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« La Femme en moi » de Britney Spears : des Mémoires chocs qui ...

 La Femme en moi  de Britney Spears  des Mémoires chocs qui
À 41 ans, la chanteuse sort ce mardi 24 octobre un livre triste et lucide, parsemé de nombreuses révélations. Un récit puissant à la portée féministe.

Nous défions le lecteur de ces lignes de ne jamais avoir dansé sur un de ces tubes. Depuis vingt-cinq ans, dans le monde entier, des hommes et des femmes se déhanchent sur « Baby One More Time », « Oops !…. I Did It Again », « Crazy », « I'm a Slave 4 U », « Toxic », « Womanizer », « My Prerogative », « Gimme More », « A Piece of Me »… Depuis vingt-cinq ans, on la scrute de la tête aux pieds, on commente chaque millimètre de sa chair exposée dans les magazines et sur les réseaux sociaux, on se moque de ses extensions blondes, de ses cils dégoulinants de mascara noir, de sa moue en canard. Depuis vingt-cinq ans, on suit chacun de ses pas, immortalisés par les paparazzis. Mais que sait-on vraiment de Britney Spears ?

Dans son autobiographie coécrite avec le journaliste Sam Lansky, la chanteuse se met pour la première fois à nu, réellement. Et derrière la peau brûlée par le soleil de l'une des plus grandes icônes pop du siècle, on découvre une femme dévorée par l'ambition de ses parents, des hommes qu'elle a aimés ; détruite par la notoriété, le sexisme et la presse à scandale. La Femme en moi sort mondialement aujourd'hui, et c'est un livre qui va changer la culture pop. Car son récit d'une enfant star surexploitée se transformant en femme libérée, mais brisée, n'est pas un cas isolé.

D'une tristesse infinie

Stylistiquement, ces 324 pages ne nous éblouissent pas par leur poésie (combien de fois peut-elle employer le mot « craquant » ?). Mais d'une naïveté déconcertante, cette confession factuelle, précise, lucide sur ses traumatismes est d'une tristesse infinie. On tourne les pages de la même manière qu'on ne peut s'empêcher de fixer un train dérailler : avec horreur et impuissance.

À LIRE AUSSI « La presse people est morte » : les confessions d'un paparazzi rangé des boîtiersLa soumission, Britney l'a intégrée dès sa naissance. Très tôt, elle apprend à subir le courroux de Dieu (elle est catholique pratiquante et les évangélistes rôdent non loin) ou de ses proches. « Dans ma famille, manifester son désaccord n'était pas toléré », explique-t-elle. Commençons par son enfance en Louisiane où sa mère, enseignante, et son père, un homme d'affaires raté, alcoolique et colérique, se battent sans arrêt jusqu'à leur séparation. « Chez les Spears, les hommes, c'était de la mauvaise graine, surtout dans leurs relations avec les femmes », admet-elle. Déjà son grand-père, violent, avait une tendance à expédier ses épouses à l'hôpital psychiatrique contre leur gré. Décidément, le destin de Britney semblait tout tracé…

Sa mère non seulement ne la protège pas, mais la met en danger. Puisque sa fille trouve refuge dans la chanson, elle l'entraîne à être une star depuis ses 3 ans et l'encourage à picoler et à conduire à 14 ans. Précoce, talentueuse, travailleuse, elle a fait ses débuts à 11 ans au Mickey Mouse Club avec Christina Aguilera et Ryan Gosling. C'est là qu'elle rencontre Justin Timberlake, qui deviendra son petit ami. À 16 ans, son premier single « Baby One More Time » est un énorme succès. Avec son style qui balance constamment entre l'adolescente blondinette innocente et la strip-teaseuse débridée, elle en a vendu plus de 10 millions d'exemplaires (lors de sa carrière, elle vendra plus de 100 millions d'albums dans le monde). David LaChapelle l'immortalise en culotte, une peluche dans les bras. Femme-enfant, lolita… Elle fascine et fait frissonner l'Amérique bien-pensante.

Un corps qui ne lui a jamais appartenu

Son rapport au corps semble être au cœur de ce livre, un corps que le monde très vite s'approprie. Sexualisée par les photographes et les journalistes dès ses 10 ans, elle raconte les constantes petites remarques sur sa chair adolescente, les questions des reporters sur ses seins, les hommes la déshabillant du regard en réunion, son père qui stigmatise ses bourrelets…

Jolie poupée, Britney peut allumer, mais pas consommer. Contrairement à ce qu'elle avait longtemps juré, elle avoue ici avoir perdu sa virginité au lycée, et non avec Justin Timberlake qui, en le dévoilant à la télé, provoquera des torrents d'insultes envers la jeune fille, traitée de traînée, d'hypocrite et de menteuse. Elle raconte aussi comment celui-ci l'a poussée à avorter avant de la larguer par SMS quand il apprit qu'elle l'avait trompé avec son chorégraphe. Il raconte tout (excepté ses propres infidélités) dans la chanson « Cry Me A River », qui lancera sa carrière solo et lui attirera toutes les sympathies. Ce dernier, qui s'apprête à remonter sur scène avec les NSYNC, n'a pas commenté ces dernières révélations.

La vie affective de Britney ne fut jamais longtemps heureuse. Elle a été mariée 55 heures avec un ami d'enfance, Jason Alexander, puis deux ans avec Kevin Federline, un danseur, acteur et rappeur raté, coureur et fêtard. Britney révèle être une femme isolée, souffrant de phobie sociale. Seules Madonna (son mentor), Paris Hilton et Donatella Versace lui ont montré un peu de compassion. Dans sa famille, personne ne l'aide. Ils vivent tous à ses crochets. Sa mère monétise sa vie privée, son frère est indifférent, sa sœur une peste. Ses deux fils, à qui elle dédie ce livre, sont utilisés dans des chantages atroces. En pleine dépression post-partum, abandonnée par un mari ivre de célébrité, elle tente de les protéger des paparazzis qui les harcèlent. Quand son mari l'empêche de les voir pendant plusieurs semaines, elle déraille totalement, fait des allers-retours dans des centres de désintoxication et se rase la tête devant les photographes en 2007. Elle a 26 ans.

De la tutelle à #FreeBritney

Elle est ensuite placée sous la tutelle de son père, qui la prive de ses libertés les plus fondamentales pendant treize ans avec un groupe de personnes qui la traitent comme une vache à lait. Selon ses tuteurs, Britney est incapable de prendre seule la moindre décision (dont celle de choisir son avocat, de retirer son stérilet, de boire du café ou de commander un dessert), mais est tout à fait capable de travailler sans arrêt et de renouveler son style, accompagnée de bons producteurs, pour reconquérir son public…

D’un côté, j’étais trop malade pour pouvoir me choisir un petit ami, mais de l’autre, j’allais suffisamment bien pour jouer dans un épisode de sitcom, participer à des matinales et chanter devant des milliers de personnes dans un coin différent du monde chaque semaine. Plutôt surprenant, non ?Britney Spears

« D'un côté, j'étais trop malade pour pouvoir me choisir un petit ami, mais de l'autre, j'allais suffisamment bien pour jouer dans un épisode de sitcom, participer à des matinales et chanter devant des milliers de personnes dans un coin différent du monde chaque semaine. Plutôt surprenant, non ? À leurs yeux, j'étais visiblement venue au monde dans le seul but d'alimenter leur compte en banque », déplore-t-elle. Son père se verse un salaire bien supérieur à celui de sa fille, qui n'a même plus assez de ressources pour inviter ses danseurs à dîner. Il lui dit : « Britney Spears, désormais, c'est moi. »

À LIRE AUSSI Comment Britney Spears est sortie des griffes de son pèrePeu après avoir annulé sa résidence à Las Vegas, qui aurait dû être la plus lucrative de sa carrière, elle se fait interner de force dans un hôpital psychiatrique. Mais sur le Net, des groupes de fans ont lancé un mouvement « Free Britney », soutenu par des célébrités (Miley Cyrus, Paris Hilton, Cher…), décortiquant son compte Instagram à la recherche d'indices. Ils comprennent que la chanteuse est enfermée et médicamentée contre son gré, mais ne dit rien de peur de perdre la garde de ses enfants. En 2019, ses deux fils mineurs, eux, obtiennent une ordonnance restrictive de trois ans contre leur grand-père, qui serait violent. C'en est trop. Un an plus tard, Britney demande à la justice de retirer son père de l'accord de curatelle, afin de le remplacer par une tutrice professionnelle. En septembre 2021, la tutelle est enfin levée.

Libre de sa parole, elle a touché 15 millions de dollars d’avance de l’éditeur Simon & Schuster pour publier ses Mémoires (les droits français ont coûté 300 000 euros). Elle ne semble pas pour autant sur la voie du bonheur. Dégoûtée de la scène, elle a sorti sa première chanson depuis six ans en duo avec la légende britannique Elton John (« Hold Me Closer »), mais ne semble pas prête à retourner derrière un micro.

Remariée en 2022 avec un acteur de douze ans son cadet, elle vient de confirmer être en pleine procédure de divorce. Ses récentes vidéos de danse avec des couteaux postées sur les réseaux sociaux inquiètent. Elle ne sort quasiment plus de chez elle. Pourtant, la pop star à la voix d'enfant a enfin trouvé sa voix grave. Son récit a une portée féministe. Elle souligne très justement : « Tous ces artistes masculins qui ont perdu leur fortune au jeu, alors ? Tous ceux qui ont souffert d'addiction ou de problèmes psychiatriques ? Personne n'a essayé de les priver de la maîtrise de leur corps et de leur argent. Je ne méritais rien de ce que ma famille m'a fait subir. » En admettant avoir avorté, la fille du Sud, née dans le Mississippi, qui a grandi en Louisiane où l'avortement est interdit même en cas de viol ou d'inceste, devient la porte-parole des femmes qui reprennent la main sur leur sexe. « Hit me baby one more time » ?

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