attendant, la tête de liste du RN pour les élections européennes retrouvera, jeudi 23 mai, celui dont il brigue la fonction pour un débat télévisé sur France 2 censé être le « moment fort » de la campagne, au dire des communicants du pouvoir.

Un deal gagnant-gagnant. En tentant de pousser « l’homme sans programme » dans ses retranchements, l’ancien porte-parole du gouvernement, rompu à l’exercice, espère remobiliser un électorat macroniste qui semble peu pressé de se rendre aux urnes le 9 juin. Le premier ministre, qui soigne sa trajectoire personnelle, sait aussi quel gain politique ébouriffant il pourrait tirer d’une victoire par K.-O.

Mais c’est Jordan Bardella qui a le plus à gagner, et si peu à perdre. Même si sa première place dans les sondages lui confère une aura particulière, le jeune président du RN se retrouve mécaniquement valorisé par cette confrontation au sommet, mis sur un pied d’égalité avec le chef du gouvernement. Et c’est l’un des vices cachés de ce débat, vu par certains dans la majorité comme un « cadeau » au RN, alors que tous les autres candidats, des Verts au parti Les Républicains (LR), sont gommés de la scène.

Au-dessus des deux jeunes premiers, un metteur en scène : Emmanuel Macron, qui a expressément demandé au premier ministre d’affronter le leader d’extrême droite, fidèle à sa stratégie de bipolarisation. Aux européennes de 2019, ayant prospéré sur la décomposition du clivage droite-gauche et l’affaiblissement des vieux partis, l’ancien ministre de François Hollande avait installé ce clivage entre « populistes » et « progressistes », l’affiche étant la meilleure garantie de son maintien au pouvoir. Cinq ans plus tard, le président réinstalle le duel entre les « gentils » et les « méchants », afin de tenter de réactiver le bon vieux front républicain que les macronistes ont pourtant maintes fois enterré, Gabriel Attal le premier.

Jeu ambigu

En 2022, le président sortant avait refusé de débattre avec les autres candidats à la présidentielle, se projetant déjà dans son second tour face à Marine Le Pen, tout en s’employant préalablement à dévitaliser les vieux partis, la droite en tête, dont il avait siphonné la plupart des idées. Pendant la campagne, la numéro deux de LR, Annie Genevard, s’en était inquiétée devant l’ex-président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand : « Pourquoi la Macronie passe-t-elle son temps à étriller Valérie Pécresse en épargnant Marine Le Pen ? C’est périlleux… Il peut y avoir un accident démocratique ! »

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