Corse : le gouvernement cherche le moyen d'apaiser les tensions
Les rassemblements se multiplient en Corse, huit jours après l'agression en prison d'Yvan Colonna. Le militant indépendantiste, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Érignac en 1998, est toujours dans le coma. L'exécutif compte faire des annonces rapidement pour éviter que la situation ne dégénère.
"Statu francese assassinu" (État français assassin). Trois mots scandés de manifestation en manifestation. L'agression mercredi 2 mars à la prison d'Arles d'Yvan Colonna, depuis laquelle le militant indépendantiste est plongé dans le coma, continue de secouer la Corse. Quelque 400 lycéens se sont rassemblés ce jeudi matin près de la préfecture d'Ajaccio, au lendemain d'une nuit d'émeutes au cours de laquelle des manifestants se sont introduits au sein du palais de justice de la ville. À Calvi, la sous-préfecture a été visée par des cocktails molotov. Des vitres ont été brisées à coup de pierres.
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Gérer mes choix"Il faut trouver des voies d'apaisement et ne pas laisser ceux qui voudraient en découdre prendre le pas sur ceux qui veulent discuter et trouver des solution", a réagi ce jeudi Richard Ferrrand, président de l'Assemblée nationale. Du côté de l'exécutif, on veut à tout prix éviter que la situation dégénère. "Attention, sujet ultra sensible", reconnaît un ministre en privé. Pour l'instant, aucun commentaire officiel, le gouvernement se méfie trop de l'étincelle qui pourrait enflammer l'île. Mais le dossier est traité en haut lieu. La preuve : la "madame Corse" du gouvernement, la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault, tout juste nommée au Conseil constitutionnel, a légué son portefeuille à son collègue de la Ruralité, Joël Giraud... Sauf le volet "Corse", repris directement par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Un geste pour Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ?L'exécutif compte faire des annonces rapidement, pour tenter de calmer la situation. Les rapprochements en Corse des deux autres membres du commando condamnés à perpétuité pour l'assassinat du préfet Érignac, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, sont dans les tuyaux. Rapprochement qui vient d'être rendu possible pour Yvan Colonna, toujours dans le coma à Marseille : le Premier ministre a levé mardi son statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS). "Un signe d'apaisement, pour que sa famille puisse le visiter à l'hôpital", assure un conseiller du gouvernement. Mais la décision de Jean Castex est jugée comme une provocation, voire une insulte, sur l'île. "On a réussi le tour de force d'en faire un martyr pour toute une génération", se désole un élu macroniste impliqué dans le dossier.
L'attention maximale, donc, pour le président de la République... mais aussi pour le candidat Macron, à tout juste un mois de l'élection présidentielle. "Même s'il n'avait de toute façon pas grand chose à espérer du vote corse", comme le souligne un soutien : 18,48% au 1er tour et 51,48% au second en 2017, loin de ses scores nationaux. Surtout, aucun prétendant à l'Élysée ne semble en mesure de tirer profit de la situation. Marine Le Pen, par exemple, avait dû annuler sa visite sur l'île la semaine dernière par crainte des débordements.