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Investiture de Donald Trump: à qui appartient le canal de Panama?

Investiture de Donald Trump à qui appartient le canal de Panama
A peine investi président, Donald Trump a juré ce lundi de reprendre le contrôle du canal de Panama construit par les Etats-Unis et transféré au petit pays d'Amérique centrale en 1999.

A peine investi président, Donald Trump a juré ce lundi de reprendre le contrôle du canal de Panama construit par les Etats-Unis et transféré au petit pays d'Amérique centrale en 1999.

Donald Trump a ciblé plusieurs pays à l'occasion de son investiture ce lundi. Outre le Mexique et le Canada vis-à-vis desquels le nouveau président américain souhaite imposer des droits de douane de 25% dès le 1er février, il a également évoqué l'épineux dossier panaméen qu'il avait déjà remis sur le devant de la scène il y a tout juste un mois. Le nouveau locataire de la Maison Blanche a ainsi réaffirmé vouloir "reprendre" le contrôle du canal de Panama construit par les Etats-Unis et transféré au Panama en 1999.

"Nous avons été très maltraités par ce cadeau insensé qui n'aurait jamais dû être fait. La promesse que nous avait faite le Panama n'a pas été tenue", a-t-il estimé, en soulignant que les navires américains étaient "gravement surtaxés".

Le 21 décembre dernier, le président élu s'en était déjà pris aux droits de passage selon lui "ridicules" auxquels sont astreint les navires américains empruntant le canal de Panama et avait menacé d'exiger la reprise du contrôle de cette voie de navigation par les Etats-Unis.

Exploité par l'Autorité du canal de Panama

Cette voie d'eau interocéanique, longue de 80 kilomètres, est exploitée par l'Autorité du canal de Panama (ACP), un organisme public autonome. La Constitution du Panama dispose que le canal "constitue un patrimoine inaliénable de la nation panaméenne" et qu'il est ouvert aux navires "de toutes les nations". Les États-Unis, avec 74% de la cargaison totale transportée, et la Chine, avec 21%, sont les principaux utilisateurs du canal. Ils sont suivis par le Japon, la Corée du Sud et le Chili.

Le gouvernement panaméen, à la demande de l'ACP, fixe le prix des péages en fonction des besoins du canal et de la demande du commerce international. Le tarif est déterminé par la capacité de chargement des navires, et non par le pays d'origine.

"Le canal n'est contrôlé, directement ou indirectement, ni par la Chine, ni par la Communauté européenne, ni par les États-Unis ni tout autre puissance", a déclaré fin décembre le président du Panama, José Raul Mulino, en rejetant les menaces de Trump.

Le canal est neutre selon les traités Torrijos-Carter

En 1903, le Panama gagne son indépendance vis-à-vis de la Colombie. Le 15 août 1914, après plus de 30 ans de travaux et la mort de quelque 25.000 ouvriers, de paludisme ou de fièvre jaune, ce monument d'ingénierie est inauguré par les Américains. Ils ont réussi là où les Français, menés par l'ingénieur Ferdinand de Lesseps, le père du canal de Suez, avaient échoué entre 1881 et 1904. Le canal "fait partie de notre histoire (...) et est une conquête irréversible", a affirmé le président Mulino.

Washington avait créé la "Zone du canal", une enclave où le drapeau américain flottait avec ses propres bases militaires, policières et judiciaires, donnant lieu à des décennies de demandes panaméennes visant à réunifier le pays et à prendre le contrôle de la voie. En 1977, le leader nationaliste panaméen Omar Torrijos et le président américain Jimmy Carter signent les traités autorisant le transfert du canal au Panama le 31 décembre 1999.

"Toute tentative visant à annuler cette réalisation historique non seulement déshonore notre lutte, mais constitue également une offense à la mémoire de ceux qui l'ont rendue possible", a écrit l'ancien président Martin Torrijos, fils du général, sur les réseaux sociaux.

Les traités Torrijos-Carter, soutenus par plus de 40 pays, établissent que le canal est neutre et que n'importe quel navire peut le traverser. La seule condition est qu'il réponde aux normes de sécurité et que les navires militaires de pays en conflit ne passent pas en même temps.

Un chiffre d'affaires record de près de 5 milliards de dollars sur le dernier exercice

Le canal a profondément transformé la navigation et le commerce mondial. Les navires passent d'un océan à l'autre en huit heures environ sans avoir à se rendre au Cap Horn, à la pointe sud de l'Amérique. De New York à San Francisco, un navire économise ainsi 20.300 kilomètres. Le canal, qui relie plus de 1.900 ports dans 170 pays, représente 5% du commerce maritime mondial. Devenu trop petit, il a été agrandi entre 2009 et 2016. Aujourd'hui, des navires mesurant jusqu'à 366 mètres de long et 49 mètres de large, soit près de quatre terrains de football, peuvent passer.

Il pèse lourd également dans l'économie du Panama: 6% du PIB. Depuis 2000, le canal a reversé plus de 28 milliards de dollars au Trésor panaméen, soit bien plus qu'au cours des 85 années de gestion américaine (1,88 milliard de dollars). Les Américains "ont grandement profité du canal, cela n'a jamais été un cadeau" pour le Panama, a déclaré l'ancien dirigeant de l'ACP, Jorge Quijano. Au cours de l'exercice 2023/2024, le canal de Panama a engrangé un chiffre d'affaires record de 4,9 milliards de dollars. Il a vu transiter quelque 11.200 navires et 423 millions de tonnes de marchandises.

Timothée Talbi avec AFP

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