Avec son incarcération, la chute de Claude Guéant paraît ne plus en finir
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Jamais un ancien haut responsable de son rang n’a connu une telle destinée judiciaire. Ancien préfet, secrétaire général de l’Elysée, ministre de l’intérieur reconverti sans succès dans le secteur privé, Claude Guéant, bientôt 77 ans, devait passer sa première nuit en prison, lundi 13 décembre, au « quartier des personnes vulnérables » de la prison de la Santé, à Paris. Il pourrait y rester neuf mois. « Son état de santé est préoccupant et je vais tout faire pour le sortir le plus vite possible afin qu’il purge sa peine à domicile », dit au Monde son avocat, Philippe Bouchez El Ghozi, qui s’apprête à saisir le juge d’application des peines.
Le « cardinal » – ainsi qu’il était autrefois surnommé pour son austérité, sa capacité de travail et son influence – est cerné par les affaires et rattrapé par celle des « primes » de cabinet qui lui a valu d’être condamné en 2017 à deux ans de prison, dont un avec sursis, et 75 000 euros d’amende pour détournements de fonds publics. Il s’était versé chaque mois 5 000 euros de primes, un montant s’ajoutant à un salaire de 8 000 euros et à des indemnités de 2 200 euros. C’est grâce à ces fonds, pris dans les frais d’enquêtes, qu’il aurait donné, par exemple, entre 2008 et 2013, plus de 110 000 euros en grosses coupures à des membres de sa famille. L’enquête a démontré qu’il a reversé le reste à trois de ses collaborateurs.
Le 9 novembre, une partie de sa liberté conditionnelle et de son sursis ont été révoqués par la Cour d’appel de Paris, qui lui reproche de ne pas effectuer les versements exigés pour régler l’amende et les dommages et intérêts.
Sa situation financière a, déjà, donné lieu le 3 décembre à la réouverture exceptionnelle des débats de l’audience sur les sondages de l’Elysée (des études octroyées sans appel d’offres à des sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti entre 2007 et 2012 alors qu’il faisait fonction de secrétaire général de l’Elysée), devant le tribunal correctionnel de Paris. Au cours de l’audience, Claude Guéant avait vainement tenté de convaincre les juges de ses difficultés à rembourser sa dette à l’Etat, arguant d’une situation professionnelle calamiteuse.
Un « discours de victimisation »Devant le tribunal, il a expliqué vivre chichement, asphyxié financièrement par les décisions judiciaires qui ne lui laissent que « 1 622 euros de ressources », criblé d’une dette personnelle d’environ 190 000 euros. Il a expliqué avoir racheté une partie de son assurance-vie de 130 000 euros pour aider ses enfants, qui peinent à trouver un emploi. Son avocat a rappelé qu’il ne gardait que l’usufruit sur son appartement parisien dans le 16e arrondissement et sa maison secondaire à Durtal (Maine-et-Loire), deux biens saisis par la justice dans le cadre de l’enquête sur un probable financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
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