Bruno Retailleau annonce sa candidature à la présidence des LR
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Il se jette à l’eau pour la seconde fois. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé mercredi sa candidature à la présidence des Républicains, un premier pas qui pourrait le propulser dans la course à l’Elysée, mais aussi déclencher une guerre des chefs à droite, alors que Laurent Wauquiez chercher à s’imposer comme le candidat naturel de sa famille politique pour 2027. Le Vendéen avait déjà tenté de prendre la présidence du parti, face à Éric Ciotti en 2022 mais sans succès. Ce dernier a quitté ses fonctions après avoir fait alliance en juin avec le Rassemblement national aux législatives, laissant le poste vacant depuis bientôt neuf mois.
« Aujourd’hui, je veux faire pour mon parti ce que je fais à la tête de mon ministère : parler vrai et agir vite », a indiqué le ministre dans un courrier adressé aux militants, notamment diffusé par Le Figaro. Bruno Retailleau, dont la cote est montée dans les sondages depuis son arrivée à Beauvau en septembre au sein du gouvernement de l’ex-Premier ministre Michel Barnier, a envoyé son message avant une réunion cruciale lundi du bureau politique de LR, qui doit fixer la date du congrès pour désigner son président, poste auquel pourrait aussi se présenter Laurent Wauquiez.
L’ancien président du groupe LR au Sénat a également posté sur X un appel à rejoindre son comité de soutien.
Le risque d’une guerre des chefs
Le patron des députés de la Droite républicaine avait mis en garde il y a une semaine lors d’un dîner en tête à tête avec le ministre de l’Intérieur sur une « guerre des chefs dévastatrice » si celui-ci présentait sa candidature à la présidence du parti, poste qui pourrait conforter d’éventuelles ambitions élyséennes. Lors de cet entretien, Laurent Wauquiez, qui vise la tête du parti LR pour se mettre lui aussi sur les rails pour la prochaine présidentielle, a demandé au ministre le respect d’un « accord » passé entre eux : « À toi d’incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique », a-t-il souligné.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pris la « lourde responsabilité d’ouvrir une guerre des chefs », a réagi auprès de l’AFP l’entourage de Laurent Wauquiez. « Il serait préférable qu’il puisse se consacrer pleinement à son action à Beauvau, car la France en a bien besoin, et laisser Laurent Wauquiez mener à bien la mission de reconstruction du parti qui lui a été confiée », a ajouté cette source.
Dans son courrier, Bruno Retailleau a tenté de rassurer : « Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans notre parti », a-t-il écrit, assurant qu’il ne se prêterait « pas au jeu des petites phrases » et qu’il n’en prononcerait « aucune contre (ses) concurrents ». Il salue également les récentes victoires de la droite à la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (94) et lors d’une législative partielle à Boulogne-Billancourt. Bruno Retailleau appelle à « agir vite », estimant qu’« une nouvelle dissolution est possible et qu’il faut rapidement [se] mettre en ordre de bataille ».
Le soutien de la Chambre haute
Le ministre dispose notamment de très nombreux soutiens au Sénat, dont il a présidé le groupe LR de 2014 à 2024. « Être élu, c’est être au bon endroit au bon moment. Et aujourd’hui, celui qui est au bon endroit au bon moment, c’est Bruno Retailleau », confiait à Public Sénat, début février, Muriel Jourda la présidente LR de la commission sénatoriale des lois. Le ministre devrait pouvoir compter sur un coup de pouce de ses anciens collègues parlementaires pour asseoir ses ambitions.
En déposant la semaine dernière deux propositions de loi sur l’immigration, la droite sénatoriale entend ramener à dessein ce sujet devant le Parlement, alors que le Premier ministre François Bayrou y était initialement opposé, un an après l’adoption houleuse de la loi immigration. Ces textes s’inscrivent dans la ligne de fermeté que défend Bruno Retailleau depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur. Ils devraient lui permettre de continuer à occuper l’espace médiatique sur l’un de ses sujets de prédilection, et indirectement de capitaliser parmi les électeurs de droite.
Avec AFP