Présidentielle: les politiques de tous bords se disputent l'héritage du général de Gaulle
A gauche comme à droite, en passant par l'extrême droite, une multitude de candidats s'apprêtent à honorer la mémoire du général de Gaulle ce mardi, invoquant un spectre très large d'arguments.
Embouteillage à Colombey-les-deux-Eglises. Plusieurs candidats à la présidentielle de droite comme de gauche vont honorer la mémoire du général de Gaulle ce mardi en Haute-Marne, 51 ans après sa mort, et contester à l'extrême droite sa tentative de réappropriation de l'héritage gaulliste.
Dans la majorité, le Premier ministre Jean Castex, ancien membre des Républicains (LR) et "gaulliste social" revendiqué, déposera une gerbe sur la tombe de l'homme du 18 juin vers 10 heures, puis participera à la cérémonie devant la Croix de Lorraine, symbole de la résistance.
Ce pèlerinage du 9 novembre est un grand classique de la vie politique, plus encore à l'approche de la présidentielle. Il prend cette année des allures de bataille culturelle, les prétendants de droite et de gauche ciblant particulièrement le possible candidat Eric Zemmour et ses sulfureuses sorties médiatiques au sujet du maréchal Pétain.
En pleine compétition interne à droite, au lendemain de leur premier débat télévisé, les cinq candidats à l'investiture LR - Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse - seront du déplacement, tout comme Christian Jacob, le président du parti.
"Vous me parlez de l'idée que je me fais de la France... il est tout à fait vrai que depuis toujours et aujourd'hui je me fais de la France une certaine idée", affirmait le général De Gaulle en décembre 1965. Une citation assez floue que n'hésitent pas à reprendre, avec leur interprétation, les politiques en campagne. En août 2016, François Fillon l'emploie comme une attaque contre Nicolas Sarkozy: "Qui imagine le général De Gaulle mis en examen?" Dimanche, le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, invité de BFMTV, s'est exclamé: "Vous imaginez le général De Gaulle défendre les valeurs de LGBT?"Hidalgo et Montebourg: "faire taire monsieur Zemmour"
A gauche, deux personnalités en font cette année un symbole dans la lutte contre l'"appropriation" de l'histoire par Eric Zemmour. La candidate socialiste Anne Hidalgo (PS), qui assistait déjà tous les ans à la cérémonie en tant que maire de Paris, entend cette fois lutter "en creux contre Eric Zemmour" et "remettre l'histoire à sa place", selon son entourage. Le 10, elle déposera également trois gerbes en hommage aux combattants chrétiens, musulmans et israélites à la Nécropole de Douaumont.
L'ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, aussi candidat, a lancé "un appel à tous ceux, des communistes aux gaullistes, qui ont en héritage la France libre et le Conseil National de la Résistance, à aller à Colombey-les-Deux-Eglises pour former un mur du silence et faire taire monsieur Zemmour".
Eric Zemmour s'était rendu le 18 juin dans la maison natale de De Gaulle à Lille, pour y saluer en miroir de sa potentielle candidature à l'Elysée "un écrivain" qui est "tout sauf un politicien professionnel", désireux de "sauver" la France. Mais le polémiste identitaire ne viendra pas à Colombey alors que des rumeurs - démenties par son entourage - avaient circulé sur une possible annonce de candidature sur place.
L'ancien président Nicolas Sarkozy a d'ailleurs attaqué lundi l'essayiste condamné pour "provocation à la haine raciale" sur sa réutilisation de la figure gaulliste. "Quand on a pas beaucoup de racines on essaie de s'en donner" a-t-il lancé. Avant d'ajouter: "Je ne suis pas sûr que De Gaulle aurait forcément apprécié ce que Zemmour a dit de Pétain."Marine Le Pen à Bayeux
La candidate du RN Marine Le Pen sera quant à elle à Bayeux (Calvados) pour saluer, malgré l'histoire de son parti qui l'a longtemps combattu, l'héritage du général de Gaulle sur la "souveraineté" et "l'unité" du pays.
La dirigeante d'extrême droite s'est demandé lundi sur BFMTV-RMC "si la soumission de la France à une autorité extranationale comme l'Union européenne (...) correspondrait" à la "vision" du général, et ce qu'il "pourrait penser" de la "guerre de tous contre tous qu'a imposée Emmanuel Macron dans le pays".
Après avoir déposé une gerbe devant La Croix de Lorraine, à Courseulles-sur-Mer, Marine Le Pen doit prononcer un discours sur les institutions place de Gaulle à Bayeux, là même où le général s'est exprimé en juin 1944 après le débarquement et en juin 1946 sur la future Constitution.
"On rappelle quand même que le Rassemblement national c'est l'héritier direct d'un parti qui avait été fondé par des adversaires historiques du gaullisme. Des anciens collabo, des partisans de l'Algérie française", rappelle l'éditorialiste politique de BFMTV, Matthieu Croissandeau.
N.J avec AFP