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Mort de Burt Young, l'interprète de Paulie dans la saga « Rocky »

Mort de Burt Young linterprète de Paulie dans la saga  Rocky
Disparu à l’âge de 83 ans, cet ancien boxeur pro a connu la gloire en 1976 dans le rôle du beau-frère atrabilaire de Rocky Balboa, qu’il incarna à six reprises.

Nous l'avons presque tous connu en VF. Dans Rocky, en VHS ou à la télé, son personnage, Paulie Pennino, faisait partie intégrante de la populaire épopée du ring engendrée par Sylvester Stallone. Il était comme la pierre au fond du jardin, pas question d'y toucher, un Rocky sans Paulie, c'était comme un boxeur sans gant. Doublé en français par le grand Serge Sauvion (l'acteur derrière la voix de Peter Falk dans Columbo), Burt Young campait, via Paulie, ce vieil ami d'enfance de Rocky Balboa et aussi frère trapu et grossier de la frêle Adrian (Talia Shire), dont Rocky allait vite tomber raide dingue. Face à Alain Dorval – le légendaire comédien à la voix rocailleuse doublant Stallone en VF –, Sauvion nous régalait de son jeu geignard/agressif, en synthèse parfaite avec les intonations de Burt Young. Quelle époque !

Seul acteur un tant soit peu connu du casting de Rocky, en 1976, Burt Young, ancien boxeur pro dans une trentaine de combats pendant ses années dans le corps des Marines, avait déjà tourné chez Peckinpah (Tueur d'élite), Polanski (Chinatown) ou sous la direction de Karel Reiz, dans Le Flambeur, où il campait un gros bras encaisseur de dettes face au prof drogué aux paris incarné par James Caan. De fait, Burt Young avait été le seul à avoir décroché un rôle dans Rocky sans avoir eu à passer d'audition. Il était d'autant plus expérimenté que sous son air rondouillard et rustaud, l'artiste avait aussi étudié durant deux années à l'Actor's Studio de Lee Strasberg.

Rocky dit adieu à Paulie

Marcel crasseux, cigare pouilleux, œil mauvais et rictus des jours aigres, son Paulie passait la plupart du premier Rocky à se plaindre de sa condition de plouc gagne petit, à houspiller la pauvre Adrian et à jurer sous l'effet de la gnôle. Un mâle toxique, comme on dit aujourd'hui, sauf que, bien sûr, le personnage était plus nuancé. On se souvient aussi de ce prologue dans Rocky III où, en taule après avoir saccagé un bar, le turbulent beauf agonissait d'injures un Rocky prenant sur lui-même et venu payer sa caution. Paulie, en rage parce que son ami/beau-frère venait de lui asséner quelques vérités, tentait alors piteusement de lui allonger une droite dans un parking… puis s'effondrait en implorant le champion : « T'aurais pas un boulot pour moi, dis ? » Et le sourire supplantait le malaise en un battement de cils.

Paulie, c'était le Falstaff shakespearien des Rocky mais version clown triste. Burt Young (nommé à l'oscar du meilleur second rôle masculin pour le premier volet de la franchise) excellait dans ce registre entre le pathétique et le grotesque, une cuisse de dinde à la main, un verre de whisky dans l'autre, pérorant sur sa vie ratée dans un savourant argot.

Stallone le savait, soignant l'écriture des scènes de ce personnage si attachant et fiable dans les moments de crise. Toujours fidèle à Balboa, Paulie était de tous les combats au côté du vieux coach Mickey (Burgess Meredith), épongeant le visage maculé de sueur et de sang d'un Rocky tabassé sur le ring, au fil des films, par Apollo Creed, Clubber Lang ou le Russe Ivan Drago. Paulie faisait partie des bagages de Rocky quand ce dernier, dans Rocky III : l'œil du tigre, s'exilait en Californie pour reprendre les bases de son noble art avec Apollo, après sa terrible défaite contre Lang. Au même titre que Stallone était Rocky, Burt était Paulie.

Burt Young acteur chez Sam Peckinpah ou Wim Wenders

Mais en dehors de ce rôle cardinal dans sa carrière, Burt Young – de son vrai nom Gerald Tommaso DeLouise qui, selon le New York Times, reste cependant entouré de mystère – avait traîné sa carcasse dans plus d'une centaine ( !) de films et une soixantaine de séries. Parmi elles : MASH, 200 dollars plus les frais, Baretta, Serpico, Deux flics à Miami, New York District ou encore, en 2001, un rôle mémorable de tueur mourant dans un épisode de la saison 3 des Soprano. Propriétaire d'un restaurant dans le Bronx, Burt Young était un sacré loulou. Ami proche de Sam Peckinpah et James Caan dans les seventies, il traversa cette décennie comme un coq en pâte.

Sa gueule de brute des bas-fonds était recherchée par une palanquée de réalisateurs en quête de seconds couteaux bien tranchants, crédibles dans des rôles patibulaires. Parmi les plus affûtées de ces lames, Burt Young était une Rolls en la matière parce que, la rue, visiblement, il l'avait bien connue… Ce qui ne l'empêchait pas de varier ses compositions avec une grande sensibilité. Aux yeux de Lee Strasberg en personne, IL était « une bibliothèque émotionnelle ». Même Wim Wenders avait succombé au charme rugueux de l'acteur, qu'il avait dirigé dans Terre d'abondance en 2004 et avec lequel il partageait un goût prononcé pour la peinture.

Pour la postérité et le grand public, Burt Young reste cependant avant tout ce bon vieux Paulie, et quoi de plus de normal : c'est encore lui qui parlait le mieux de ce personnage ancré pour toujours dans un coin de nos mémoires collectives. « Rocky, c'est davantage un conte de fées que la réalité, mais j'étais si fier de l'écriture de Sylvester. Il a écrit non pas une histoire de combats de boxe, mais plutôt une histoire d'amour et de quelqu'un qui se dresse. Même pas d'un gagnant, juste de quelqu'un qui se dresse », expliquait-il en 2006 au site Bright Lights Film Journal. « L'écriture éloquente de Stallone m'a fait ressentir la peur intérieure de Paulie. Je le voyais comme un barillet à moitié vide. Physiquement menaçant, mais seulement pour se protéger. » Un rustre complexé, souvent vissé devant la télé, canette de bière à portée de main, décryptant d'un verbe abrasif hilarant les turpitudes de son quotidien devant un couple Rocky/Adrian consterné ou amusé : c'était aussi comme ça qu'on adorait le voir notre Paulie.

À l'annonce de la disparition de Burt Young, un internaute fan français s'est exclamé sur la Toile : « Paulie ne peut pas mourir. Il boit forcément une bière dans son canapé. » Ouvrons-en une pour la siroter à ses côtés, comme Rocky, en savourant le souvenir de son merveilleux interprète.

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