Le Cac 40 à la traîne du léger rebond des marchés boursiers, les ...
Le Cac 40 est encore assommé pour les coups reçus depuis le mois d’août. Quand le Dax allemand et le FTSE britannique gagnent respectivement 0,6% et 0,3% ce mardi, l’indice vedette de la Bourse de Paris, lui, abandonne 0,3 à 7.125,5 points, vers 10h15, lésé par le repli de ce qu’elle compte de plus grandes valeurs (LVMH, Hermès, TotalEnergies ou encore Sanofi).
Dans une volatilité exacerbée par la saisonnalité, la publication la semaine dernière de statistiques macro-économiques plus faibles qu’attendu aux Etats-Unis sur l’activité manufacturière, les commandes de biens durables et surtout le chômage ont réveillé les craintes (jusqu’alors endormies) de ralentissement de la première économie mondiale, mais de récession. De quoi donner des sueurs froides à beaucoup. Le Cac 40 a perdu 1,4% lundi et plus de 5% sur ce début août. A Wall Street, les indices Dow Jones (-2,6%) et S&P 500 (-3%) ont connu leur pire séance depuis septembre 2022. « A un moment donné hier (14h37, heure de Paris), le Vix s'échangeait à 65,73, en hausse de 42,34 points (+181%) par rapport à la clôture de vendredi, rapporte Jim Reid, chez Deutsche Bank. Pour le contexte, le plus grand mouvement sur une journée complète depuis que l'indice a été calculé pour la première fois en 1990 a été de 21,57 points. C’était le 12 mars 2020 au moment de la première vague de Covid ».
Que la Réserve fédérale soit contrainte de rattraper le temps perdu en matière d’assouplissement monétaire en abaissant l’objectif de taux des fonds fédéraux d’un demi-point en septembre est désormais le scénario privilégié par le marché avec une probabilité de 72,5% selon le baromètre FedWatch de CME Group, contre 27,5% pour une détente plus modérée d’un quart de point. Les plus alarmistes vont jusqu’à envisager une action d’urgence de la banque centrale hors calendrier, ce qui est rarissime. La Fed ne voudra pas « répondre trop rapidement à quelque chose qui se passe en seulement quelques jours », tempère le chef économiste Matthew Luzzetti, également de Deutsche Bank.
Il y a des raisons de penser que l'augmentation du taux de chômage, de 4,1% en juin à 4,3% en juillet, a été provoquée par des facteurs moins préoccupants, a estimé lundi soir Mary Daly, la dirigeante de la Fed de San Francisco, comme une augmentation des licenciements temporaires par rapport aux licenciements permanents. Elle juge le marché de l’emploi toujours solide malgré son affaiblissement et que des ajustements politiques seront nécessaires dans les prochains trimestres.
Le yen donne le tempo, qu’il soit positif ou négatif
De la chute exceptionnelle des marchés japonais s’ensuit un rebond tout aussi impressionnant ce mardi, au point que les transactions sur les contrats à terme Nikkei et Topix ont été automatiquement suspendues dans la matinée. Les deux indices ont finalement clôturé sur des progrès de 10,2% et de 9,3% respectivement, aidés par le léger repli du yen. « Une énorme journée de baisse, puis une énorme journée de hausse. Personne n'a jamais connu un marché aussi fou, selon Takeo Kamai, responsable des services d'exécution chez le courtier CLSA à Tokyo. Si le marché a beaucoup rebondi, l'incertitude générale demeure : la Banque du Japon (BoJ) peut-elle encore relever ses taux cette année et la Fed va-t-elle réduire les siens ? » Le sell-off mondial a été exacerbé par le dénouement avec la normalisation monétaire de la BoJ de ce que l'on appelle le « carry trade » sur le yen, qui consistait à profiter des faibles taux d'intérêt au Japon pour emprunter en yens et acheter des actifs plus risqués. « La devise qui a joué le rôle du méchant hier semble devenir le héros d'aujourd'hui, commente Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management. Sa trajectoire actuelle suggère une force stabilisatrice potentielle dans le tumulte actuel du marché, offrant une lueur d'espoir aux exportateurs et aux investisseurs qui ont traversé la tempête ». Le rebond se propage à l’Asie (à l’exception notable de la Chine où les fondamentaux restent fragiles) et à New York où les futures gagnent entre 1% et 2%.
Côté entreprises, l'assureur crédit Coface gagne 4,9% après avoir publié des résultats en hausse au titre du premier semestre, malgré le repli de 3,1% à taux de change et périmètres constants de son chiffre d'affaires dans un « environnement économique toujours peu porteur ».
Le gestionnaire de maisons de retraite Clariane prend 8,4% suivant une croissance organique de 6,8% de son chiffre d'affaires semestriel à 2,64 milliards d'euros.