Le camp Ciotti se réjouit de la poussée de l'extrême droite aux ...
Nice a définitivement entériné son virage à droite. Malgré des résultats moins bons qu’espérés au niveau national, le Rassemblement national (RN) et ses alliés raflent six sièges sur neuf dans les Alpes-Maritimes à l’issue du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet. La « vague bleu Marine » annoncée, puis avortée à l’échelle du pays, aura en tout cas englouti le département. Après avoir noué une alliance avec le RN, le président contesté du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, et ses candidats sont parvenus à déstabiliser plusieurs fiefs historiques de LR.
La stratégie de choisir une ligne de droite extrême pour reconquérir la ville n’est pas nouvelle de la part du camp d’Eric Ciotti, aidé localement par Christelle D’Intorni, seule députée LR sortante l’ayant suivi dans son ralliement au RN. L’offensive aurait dû être menée lors des élections municipales en 2026, si la dissolution annoncée par Emmanuel Macron n’avait pas tout précipité.
Le camp de l’actuel maire, Christian Estrosi, avait d’ailleurs commencé à réajuster ses pions cet hiver. En janvier, ce dernier avait embauché Olivier Bettati, vieux loup de mer d’extrême droite. Ancien directeur de campagne de Marion Maréchal et ancien directeur de cabinet de Jean-Marie le Pen, cet ancien ennemi juré d’Estrosi devait aider l’édile de Nice à préparer la bataille contre Eric Ciotti aux municipales de 2026.
Christian Estrosi pris de vitesse
Depuis février, M. Bettati œuvrait à faire remonter sans filtre les sujets de préoccupation des Niçois au quotidien, serrait des mains et réchauffait les liens entre les vieux électeurs de la droite dure et la mairie. Mais la tenue de législatives anticipées a fait exploser en plein vol la stratégie finement menée. En s’alliant avec le RN, Eric Ciotti a pris de vitesse Christian Estrosi, rendant caduque le plan visant à contrer son adversaire par la droite. « Sortie de route », résume un proche du maire.
Nice a toujours été le thermomètre d’une certaine droite – aisée, et souvent plutôt âgée –, l’une des rares grandes villes à résister encore et toujours à la gauche, et longtemps un paradoxe pour l’extrême droite, terre où elle était implantée de longue date, mais où elle n’avait aucun élu. Dimanche 7 juillet, la ville a finalement glissévers l’extrême droite dans une relative indolence.
Cette fois-ci, à la forte proportion de retraités traditionnellement à droite sont venus s’additionner les votes de jeunes séduits par le président du RN, Jordan Bardella. Dans le quartier populaire de Las Planas comme sur le marché du cours Saleya, il n’était pas rare de croiser des électeurs issus de l’immigration disant avoir voté en faveur du parti lepéniste « pour voir ».
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