La famille de Cédric Chouviat demande des «réponses» à Emmanuel Macron
«Monsieur le président, il est temps d'agir !» Ce mardi 23 juin en fin de matinée, les trois conseils de la famille de Cédric Chouviat, livreur mort à la suite d'un contrôle routier en janvier, tenaient une conférence de presse rue de Rivoli, dans le 1er arrondissement de Paris. Devant une trentaine de journalistes, Me William Bourdon, Me Arié Alimi et Me Vincent Brengarth se sont exprimés en alternance avec des membres de la famille Chouviat.
Me Brengarth a souligné que les éléments d'enquête révélés lundi dans Le Monde et Médiapart «confirmaient la violence, la brutalité de cette interpellation». À l’aide de 13 vidéos (9 du livreur lui-même, 3 d'un des policiers et la dernière d'un automobiliste), un expert a reconstitué la scène du 3 janvier. Après un échange tendu d'une dizaine de minutes entre le quadragénaire et les policiers, les dernières secondes frappent les esprits : le père de cinq enfants crie à sept reprises : «J'étouffe!».
«Quand vous entendez votre fils dire sept fois 'J'étouffe!', c'est dur», a commenté le père de la victime. Interrogé sur ce sujet par Le Figaro, Me Thibault de Montbrial assure que «les policiers ont été surpris et choqués de découvrir ces propos qu'aucun n'avait entendu le jour de ce drame épouvantable». Cédric Chauviat est finalement décédé le 5 janvier à l'hôpital Pompidou des suites d'une asphyxie «avec fracture du larynx». «Cédric, c'était Monsieur Tout-le-monde ; mais les circonstances de sa mort en ont fait une tragédie universelle», a ajouté Me Bourdon.
Les quatre policiers entendus le 17 juinDe fait, le décès du père de famille a suscité une grande émotion. Dès le 7 janvier, une information judiciaire pour «homicide involontaire» a été ouverte par le parquet de Paris. Dans le cadre de cette instruction, les quatre policiers présents lors du contrôle du 3 janvier ont été placés en garde à vue et entendus le mercredi 17 juin par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), chargée de l'enquête, a annoncé l'AFP ce lundi.
Les avocats de la famille Chouviat sont persuadés que les fonctionnaires de police concernés seront prochainement mis en examen. «Pour la famille, la qualification minimum à retenir ce serait 'coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner'. Une mise en examen pour 'homicide involontaire' ne peut pas être acceptée par les Chouviat», a prévenu Me Bourdon.
«Pourquoi ces policiers n'ont-ils pas été suspendus ? On attend des réponses», s'est par ailleurs indignée Sofia, l'une des filles de Cédric Chauviat. «Ça ne peut qu'interroger», a abondé Me Brengarth. La mère du disparu a quant à elle déploré qu'«en six mois, il n'y ait rien eu de la part des policiers» à l'égard des proches de la victime.
Une dimension politique grandissanteMais ce dossier est dorénavant tout aussi politique que judiciaire. «Au-delà de la réponse judiciaire en cours, il faut qu'il y ait une vraie réponse politique, pour éviter d'autres Cédric ne meurent demain dans la rue», a insisté Me Alimi. L'affaire Chouviat a ainsi relancé le débat autour des techniques d'interpellation de la police, et notamment du plaquage ventral et de la clé d'étranglement. «Il faut interdire ces techniques qui tuent», a repris l'avocat.
» À VOIR AUSSI - Cédric Chouviat: sa famille demande «l'interdiction» de la technique de la clé d'étranglement
Début juin, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a d'ailleurs annoncé l'abandon prochain de la clé d'étranglement. Mais quelques jours plus tard, le directeur de la police nationale a envoyé à ses subordonnés une note précisant que la clé d'étranglement pouvait continuer à «être mise en oeuvre avec mesure et discernement» . Et ce, jusqu'à ce qu'un groupe de travail définisse «une technique de substitution», probablement d'ici septembre.
«Bien au-delà de l'interdiction de ces techniques», la famille Chouviat et leurs avocats attendent une «réaction» de la part d'Emmanuel Macron. Les proches du livreur décédé veulent des «réponses»; les avocats réclament «une vaste et grande réforme de la police française». Tous appellent toutefois à l'apaisement. La famille Chouviat souhaite que «le calme subsiste, quelles que soient l'émotion, la colère et la révolte» suscitées par le décès de Cédric Chouviat, a ainsi déclaré Me Bourdon dès le début de la conférence de presse.