Européennes : revivez le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella

À l’issue du débat qui a opposé Jordan Bardella et Gabriel Attal sur France 2, Marine Le Pen a félicité son jeune dauphin qui était à la «hauteur», le «seul à défendre les Français».

«Je pensais que Gabriel Attal essaierait dans ce débat de se hisser au niveau de ses responsabilités de Premier ministre mais aussi des défis énormes auxquels la France est confrontée. Raté», a grincé la chef de file des députés RN.

Après une heure et quart d’échanges, le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella est terminé.

«Je veux m’adresser à tous les jeunes français qui ont le cœur qui saigne devant l’état du pays : allez voter. C’est peut-être une des élections européennes les plus importantes», conclut Jordan Bardella. «Vous avez été le pyromane avec Emmanuel Macron mais aussi le Pompier qui vient éteindre le feu», ajoute-t-il aussi

Attal répond «Je crois qu’on peut être les champions de l’intelligence artificielle, du quantique et des batteries électriques et c’est ce qu’on propose avec Valérie Hayer.» Et d’ajouter: «Nous, ce que nous proposons c’est d’être l’Europe des lumières.»

S’appuyant sur ses origines italiennes, Jordan Bardella a dit «appartenir à une génération de gens issus de l’immigration qui lorsqu’ils sont arrivés en France l’on fait avec une volonté d’aimer la France.» «Il y a beaucoup de ces Français d’origine, de cœur et d’esprit qui ne comprennent pas aujourd'hui que l’effort exigeant de devenir Français, de participer au roman national» ne soit plus exigé des nouvelles générations, a développé le président du RN.

Gabriel Attal rappelle que le RN n’a pas voté la résolution condamnant l’emprisonnement d’Alexei Navalny en Russie. «Ça n’est pas le rôle de l’Union européenne de faire de la diplomatie», répond Bardella.

«Je pense qu’Emmanuel Macron a jeté de l’huile sur le feu en disant que la France pourrait envoyer des troupes en Ukraine. Il a en plus reçu une fin de non-recevoir de la plupart des pays européens», souligne Jordan Bardella, à propos de la guerre en Ukraine et l’aide que peut apporter l’Europe.

« À chaque fois que vous pouvez vous opposez à un sujet ou nous apportons notre aide à l’Ukraine de toute façon, vous le faites», répond Attal. «La réalité, je ne crois pas que vous soyez fan de Poutine. À un moment donné votre parti avait besoin d’argent et la Russie avait besoin d’un parti pour affaiblir la France.» «Ils vous ont financé. Vous avez beau avoir remboursé votre dette, vous avez un contrat moral avec eux, ce qui fait que vous n'êtes pas libre de vos votes et de vos décisions au Parlement européen», a raillé le président du RN.

«Le sujet pour moi c’est l’immigration illégale», souligne Gabriel Attal. «C’est le projet que je porte avec Valérie Hayer.»

Alors que Gabriel Attal et Jordan Bardella débattaient de la question migratoire, le premier ministre a considéré que le «programme du RN était un Banco». «Il y a plein de promesses mais quand on gratte il n’y a rien derrière», a-t-il ironisé.

S’ouvre un nouveau chapitre, celui consacré à l’immigration. «Vous avez pulvérisé un à un les records d’immigration légale. Vous avez le record européen de faiblesse, avec des conséquences très concrètes sur la vie des Français», a attaqué le président du RN au premier ministre. Avant de s’adresser aux Français : «Le 9 juin, c’est un vote pour ou contre l’immigration massive».

«On ne sera jamais d’accord sur l’immigration. C’est une fierté de ne pas être d’accord avec vous sur ce sujet-là. On a le sentiment, en vous écoutant, que derrière chaque étranger, chaque immigré, il y a un délinquant ou un terroriste en puissance, je trouve (ça) révoltant», a répliqué le chef du gouvernement. Lequel a rappelé que «l’immigration était un problème». Selon lui, le Pacte asile et migration est «une vraie protection de la frontière extérieure de l'Union européenne».

Jordan Bardella veut que les États-membres qui refusent d’accueillir les migrants arrivant dans l’Union européenne, sur leur territoire, versent 20.000 euros. «Vous avez le record européen de faiblesse», ajoute-t-il à l’égard d’Attal.

«Il faut arrêter de mettre nos produits en concurrence avec des produits qui viennent du monde entier. Nos agriculteurs veulent pouvoir vivre de leur travail et je veux défendre l’exception agricole française», entame Jordan Bardella, qui critique le modèle européen de l’agriculture et surtout le CETA, l’accord économique commercial global établi entre l’Union européenne et le Canada.

«À aucun moment vous ne parlez de la PAC. Mais je comprends vous avez voté contre», répond Gabriel Attal. «On exporte 2000 tonnes de plus de produits laitiers au Canada depuis le CETA. La grande inquiétude sur le CETA c’était de dire que notre filière bovine allait en être victime. En réalité, on leur en exporte plus qu’ils ne nous en importent.»

«Moi je me retrouve dans la vision de Jacques Delors», complète-t-il, à propos du rapport verhofstadt, qui plaide pour une révision des traités et demande au Conseil européen de convoquer une convention. Jordan Bardella critique ce rapport. Le candidat du RN estime que ce rapport pourrait supprimer le droit de veto de la France sur certains sujets européens. «Aujourd’hui il y a un droit de veto sur tous les sujets au niveau européen ?», répond Attal. «Non», finit par lâcher Jordan Bardella.

En plein échange sur l’interdiction des véhicules thermiques dans l’Union européenne, le président du RN s’est inquiété des retombées sur le pouvoir d’achat des Français. Le premier ministre a lancé : «La méthode du RN, c’est de dire “on est contre tout, et puis dans cinq ou dix ans, si on se rend compte qu’on s’est planté, on dira qu’on a changé d’avis.”» «Qu'est ce qui fait que vous avez changé d'avis sur l'euro, sur l'Europe, sur le marché européen de l'électricité», a-t-il moqué. Si Marine Le Pen avait été élue en 2017, «on serait sortie de l'euro et sortie de l'UE».

Le premier ministre a répondu à Jordan Bardella sur leurs objectifs concernant les véhicules électriques. «On sera en capacité en France de produire 2 millions de voitures électriques sur le sol français», poursuit-il. «Vous vous opposez à tout ce qu’on fait.» 

Alors que le débat a dévié sur les questions écologiques, Gabriel Attal a affirmé qu’«il ne suffit pas d’être jeune pour incarner un espoir», en regardant son contradicteur de 28 ans. «L’important, c’est ce qu’on propose et ce qu’on veut faire. Le combat contre le dérèglement climatique, c’est le combat de notre génération», a-t-il détaillé.

«L'Europe est à la pointe du combat pour le climat», a-t-il ajouté, en rappelant que la tête de liste Renaissance Valérie Hayer propose «un plan d'investissement massif pour la transition écologique, 8 milliards d'euros.»

De son côté, le président du RN a déploré des «ambitions environnementales irréalistes». Notamment sur la fin de vente des moteurs thermiques, ce qui aura, selon lui, des conséquences en termes de pouvoir d’achat.

« Si l’opinion ne s’était pas réveillée à temps, on se serait réveillé avec des black-out partout en France l’hiver dernier», ajoute Jordan Bardella à propos du nucléaire.

Après que le premier ministre a rappelé le bilan d’Emmanuel Macron sur la question du nucléaire, le président du RN a ironisé sur «le talent de macroniste du premier ministre d’être capable de dire tout et l'inverse de tout avec à chaque fois le sentiment d’avoir raison». «C’est mieux que les mensonges des lepenistes», a rétorqué du tac au tac Gabriel Attal.

« Emmanuel Macron a reculé la date de suppression des quatre réacteurs nucléaire et on a six EPR 2 qui pourront ouvrir», répond le premier ministre Gabriel Attal. «C’est mieux que les mensonges des lepénistes», ajoute-t-il.

«Sous Jacques Chirac il y avait trois millions de voitures produites en France. Aujourd’hui il n’y a plus qu’un million et on est en train de se faire inonder de voitures chinoises», a déclaré Jordan Bardella à propos de son projet pour réindustrialiser. «Ce qui est sûr, c’est qu’on veut des voitures électriques et pour ça il faut des usines en France. On a ouvert quatre usines de batteries électriques en France et on sera capable de produire 2 millions de voitures électriques en 2030», répond Attal. «Sur les droits de douane, il n’y a pas de tabou», poursuit-il.

Le premier ministre a répondu à Jordan Bardella à propos du bilan de l’exécutif sur le marché de l’emploi et la réindustrialisation. «On a 150.000 entreprises françaises qui exportent en Europe et vous dites que l’on devrait réserver leur marché à celui français ? Avec votre proposition de patriotisme économique, on les priverait du marché européen.»

Le premier ministre a complété sur que le projet de Jordan Bardella, «couperait les jambes de nos entreprises» privées «du marché public européen». 

Selon le premier ministre, «Jordan Bardella apporte une vision qui est celle du repli sur soi et de la fin de l'Union européenne». «Avec Valérie Hayer, je porte une autre vision. Je suis convaincu que c'est l'union qui fait la force et que c'est avec les autres pays européens qu'on sera capable de relever tous les défis», a développé le premier ministre face à son concurrent.

Une charge contre laquelle le président du RN a souhaité défendre un «patriotisme économique». Avec la volonté de «passer du libre-échange total au juste échange».

Tête de liste du RN, Jordan Bardella veut confronter le «bilan» d’Emmanuel Macron à son «projet» d’«Europe du XXIe siècle.» Et souhaite un débat «de haute tenue (...) pour réconcilier les Français avec la politique». Le premier ministre, lui, espère que ce débat «soit utile et respectueux» dans un «moment de bascule». «Le choix qui devra être fait le 9 juin, c’est de savoir si face aux défis et aux difficultés, on sera plus fort (en étant) uni ou (en étant) isolé», a attaqué Gabriel Attal en introduction.

Le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella commence sur France 2.

Un tournant dans la campagne ? Un rendez-vous pour l'avenir ? Gabriel Attal et Jordan Bardella débattent ce soir. Une nouvelle confrontation des deux espoirs les plus en vue des camps Macron et Le Pen, désormais premier ministre et favori des européennes.

En février, l'entourage de Gabriel Attal ne jugeait «pas nécessaire dans l'immédiat» de débattre avec Jordan Bardella. Mais la liste conduite par Valérie Hayer a dévissé dans les sondages et le président a sonné la mobilisation générale. En effet, selon le sondage «rolling» Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI, et Sud Radio du jour, Jordan Bardella atteint un record de 33% d'intentions de vote tandis que Valérie Hayer stagne à 16%.

Ce n'est pas la première fois que les deux jeunes dirigeants croiseront le fer devant les caméras. Gabriel Attal et Jordan Bardella se sont affrontés lors de la campagne présidentielle de 2022, au JT de TF1 comme sur C8. Mais deux ans plus tard, le contexte a bien changé.

Bonsoir à tous et bienvenue dans ce live consacré au débat entre le premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella sur France 2. La joute doit commencer à 20h15.