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Que vaut le nouveau « Bridget Jones » ?

Que vaut le nouveau  Bridget Jones
« Bridget Jones : folle de lui » met en scène Renée Zellweger en mère célibataire déterminée à retrouver l’amour. Leçon de résilience amusante… et émouvante.

Adieu, la bonne vieille gaine de grand-mère amincissante couleur chair qui nous a tant fait rire en 2001, au moment de la sortie du Journal de Bridget Jones. Plus Bridget Jones (incarnée par Renée Zellweger) vieillit, moins elle cède aux sirènes des vêtements gainants. La désormais quinquagénaire a d'autres chats à fouetter que ses petits bourrelets, qui ont d'ailleurs fondu. D'abord, il y a son chagrin colossal : la voici veuve.

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Marc Darcy (Colin Firth), son mari, amoureux transi depuis le premier film de la série, avec qui elle avait fini par faire sa vie après une valse-hésitation lui opposant notamment le truculent Daniel Cleaver (Hugh Grant), est mort tragiquement quatre ans plus tôt. Ensuite, il y a le poids du quotidien : Marc la laisse avec deux jeunes enfants et une maison à faire tourner.

La charge mentale a remplacé, chez la célibataire la plus célèbre du monde anglo-saxon, la supposée surcharge pondérale qui complexait tant Bridget. Et c'est désormais Daniel Cleaver qui porte des bas de contention, cloué sur un lit d'hôpital après une alerte cardiaque. Les cœurs, justement, dans ce petit monde de visages ridés et de tempes blanchissantes, cherchent un nouveau battement. C'est là l'enjeu de ce quatrième film, plus touchant et finalement plus abouti que les trois premiers, Le Journal de Bridget Jones, Bridget Jones : l'âge de raison et Bridget Jones Baby : trouver l'amour à la vingtaine, c'était sympa, gérer sa fertilité à quarante ans, c'était marrant, mais faire couple trente ans plus tard, avec un cœur brisé et une carrière à relancer, voilà une affaire sérieuse.

Bridget Jones coincée sur un « arbre à mecs »

Le père de Bridget est mort, lui aussi. Un flash-back nous le montre sur son lit d'hôpital, penchant son visage vers sa fille. « Peux-tu survivre ? » lui demande-t-il. À la réponse par l'affirmative de Bridget, il lance : « Ce n'est pas assez, tu dois vivre. » Le poncif est écrasant, le réalisateur, Michael Morris, en a conscience et désamorce le psychodrame avec une blague : « C'est le Dalaï-Lama ? » demande Bridget. « Non, c'est Harry Styles, je crois… »

Il y a quelque chose de doux-amer dans cette vie déjà bien avancée qui se cherche un nouveau souffle. Une ironie triste et savamment mordante se distille dans les gags qui s'enchaînent avec brio (la machine, bien huilée, tourne à un rythme réjouissant). Mais c'est en dehors des sourires que réside l'intérêt du film.

Poussée par tout son entourage à retrouver l'amour, minée par le poids du quotidien survolté d'une mère célibataire, Bridget décide, un jour de crise existentielle, de rouvrir son célèbre journal, dont la dernière ligne avait été posée quatre ans plus tôt sur cette phrase tragiquement sobre : Marc n'est plus là. Éteignant la télévision devant laquelle végètent ses deux petits monstres, Bridget se dirige vers le parc avec sa descendance. Là, les enfants grimpent aux arbres, et c'est le drame : ils ne peuvent plus descendre. La mère se hisse sur une branche, la voici coincée à son tour. Deux chevaliers servants se matérialisent à ses pieds, lui arrachant une phrase bien tournée, qui déjà nous faisait rire au moment de la bande-annonce : « Je suis montée dans un arbre à mecs magique ! »

Les deux princes charmants sont M. Wallaker (renversant Chiwetel Ejiofor), le prof de sciences-nat du fils de Marc et Bridget, nerd esseulé, lui-même quinquagénaire, vivant dans l'inconscience de son discret, mais solide sex-appeal, et Roxter (craquant Leo Woodall), vingt-neuf ans, tout en muscles saillants et regards incendiaires.

Daniel Cleaver fait désormais plus pitié qu'envie

Au jeu de l'amour, c'est d'abord la génération Z qui remporte la mise. Sûr de lui, séducteur à la façon des jeunes d'aujourd'hui (donc très loin de la lourdeur grivoise d'un Hugh Grant, qui n'a plus les codes de cette jeunesse à qui il fait désormais plus pitié qu'envie), Roxter fait à Bridget une cour irrésistible. Leur première étreinte se déroule pudiquement hors-champ, Bridget porte des dessous affriolants, la post-ado mal dans sa peau a cédé la place à une femme puissante, qui retrouve le chemin de l'orgasme en même temps qu'elle reprend en main sa vie professionnelle, où elle excelle.

Le choc des générations est bénéfique : quand son soupirant lui demande son consentement avant de l'embrasser, elle chavire. « La génération qui demande ! » s'émeut-elle. Mais elle découvrira bien assez tôt que cette génération est aussi celle qui « ghoste », c'est-à-dire qui fuit en coupant toute communication, ô cruelle expérience…

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre La confrontation entre un jeune amant et un courtisan plus âgé met en lumière ce qui nous émeut dans ces nouvelles aventures de Bridget Jones : à quoi une femme doit-elle renoncer au fil de sa vie ? Que peut-elle s'accorder, quels désirs, quelles libertés, dans un monde gorgé d'injonctions et fourmillant de possibilités ? Le défi de Bridget consiste à trouver le point d'équilibre dans l'équation compliquée qu'est l'existence d'une quinqua moderne, et l'on ne peut que s'y retrouver, nous qui l'avons vue grandir et la regardons désormais vieillir, lourds également de notre propre bagage.

Là où le film nous renverse, c'est sur la question du deuil. Le manque de Marc la ronge, comme le poids de l'amour tissé au gré des trois précédents films, immense et tragiquement perdu. Le réalisateur n'occulte pas la souffrance de son héroïne, joliment traitée au gré de signes (une chouette blanche veillant sur sa fille, une vieille chanson surgissant d'un poste de radio), de flash-back et même de silhouettes fantomatiques dont la présence apaise en même temps qu'elle attriste. « Tout ce qui monte doit retomber », lance M. Wallaker, le soupirant prof de sciences, à une Bridget déjà vivement consciente du poids du temps passé qui la tire vers le bas. Avec la grâce des maladroits, l'héroïne rétorque à Newton qu'il existe une autre loi : tout ce qui chute peut aussi apprendre à rebondir.

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