REPORTAGE. En Côtes-d’Armor, Callac divisée autour du projet d’accueil de réfugiés
Les opposants, mobilisés par le parti Reconquête d’Éric Zemmour, sont près de la mairie, ils sont près de 300. Les défenseurs, à 100 m, près de la salle des fêtes, sont environ 400. Entre les deux, un important dispositif de sécurité, et des habitants, indécis pour certains, médusés pour d’autres. Ce samedi 17 septembre 2022, Callac est plus que jamais au centre de la Bretagne.
L’objet de la division : le projet Horizon. Un projet à l’initiative du fonds de dotation parisien Merci, soutenu par la municipalité de Callac. Il consiste à installer et accompagner des réfugiés, dont les compétences viendraient combler des carences locales, en matière d’emploi notamment. Sur vingt villes candidates, c’est la petite commune de 2 200 habitants qui a été retenue.
Ils demandent « le retrait du projet »Jean-Claude et Sylvain, père et fils, tous deux Callacois rencontrés à la terrasse d’un café, en zone neutre. D’une mère marocaine et d’un père allemand, le premier voit ce projet d’un bon œil : « Callac se meurt petit à petit, c’est bien de donner à d’autres la chance de s’établir et ça fera augmenter la population ». Le fils se montre plus mitigé : Oui « la France est une terre d’accueil », mais il craint « des risques pour l’emploi ». À côté, Jeanine ne veut pas choisir son camp : « Aucune manifestation ne me plaît, je vais rester là, au milieu. »
Alors que le maire est resté à l’intérieur de la mairie pour écouter les prises de parole de l’extrême droite, appelant notamment au « retrait du projet et à la mise en place d’un référendum local », son adjointe, Laure-Line Inderbitzin, micro en main dans la contre-mobilisation, parle « d’un jour sombre pour Callac. Faisons front face aux extrêmes et ne cédons pas à leurs intimidations ».
Pour Jean-Yves Rolland, le maire, ce projet est une opportunité. « On avait, en octobre dernier, soixante-dix-huit emplois non pourvus à Callac. Avec le fonds de dotation, nous allons faire en sorte de choisir des personnes qui auront les métiers qui correspondent à ce que l’on recherche. Mais elles ne seront pas envoyées de force. »
La commune accueille déjà cinq familles de réfugiés, mais ceux-ci ne bénéficient pas (ou plus) d’accompagnement. L’essence du projet Horizon est de les accompagner dans l’apprentissage du français, dans la recherche du travail… D’autres familles arriveraient ensuite. « Ce ne sera pas une arrivée massive comme on peut l’entendre mais une arrivée progressive. » La commune (2 229 habitants en 2019) y voit la possibilité de créer de nouvelles infrastructures : une maison d’assistants maternels, un café-restaurant.
À 13 h, les forces de l’ordre s’attachaient à repousser quelques tentatives d’affrontement entre manifestants, avant que les deux groupes ne se dispersent sans autre incident.