Covid : ce que l'on sait du variant BF.7 qui sévit en Chine
Publié le 29 déc. 2022 à 14:06Mis à jour le 29 déc. 2022 à 15:49
Avec la récente levée des mesures « zéro Covid », le Covid-19 circule désormais librement en Chine. Plusieurs pays et experts craignent que le pays, rassemblant près d'un cinquième de la population mondiale, ne devienne ainsi un terrain fertile pour l'émergence de nouveaux variants. L'un d'eux, BF.7, est pointé du doigt depuis quelques jours. D'après Xu Wenbo, le chef de l'institut de contrôle des virus au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, il constitue la principale souche d'Omicron détectée dans le pays.
Faut-il s'en inquiéter ? BF.7 (de son nom complet BA.5.2.1.7) est une sous-lignée d'Omicron BA.5. Il ne vient pas d'apparaître en Chine et a déjà été repéré depuis plusieurs mois dans le reste du monde.
Les symptômes causés par le BF.7 sont similaires à ceux des autres sous-variants d'Omicron, c'est-à-dire principalement des symptômes au niveau des voies respiratoires supérieures. Les patients peuvent avoir de la fièvre, de la toux, des maux de gorge, un écoulement nasal et/ou de la fatigue, une minorité de cas présentant des vomissements et de la diarrhée.
Est-il plus contagieux ?Des rapports d'experts médicaux chinois cités par des médias locaux peuvent paraître inquiétants : ils estiment que ce sous-variant se transmet plus facilement que les autres en raison d'une période d'incubation plus courte et d'un taux de transmission plus rapide. D'après les données disponibles, son R0 serait compris entre 10 et 18,6 (une personne infectée transmettrait le virus à une moyenne de 10 à 18,6 autres personnes). Un chiffre très élevé, si on le compare au R0 de la souche initiale du Sars-CoV-2, estimé à 3 (selon l'Institut Pasteur), ou à celui du variant Delta, estimé à 6 ou 7.
Sa caractéristique est de porter une mutation, R346T, dans le gène codant la protéine spike (une protéine à la surface du virus qui lui permet de se fixer et d'infecter nos cellules). Cette mutation lui conférerait une plus grande résistance à l'action des anticorps neutralisants générés par les vaccins.
Le dernier rapport de Santé publique France, datant du 14 décembre, tempère toutefois ces informations. Bien qu'il ait été repéré depuis plusieurs mois et se soit propagé dans le monde, il n'a pas pris le dessus sur les autres. Au contraire, sa détection « diminue au niveau mondial », à la faveur d'autres sous-lignages d'Omicron en Europe.
Car BF.7 est loin d'être l'unique sous-lignage issu de la sous-variante Omicron BA.5. Cette dernière, détectée depuis décembre 2021 et majoritaire depuis plusieurs mois, compte « plus d'une centaine de sous-lignages », rappelle Santé publique France. Parmi eux, « le sous-lignage BQ.1.1 est le plus détecté », avec 62 % des séquençages.
Pas de nouveau variant inquiétant en ChineEn résumé, la flambée épidémique qui frappe la Chine est causée par des souches du virus ayant déjà fait le tour du monde. Les autorités chinoises ont d'ailleurs soumis 25 nouveaux échantillons génétiques (prélevés en novembre à Pékin, en Mongolie intérieure et à Guangzhou) au GISAID, une base de données où des scientifiques du monde entier partagent des séquences de coronavirus afin de surveiller ses mutations. « Il n'y a aucune preuve à ce stade suggérant qu'il existe une nouvelle variante significative » en Chine, a confirmé Peter Bogner, directeur général de GISAID, à Bloomberg.
Cela étant, avec sa stratégie de vaccination à base de virus inactivés et sa stricte politique « zéro Covid », la Chine a créé un paysage immunitaire inédit dans le monde. « Le fait que 1,4 milliard de personnes soient soudainement exposées au SARS-CoV-2 crée évidemment des conditions propices à l'émergence de variants », soutient Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de l'Université de Genève. La situation est donc à surveiller comme le lait sur le feu. En espérant que Pékin accepte de partager ses données sanitaires en temps réel.