Clara Luciani : "C'est très français de se dire que si ça fait danser, c ...

Je me souviens d’une soirée de confinement, un soir d’avril 2020 précisément. France Inter captait un concert, depuis l’endroit où l’artiste se trouvait. L’artiste, c’était Clara Luciani.

Elle était coincée en Écosse et elle a chanté et joué de la guitare face au micro d’un téléphone portable posé sur un verre. Et ce concert a eu lieu, magiquement, avec les moyens du bord.

Trois ans après ce concert de poche, elle vient de terminer une tournée triomphale à Bercy et ce soir elle est nommée aux Victoires de la musique dans deux catégories grâce à son album “Coeur”. Onze chansons, auxquelles elle aurait pu fixer une mission faire danser, écrire la bande son d'une légèreté.

L'influence de la chanteuse Nico

« Quand j'étais petite fille, j'étais complexée d'avoir une voix grave. Le prof nous avait fait faire une activité chorale. Il mettait les filles d'un côté, et les garçons de l'autre. Il m'avait fait me déplacer avec les garçons en disant que ma voix était beaucoup trop grave pour être avec les filles. Aujourd'hui, ça me fait beaucoup rire, et ça me flatte presque qu'on trouve ma voix originale. La personne que j'ai le plus imité, c'était la chanteuse Nico du Velvet Underground. J'avais une voix très grave avec laquelle je n'étais pas tout à fait à l'aise et je ne savais pas bien quoi en faire. Et quand j'ai découvert Nico, ça a été une révélation. Je me suis dit "Ah, on peut faire quelque chose avec cette voix". »

Un album sous le signe du disco

Le disco est la colonne vertébrale de son album « Coeur ». Dans sa réédition, Clara Luciani s'autorise des reprises de Sister Sledge, Donna Summer, Kool and the Gang, et même « Bravo, tu as gagné » dont l'interprète qui vient en tête en France, c'est Mireille Mathieu : « Pour moi, le disco tel que je l'ai voulu sur ce disque là, c'est un vêtement presque. C'est vraiment pour moi l'idée de revêtir quelque chose, et je trouve ça formidable quand on est chanteur, de pouvoir se dire "OK, le troisième album va arriver, qu'est ce que je vais pouvoir me mettre ?" C'est pour ça que j'admire Madonna ou de David Bowie qui ont cette idée qu'il y a le personnage essentiel, et puis 1000 univers possibles. »

Un documentaire intimiste

En ce qui concerne la musique, c'est Ambroise Guillaume, qui se fait aussi appeler Sage, qui a signé des disques en solo, et fait partie du groupe Revolver, qui l'a aidée pour cet album. On le voit dans le documentaire « Ça commence comme ça » consacré à Clara Luciani (sur Prime Vidéo). Un film intimiste où l'on découvre la chanteuse sans filtres : « J'ai adoré le documentaire Get Back sur les Beatles, on n'a pas l'habitude d'avoir ce degré d'intimité là avec des icônes des années 1960, 1970, parce qu'on n'a pas comme aujourd'hui, les réseaux sociaux. Il y avait à l'époque une part de mystère conservée autour de ces personnages. Tout à coup, on les voyait en studio, écrire dans l'intimité, c’est fascinant. »

Une chanson à texte, mais pour danser

Est ce que quand on danse, on ne risque pas de perdre le texte de vue ? « C'était un pari, mais c'était déjà le pari de La Grenade. C'est très compliqué, surtout en France, j'ai l'impression que c'est très français de se dire que si ça fait danser, c'est forcément léger. »

L’influence de de la littérature

« Il y a des femmes qui m'ont aidé à trouver mon ton. Je pense à Annie Ernaux et à la musicalité presque percussive de Marguerite Duras. C'était la première femme qui parlait de sensualité, que je lisais,. J'ai fait cette lecture de L'amant assez tôt dans ma vie, peut être vers quatorze ans, quinze ans. J'avais l'impression d'entrouvrir une porte vers un univers que je ne connaissais pas du tout. Ces femmes m'ont donné du courage pour raconter le quotidien. Je crois que je dois vraiment cette révélation à Annie Ernaux, d'ailleurs, il y a une chanson de l'album « Coeur », qui porte le titre d'un des romans, « La place ».»

Pour Totémic, Clara Luciani a choisi « Trois petites notes de musique » d'Yves Montand : « C'est la chanson de mon grand-père, quand je l'entends, j'ai presque l'impression que c'est lui. Quand on est vraiment fan de quelqu'un, on est parfois dans un certain mimétisme. Je ne sais pas si c'est vraiment ce qu'il s'est passé, mais j'ai toujours l'impression d'entendre mon grand-père, c'était sa chanson préférée. Je l'ai écoutée beaucoup avant de monter sur scène pour me donner un peu l'impression qu'il était avec moi. »

CLARA LUCIANI – Tout le monde sauf toi

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