<h1 class="page-title">Vidéos. Restos du cœur/Enfoirés : le ...

Depuis 35 ans, il vient nous sourire sur grand écran à la fin du concert des Enfoirés alors que chanteurs et bénévoles entonnent la Chanson des Restos. Un Coluche noir et blanc, bienveillant : une photo qui fait aujourd’hui partie du patrimoine solidaire hexagonal, présente en poster dans la totalité des 2 000 centres de distribution des Restos du cœur, juste surlignée de l’assiette et des couverts palpitants, logo de l’association. Une photo signée François « Gaston » Bergeret né à Pau il y a 74 ans dont il nous raconte l’histoire.

Depuis 35 ans, il vient nous sourire sur grand écran à la fin du concert des Enfoirés alors que chanteurs et bénévoles entonnent la Chanson des Restos. Un Coluche noir et blanc, bienveillant : une photo qui fait aujourd’hui partie du patrimoine solidaire hexagonal, présente en poster dans la totalité des 2 000 centres de distribution des Restos du cœur, juste surlignée de l’assiette et des couverts palpitants, logo de l’association. Une photo signée François « Gaston » Bergeret né à Pau il y a 74 ans dont il nous raconte l’histoire.
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Archives Xavier Léoty
Cannes, mai 1985. Le jury s’apprête à décerner la palme d’or à « Papa est en voyage d’affaires » d’Emir Kusturica. Gaston Bergeret est déjà un photographe plus que reconnu dans le monde de la presse et de l’architecture. Le Béarnais devenu Parisien en 1970 a décroché le Grand prix de Rome trois ans plus tôt. « Je suis à Cannes pour « Vogue Italia », se souvient-il. Chapeau en papier et foulard coloré, le photographe installe ce jour-là dans le hall de l’hôtel Martinez un studio de fortune.
“Vas-y mon pote”
Patrice Chéreau, Dino Risi, Mario Monicelli, Bernard Blier et Michel Piccoli viennent se prêter au jeu minimaliste : à cheval sur une chaise retournée. « Permesso, signor Colucci, un ritratto per le Vogue Italia ? » (« S’il vous plaît, Monsieur Colucci, un portrait pour Vogue Italia ? ») : Gaston hèle un Coluche très entouré qui se presse vers le plateau délocalisé du Journal de 13 heures d’Yves Mourousi. Le comique et acteur est à Cannes pour présenter « Le fou de guerre » de Risi, son deuxième rôle dramatique après « Tchao Pantin » en 1983.
« Coluche s’amuse de mon installation, me fait un sourire, un signe d’impuissance et passe », raconte Bergeret. « Mais quelques minutes plus tard… » Coluche réapparaît, prétextant les toilettes : « eh ben vas-y mon pote, tu as 30 secondes pour me tirer le portrait… ! » Six clichés sont pris au 24×36 en quelques instants. « On s’était connus en 1975 quand je suivais le réaménagement des Halles à Paris, quartier où il habitait. Il m’appelait le Buster Keaton de la photo ! »

SYLVIE GROSBOIS / GAST
Prêtée à vie
Un an plus tard, le 19 juin 1986, Coluche meurt dans un accident de moto… sur les hauteurs de Cannes. Gaston Bergeret envoie la photo de 1985 à la famille. « En octobre 1986, Véronique Colucci me demande si elle peut l’utiliser pour la deuxième campagne des Restos du cœur que Coluche a lancés un an plus tôt. « J’ai prêté gracieusement la photo à vie », souligne l’artiste. Avant l’époque numérique, le cliché devient viral et symbole de l’action toujours plus cruciale des Restos.

Gaston Bergeret
La bouille et le doux sourire coluchien sont toujours là. Il y a bien eu cette montée de tension en 2013 quand les Restos affublent le portrait d’une moustache pour des tee-shirts et autres produits dérivés sans consulter l’auteur. Assignation et finalement gain de cause pour Bergeret : la photo ne sera plus retouchée, juste donc frappée du logo. « J’aimais beaucoup ce gars », ajoute Gaston Bergeret. « Un vrai caractère, une vraie générosité, comme Daniel Balavoine, disparu la même année. »

Gaston Bergeret
Ovalie aussi
Un Balavoine, son cadet de deux ans, que le jeune François Bergeret aperçoit autour du lycée Louis-Barthou de Pau. Balavoine est dans le privé, mais dans les promos de l’établissement public de l’époque, on trouve les Paparemborde ou encore le futur dessinateur Honoré, assassiné le 7 janvier 2025 dans les locaux de Charlie-Hebdo. « J’ai triplé ma 6ᵉ là-bas », rigole François, déjà passionné de photo. À l’occasion d’une gaffe, il se voit rebaptisé « Gaston » par Claude Roux qui l’a pris en apprentissage à Oloron-Sainte-Marie, avant qu’il n’intègre la jeune école de photo d’Orthez. « Avec un professeur extraordinaire, Mariano Ena, père de Christophe, le plus grand photographe de sport actuel. »

Gaston Bergeret
Si l’architecture et l’actualité deviennent à Paris ses spécialités, le Gaston est aussi un citoyen à vie de l’Ovalie. « Ma seule religion. Ma vie a été analogue aux rebonds d’un ballon de rugby », dit ce professionnel toujours resté indépendant, citant Cyrano : « Ne pas pousser bien haut peut-être, mais tout seul ». Même si la retraite est du coup famélique. Ami de feu Antoine Blondin et de Jean-Pierre Rives, son idole sur le gazon, François ou Gaston Bergeret cite aussi, dans ses clichés mémorables, Sandrine Bonnaire à l’époque de « Sans toit ni loi » de Varda, Sempé ou Claude Nougaro.

Gaston Bergeret
Celui de Coluche aussi, forcément. « J’ai eu l’occasion de connaître Alberto Korda, l’auteur de LA photo de Che Guevara », conclut l’intarissable. « Il m’a dit qu’on avait fait les deux photos les plus célèbres dans le monde. La mienne est une des plus célèbres de France et c’est déjà pas mal.
« Enfoirés 2024, on a 35 ans ! », vendredi 1er mars (21 h 10) sur TF1.