Christine & the Queens : «La religion, les livres et le clergé m'ont ...

Depuis ses premiers succès, il y a près de dix ans, Christine & the Queens a évolué en même temps que sa musique, changeant de nom au gré de sa construction identitaire. Christine & the Queens, Chris, Redcar puis Red, au masculin, aujourd'hui. En tournée, les affiches annoncent toujours Christine & the Queens. Mais «en ce moment, on m'appelle Red», explique-t-il dans une interview au quotidien belge Le Soir .

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Le public s'y perd un peu ; Christine & the Queens le reconnaît. «Il faut qu'on comprenne que tous mes noms ne sont pas des personnages. Ce sont mes vérités. Aujourd'hui, je suis un homme et j'ai cinq noms, comme les pharaons, précise l'artiste. Moi je suis un artiste honnête. À chaque âge, j'ai eu mon honnêteté et mon savoir. Mais à 20 ans, je ne pouvais pas savoir. Mais j'avais déjà l'instant.Christine& theQueens, c'est le process de l'imagination. LesQueensn'ont jamais existé que dans ma tête, on est d'accord.Christine, c'est le Christ itself , celui qui apprend de lui-même. En tant que poète, j'écris et ensuite je deviens ce que j'écris.»

Si Christine & the Queens a beaucoup inspiré une nouvelle génération de chanteuses, de Pomme à Angèle, en passant par Hoshi, qui, elles-mêmes, questionnent le genre, Red évoque surtout ses influences personnelles, de Freddie Mercury à David Bowie. «Ce sont mes petites sœurs mais je suis un mec trans, explique-t-il. En tant qu'honnête homme, ce que je suis et je prie Freddie Mercury, l'homme qui chante avec son cœur et ses chaussures, j'estimais que je devais être d'une honnêteté sans failles pour défendre ma musique. J'ai ensuite été pris dans l'engrenage capitaliste de la mode du genre. (...) Moi j'aime les artistes qui vont jusqu'au bout, qui, comme Bowie, parlent de leur mort avant leur mort. Je donnerai toujours mon cœur et ma poétique.»

Cette poésie se retrouve dans son dernier album aux accents rock'n'roll. L'artiste s'est inspiré de Led Zeppelin et Prince, y a inclus des samples du groupe britannique de rock Emerson Lake & Palmer ou encore de Marvin Gaye. « Le rock'n'roll m'a aidé à ne plus réfléchir à la réception pour me concentrer sur l'intention de mon travail, à accepter l'imperfection comme pureté absolue », témoigne Red.

Paranoïa, Angels, True Love se présente comme un disque empli de «spiritualité», de son propre aveu. Une mystique qui s'éloigne cependant des dogmes et des églises, «car la religion, les livres et le clergé m'ont cramé». «J'ai toujours été spirituel dans ma pratique musicale mais pas intentionnellement, raconte Red. Maintenant je le comprends mieux qu'à 20 ans, quand j'étais dépressif et suicidaire. La musique m'a sauvé.»

L'album accueille une collaboration inédite sur trois morceaux avec Madonna, que le chanteur décrit comme « un british lord réincarné dans un corps de femme qui avait pour destin de devenir une pop star ». Red, qui préparait son album avec le producteur américain Mike Dean, explique avoir pensé immédiatement à elle pour incarner « le personnage de Big Eye avec cette dimension divine ». « Je lui ai envoyé ses répliques et elle m'a renvoyé le fichier dans les deux heures, se remémore-t-il. Je lui prête allégeance car pour moi, elle est une figure cruciale de la pop music et de la politique. »

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Christine & the Queens se produira sur la scène de plusieurs festivals cet été, comme le 18 août au Cabaret Vert ainsi qu'à Rock en Seine le 25 août. En quête du bonheur, l'artiste âgé de 35 ans quittera bientôt la capitale pour Los Angeles. « J'y vis par sentimentalité, parce que j'étais amoureux, j'avais ma famille… mais là, j'ai vraiment envie d'être un homme heureux. »