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Comment battre le CAC 40 sur longue période ?

Comment battre le CAC 40 sur longue période
Jean-Joseph Haas, fondateur de Haas Gestion, nous donne les bonnes recettes pour faire mieux que l'indice phare de la Bourse de Paris.

Lors de notre précédente chronique du 28 mars dernier intitulée « Préférez la gestion active à la gestion passive en choisissant bien vos actions« , nous montrions qu’une gestion exclusivement concentrée sur des valeurs dites « de croissance » permettait de battre dans la durée la gestion dite indicielle investie en ETF.

Ces premières réflexions nous ont conduit à les poursuivre en portant une attention nouvelle sur le fonctionnement et la composition du CAC 40. Cet indice est supervisé par un Conseil scientifique. De cela nous comprenons que le Conseil est constitué de scientifiques et non de gérants. Cette distinction capitale contient en germe des conditions propres à battre l’indice.

Le Conseil scientifique ne comprend rien à la Bourse

C’est notre chance. Il faut savoir que l’unique mission du Conseil est de tenir à disposition des investisseurs institutionnels un « gros » indice composé des plus grosses capitalisations de la place, dotées d’un large flottant et offrant un large volume d’échanges. Voilà qui satisfait les intérêts des gros investisseurs dont les émetteurs d’ETF.

À nous de comprendre que l’indice vedette de la Bourse de Paris se trouve entre les mains de personnes qui en réalité ne comprennent rien à la Bourse au sens où un gérant l’entend.

Le Conseil scientifique ne sélectionne pas les plus belles valeurs dotées des meilleurs business models mais les plus grosses. Le Conseil, en étant focalisé sur la quantité, se trouve en opposition avec les gérants soucieux de qualité. Et c’est grâce à cette divergence dans les critères de sélection des valeurs que nous avons une carte à jouer.

La faille à exploiter

La composition du CAC 40 souffre de deux principaux défauts : la confusion des styles et la priorité donnée aux grosses valeurs.

L’indice joue tous les styles à la fois, valeurs de croissance, valeurs cycliques et « values » (décote). De ce fait, l’un des styles tire en permanence la performance globale vers le bas.

Dans le même indice se côtoient Hermès et Renault, EssilorLuxottica et Orange, certes pas avec les mêmes pondérations mais cela n’ôte rien à notre raisonnement.

Un fait révélateur : puisque la présence des valeurs résulte uniquement du poids de leurs capitalisations, Téléperformance qui capitalise 5 milliards d’euros figure toujours dans l’indice alors que ce titre a perdu 70% de sa capitalisation entre 2022 et juin 2024.

Un autre piège

Ce piège s’apparente à une sorte d’illusion d’optique produite par la vue de la composition du CAC 40. On y voit un amalgame de diverses valeurs et styles, renvoyant au gérant le sentiment que son fonds doit, lui aussi, être à l’image de ce panel, comme s’il s’agissait d’un modèle à suivre, d’où une dérive vers une gestion « benchmarkée » (collée à l’indice), implicite ou explicite.

La reconnaissance de cette illusion agit alors comme un encouragement à nous détacher de la composition purement quantitative de l’indice.

Si, de plus, nous sommes convaincus de la supériorité à long terme de la gestion « croissance », alors le mélange contre-productif des styles imposés au CAC 40 nous donne une réelle possibilité de le battre.

À cela, une condition : résister à la tentation de picorer par-ci par-là une valeur que l’on croit proche d’un mouvement de hausse, en s’y accrochant le temps de faire le plein de plus-values, puis repartir sur la pointe des pieds, en remerciant le ciel que tout se soit bien passé et pire, d’avoir échappé à la « trappe à value ».

Hermès fait mieux que LVMH

Un exemple : parmi les quarante valeurs de l’indice, LVMH étant la plus grosse capitalisation figure logiquement en tête de liste avec une pondération de 10,69%, alors que Hermès pointe seulement au neuvième rang avec une pondération de 3,99%.

Pourtant leurs performances boursières plaident pour un classement inverse. Que ce soit sur dix ans, cinq ans, trois ans ou un an, Hermès bat LVMH à plates coutures. Il est fort probable qu’il en soit de même les dix prochaines années, en tous cas, c’est un risque qui mérite d’être pris.

Cette surperformance s’explique par les ratios de rentabilité structurellement supérieurs à ceux de LVMH. En 2023, la marge (résultat d’exploitation/chiffre d’affaires) d’Hermès était de 46,4% tandis que celle de LVMH n’était que de 31,3%.

Savoir inverser les priorités

Pour profiter de cette aberration et pousser nos performances il suffit d’inverser l’ordre des priorités. Là où le Conseil donne la priorité à la quantité, nous la donnons à la qualité.

Cette inversion des priorités nous aurait permis, sur les dix années écoulées, et rien que pour ces deux valeurs, de prendre une large avance sur notre indice vedette, en hausse de seulement 71% sans dividendes. Quant à Kering, elle ne devrait même pas figurer dans l’indice et encore moins dans notre portefeuille. Idem pour Sanofi, pour les trois valeurs bancaires, pour Orange, pour Stellantis et Renault, pour Carrefour, Arcelormittal et quelques autres.

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