«J'ai été exploitée, piégée devant le monde entier» : Britney Spears ...
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Après un silence long de treize ans, Britney Spears se livre dans un récit sans concessions, afin de redevenir maîtresse de la narration de sa propre vie : la Femme en moi (JCLattès), en haut des ventes Amazon avant même la date officielle de sa parution. Elle y raconte sa vie, d’enfant-star à adolescente hypersexualisée, jusqu’à mère supposément indigne, et évoque le besoin de revoir ses enfants qui l’a fait ployer sous la tutelle de son père, Jamie Spears. «Ma liberté en échange de siestes avec mes enfants – c’est un marché que j’étais prête à faire.» Mais à 41 ans, maintenant que sa tutelle est brisée, et que le vent de l’opinion publique a changé, notamment grâce au mouvement #FreeBritney, elle raconte, en trois actes, certaines zones d’ombre d’une carrière dans l’industrie musicale pré-#MeToo.
La «princesse de la pop»«A la maison, j’avais peur», écrit Britney Spears dès les premières pages de son livre, dont nous avons parcouru les bonnes feuilles disponibles en ligne. Dans sa demeure de briques rouges en Louisiane, son père la terrorise, surtout quand il revient ivre après avoir disparu pendant des jours. La pop star raconte aussi son histoire familiale, cette grand-mère paternelle qui s’est suicidée sur la tombe de son nourrisson après avoir longuement été internée. La figure de la femme folle, qui planera très longtemps sur sa vie.
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A 11 ans, elle intègre le Mickey Mouse Club, aux côtés de Christina Aguilera, Ryan Gosling et Justin Timberlake, rapportant ainsi ses premiers cachets. A 13 ans, elle passe ses après-midi à boire des daïquiris avec sa mère. A 15 ans, elle signe avec un label, Jive Records (propriété de Sony), sur les conseils de son futur manager, Larry Rudolph. Quelques mois plus tard, elle passe des concerts dans les centres commerciaux au statut de «princesse de la pop», grâce à son tube …Baby One More Time. Elle part en tournée avec le boys band NSYNC, entame sa relation avec Justin Timberlake. Ça y est, elle est célèbre.
Mais Britney Spears se rend rapidement compte que quelque chose cloche dans sa carrière. Elle remarque qu’on «ne lui posait pas les mêmes questions qu’à Justin» : «Que voulaient savoir la plupart des journalistes ? Si j’avais des faux seins et si mon hymen était intact.» Cible régulière des tabloïds, elle commence à prendre du Prozac.
Infidélités et image de fêtardeParallèlement, elle file le parfait amour avec Justin Timberlake, dont elle tombe enceinte. A contrecœur, elle a recours à une interruption volontaire de grossesse, alors qu’elle ne sait pas sur quel pied danser quant à son image de jeune fille vierge. La star se rappelle des regards que posent sur elle les hommes, très largement majoritaires dans l’industrie musicale à l’époque. «Apparemment, il était impossible d’être à la fois sexy et compétente, une bombe et une artiste.»
Puis un jour, ce n’est plus le temps de l’amour avec Justin Timberlake. Le couple se sépare, le chanteur l’accuse d’infidélités dans son clip Cry Me a River, et Britney Spears devient la «traînée» de Hollywood. Bien qu’elle confesse avoir une fois embrassé un autre homme, la tromperie aurait surtout été monnaie courante chez son son ex-compagnon, selon elle. Elle donne à l’époque une interview à Diane Sawyer, qui lui demande ce qu’elle a fait pour «causer autant de douleur à Justin». «J’ai eu l’impression d’avoir été exploitée, écrit-elle dans son livre. Piégée devant le monde entier.»
La chute s’accélère. Dans son image de fêtarde, certains spéculent sur sa consommation de drogue, mais elle se défend aujourd’hui de toute addiction. Elle révèle qu’elle prend tout de même de l’Adderall, «une amphétamine qu’on prescrit aux enfants souffrant de troubles de l’attention», sous les effets duquel il «lui arrive de planer». Mais le réel point de bascule, c’est 2008, alors que son ex-mari, Kevin Federline, a obtenu la garde de leurs deux enfants, et qu’elle multiplie les craquages. Elle se rase le crâne devant les caméras. «Je savais que mes cheveux longs, c’était ce qui plaisait le plus chez moi. […] C’était ma façon de leur dire : “Vous avez envie que je me fasse belle ? Allez vous faire foutre !”»
Sous tutelleSon père parvient alors à la placer sous tutelle, contrôlant les moindres aspects de sa vie. «Britney Spears, c’est moi», lui aurait asséné Jamie Spears. Après ses années de fêtes, elle devient «un vrai moine». «Des gardes du corps me donnaient des enveloppes remplies de médicaments et me regardaient les avaler. J’avais un contrôle parental sur mon iPhone. Tout était scruté et contrôlé. Tout.» Pendant ce temps, son père gère sa fortune colossale, et fait monter sa fille sur scène à Las Vegas pendant plusieurs résidences.
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En 2019, elle est de nouveau internée, cette fois-ci contre sa volonté. Elle y est traitée au lithium et voit sa vie davantage contrôlée. «Je ne pouvais pas prendre un bain seule, je ne pouvais pas fermer la porte de ma chambre.» C’est dans cet institut qu’elle découvre le mouvement #FreeBritney, qu’une aide soignante lui montre sur les réseaux sociaux. Grâce à l’aide de ses fans, elle se libère de sa tutelle en 2021. Et aujourd’hui, sa vraie vie commence. Elle veut «remettre de l’ordre dans ma vie spirituelle et prêter attention aux petites choses», écrit-elle. Sa carrière musicale attendra.