Sauve-qui-peut sur les marchés mondiaux, une récession des Etats ...
Les pays développés comme les pays émergents sont touchés par la débâcle de leurs marchés financiers ce lundi. Le rapport déconcertant sur l’emploi américain publié vendredi dernier, avec un ralentissement des embauches en juillet et un taux de chômage au plus haut depuis 2021, a surpris les investisseurs, qui craignent désormais que la politique restrictive de la banque centrale des Etats-Unis n'ait fait trop de dégâts à la première économie mondiale. Le risque de récession est même évoqué, tout comme celui d’une intervention d’urgence de la plus grande institution monétaire du monde pour réparer ce que certains qualifient d'erreur de jugement. Car au lieu de maintenir ses taux d'intérêt à des sommets de plus de vingt ans, la Réserve fédérale aurait dû alléger ses coûts d’emprunt la semaine dernière, se disent nombre d'investisseurs, comme l’ont fait les banques centrales d’Europe et du Canada par exemple au cours des derniers moins. Les membres de la Fed « ont commis une erreur. Ils auraient dû réduire les taux il y a plusieurs mois, estime Mark Zandi, chef économiste chez Moody's. Une baisse d'un quart de point en septembre ne suffira pas. Il faut une baisse d'un demi-point et un signal clair qu'ils vont être beaucoup plus agressifs dans la normalisation des taux qu'ils ne l'ont indiqué ».
Les économistes de Citigroup et de JPMorgan misent également sur une réduction de 50 points de base à la rentrée, mais aussi en novembre. Les marchés monétaires vont encore plus loin dans la panique en évaluant une probabilité d’assouplissement ce mois-ci, donc hors calendrier, à près de 30%, indique l’agence Bloomberg. Un scénario extraordinaire sur la base d’une seule mauvaise statistique, tempère Neil Birrell, directeur des investissements chez Premier Miton Investors. Reinout De Bock, d’UBS, est du même avis. Selon lui, le marché est en proie à des mouvements erratiques pas inhabituel en été et imagine le pire. La forte hausse des bons du Trésor à court terme fait que le rendement à deux ans est sur le point de passer sous celui à dix ans, pour la première fois depuis juillet 2022. Une « désinversion » de cette partie de la courbe est souvent considérée comme un signal de récession. Les économistes de Goldman Sachs ont augmenté la probabilité d'une récession l’année prochaine de la première puissance mondiale de 15% à 25%, mais ils estiment cependant que, en l’état actuel des choses, il n’y a pas péril en la demeure. L'économie se porte toujours bien dans l'ensemble, sans déséquilibre financier majeur, et la Fed dispose d'une grande marge de manœuvre pour assouplir sa politique de manière appropriée. Le marché souffre clairement d'une « peur liée à la croissance », mais les investisseurs doivent se rappeler que la partie « atterrissage » d'un soi-disant atterrissage en douceur implique que la croissance et l'emploi ralentissent, rappelle Angelo Kourkafas, stratège d'investissement chez Edward Jones.
Warren Buffett se sépare de la moitié de ses actions Apple
Le Cac 40 perd 1,9% à 7.115,3 points vers 16 heures, dans un volume d’affaires de 2,4 milliards d’euros. Le Dax à Francfort et le FTSE à Londres glissent de plus de 2%. Les indices japonais Nikkei et Topix japonais ont basculé dans un marché baissier ou « bear market » défini par un repli d’au moins 20% par rapport au dernier plus haut. Un repli exacerbé par la hausse du yen, néfaste pour les entreprises exportatrices qui bénéficient traditionnellement de la faiblesse de la devise nippone. Wall Street s'inscrit à son tour dans le rouge, de -2,3% pour le Dow Jones à -4% pour le Nasdaq Composite. La jauge de volatilité Vix, indice proxy de la peur, à plus de 75% a atteint son plus haut niveau depuis la période pandémique de mars 202 ; les cryptomonnaies et le pétrole sont aussi hantés par le spectre d’une récession.
Difficile d’évaluer, dans ce contexte mouvementé, ce que représente la cession par Berkshire Hathaway, le conglomérat dirigé par Warren Buffett, de la moitié de ses actions Apple dans le recul de 5% du géant technologique. Unique statistique importante de la journée, l’indice ISM des services américains s’est redressé à 51,4 en juillet, légèrement au-dessus du consensus, après 48,8 précédemment. La contraction plus marquée que prévu de son équivalent dans l'industrie manufacturière avait sonné l’alarme jeudi dernier.