« Deadpool & Wolverine » peut-il sauver Marvel ?
Inepte, cliché, indigent ? En parcourant le dossier de presse du film, on tombe sur cette phrase de Kevin Feige, qui dit tout de l’authenticité de la démarche : « Pendant longtemps, on ne voyait pas bien comment réunir Deadpool et Wolverine, et on ne savait pas trop non plus ce que cela pourrait donner. Cependant, on savait que les fans voulaient les voir ensemble. »
Bonne ou mauvaise nouvelle pour le futur de Marvel ?
C’est évidemment toute la question. Vous l’aurez compris, on n’a que peu apprécié, de notre côté, le goût rance de ce shaker géant, aussi embarrassant de pauvreté esthétique que désespérant de désinvolture scénaristique (alors même que pas moins de cinq auteurs sont crédités au générique).
Mais si la formule touche à l’épuisement de notre point de vue strictement critique, il faut surtout souligner le pari risqué d’un film fonctionnant quasi-entièrement en vase clos, où les super-héros se succèdent comme dans un défilé de mode sans saveur, caméos « injustifiés » (de l’aveu même du récit) placés sous l’égide d’une mythologie cinématographique que seule une poignée d’individus peut désormais prétendre connaître sur le bout des doigts.
Sans briller par sa mise en scène, la première phase de l’univers Marvel avait au moins le mérite de prendre son temps pour introduire des personnages en chair et en os, caractérisés par autre chose qu’une couleur de costume et un vague clin d’œil au chapitre 37 d’un comics sorti en 1974 – c’était la rigueur morale d’un Captain America, ou la mégalomanie dépressive d’un Iron Man.
Inversement, en s’en remettant à une stratégie à ce point autoréférentielle, quel(s) (nouveaux) public(s) Marvel espère-t-il encore convaincre ? Pour désigner les obstacles que doivent surmonter les nouveaux entrants sur un marché donné, économistes et sociologues se réfèrent au concept de « barrière à l’entrée ». Le prix de celle de Deadpool & Wolverine paraît si élevé qu’on demande à voir, box-office à l’appui, qui osera s’acquitter du montant.