Régionales 2021 : à Marseille, des dysfonctionnements en série dans les bureaux de vote
Devant le bureau de vote 1285, à l’école maternelle Les Caillols (12e arrondissement), Marine Pustorino, conseillère départementale et candidate LR, trépigne. A 10 h 30, ce bureau de l’est de Marseille, où sont inscrits plus de 1 300 électeurs, n’a toujours pas ouvert. « Il n’y a pas de président. Le service des élections de la ville me dit qu’on le cherche », s’enflamme l’ancienne maire du 3e secteur, battue en 2020. « En gros, on nous enlève le droit de vote », s’agace une électrice, qui repart en claquant des talons. « Je suis absolument scandalisée. C’est antidémocratique », enchaîne Annick Cano, membre du comité d’intérêt de quartier venue avec son mari, Georges, et qui patiente depuis une bonne heure en espérant pouvoir voter « avant la messe ».
Le cas du 1285 n’est pas unique ce dimanche 20 juin à Marseille. A quelques dizaines de mètres, le 1267 a ouvert avec du retard, un couple d’électeurs acceptant de prendre au débotté la fonction d’assesseur.
Selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, 34 bureaux sur les 481 que compte la deuxième ville de France n’ont pas ouvert à 8 heures, faute de présidents. « Un désastre sans précédent », dénonce le camp de Martine Vassal, candidate LR à sa réélection au conseil départemental des Bouches-du-Rhône, pointant la responsabilité de la nouvelle municipalité marseillaise, dirigée par le socialiste Benoît Payan, organisatrice de l’élection. « Il est absolument inacceptable de constater cette désorganisation, qui aura sans doute un véritable impact sur le libre choix des électeurs et favorisera l’abstention à l’occasion de ce premier tour du scrutin départemental », assure la candidate dans un communiqué. « A 9 heures, 14 % des électeurs de notre canton ne pouvaient pas voter », s’insurge, devant le 1285, Frédéric Jeanjean, candidat suppléant du binôme LR dans le 7e canton de Marseille. « La mairie n’a pas voulu nous confier des présidences de bureaux, voilà le résultat », accuse Marine Pustorino.
Réquisitions par la policeOrganisateur d’un scrutin pour la première fois depuis son accession au pouvoir en juin 2020, le nouvel exécutif marseillais a tardé à communiquer. En fin de matinée, le service de presse de la mairie assurait qu’une douzaine de bureaux était encore « en cours d’installation ». « Quarante présidents désignés ne se sont pas présentés samedi pour récupérer leur matériel pour ouvrir les bureaux, ce qui a entraîné une réquisition de fonctionnaires par la préfecture. Mais, avec les contraintes déjà liées au Covid-19 et la difficulté d’assurer les deux scrutins départemental et régional en même temps, cela n’a pas suffi », explique-t-on du côté de la municipalité. A 12 h 30, tous les bureaux étaient ouverts.
Sur le terrain, certains candidats du Printemps marseillais s’interrogeaient toutefois sur ces désistements en série de présidents désignés. « Le service des élections n’a pas changé depuis notre arrivée et lors des précédents scrutins, tout se passait bien… Parmi les présidents qui ne se sont pas présentés, beaucoup sont des agents municipaux et le climat n’est pas très bon avec eux », glissait, sous couvert de l’anonymat, une élue de la nouvelle majorité.
Au bureau de vote 1285, c’est la police municipale qui a mis fin au dysfonctionnement. A 11 heures, elle a réquisitionné une personne parmi les assesseurs présents, pour en faire la présidente du bureau et ouvrir, avec plus de trois heures de retard, l’accès aux isoloirs.
Gilles Rof(Marseille, correspondant)