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Fermeture de Bridgestone à Béthune : une réunion de crise a débuté avec deux ministres

Fermeture de Bridgestone à Béthune  une réunion de crise a débuté avec deux ministres
Les ministres de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et du Travail, Élisabeth Borne, sont à Béthune depuis 14h.

Y aura-t-il un plan B pour les salariés de Bridgestone à Bethune ? Le gouvernement, les élus locaux et les syndicats de l'usine Bridgestone, dans le Pas-de-Calais, entendent en tout cas faire pression ce lundi sur la direction du géant japonais du pneumatique. Objectif : tenter d'éviter la fermeture du site, qui emploie 863 personnes.

Moins d'une semaine après l'annonce choc de la fermeture du site, les ministres de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et du Travail, Élisabeth Borne, sont arrivées à Béthune peu avant 14h.

Au programme : une réunion en deux temps au siège de la communauté d'agglomération. Les deux ministres s'entretiendront d'abord avec les élus du territoire, dont le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, et la direction Europe de Bridgestone - en visioconférence - avant une seconde réunion avec des représentants du personnel et des élus. Un point presse est prévu à 16h, selon la Voix du Nord.

Certains élus, à l'instar du député François Ruffin, sont venus sur place ce lundi matin pour soutenir les salariés. Il a notamment accusé «les politiques qui laissent faire depuis 40 ans, qui signent des accords de libre-échange avec la Chine, avec le Vietnam, avec la Corée du sud, et qui après viennent pleurnicher».

De son côté, Marine Le Pen a dénoncé «le cynisme» et «l'hypocrisie» du gouvernement et des Républicains sur les fermetures d'usines comme celle de Bridgestone à Béthune. «Qu'ils arrêtent le cynisme, qu'ils s'arrêtent l'hypocrisie et qu'ils regardent véritablement quelles sont les conséquences de la politique qu'ils mènent et pour laquelle ils votent», a déclaré la présidente du Rassemblement national ce lundi.

5 mois de négociations

Direction et syndicats ont signé vendredi «un accord de méthode» donnant cinq mois à la discussion et rouvrant «des scénarios alternatifs à la fermeture», s'est réjouie dimanche Agnès Pannier-Runacher, qui estime qu'avec ce délai, «tout est possible». Au micro du «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI», la ministre a par ailleurs estimé, concernant une éventuelle nationalisation, que ce n'est pas «la mesure qui résout tout». L'hypothèse d'une nationalisation de Bridgestone semble donc, à ce stade, écartée.

À VOIR AUSSI - Bridgestone: Agnès Pannier-Runacher annonce la signature «d'un accord de méthode » entre la direction et les salariés

«On sait bien qu'il y aura de la casse sociale, mais on veut pouvoir discuter d'autres solutions (...) et Bridgestone a décidé de nous donner le temps», a salué l'avocat du CSE Me Stéphane Ducrocq, à propos de l'accord de méthode donnant cinq mois à la discussion. «Aujourd'hui, il faut clarifier les rôles, savoir ce que l'État, la Région, les collectivités sont prêts à faire concrètement», a-t-il expliqué.

«On va demander aux autorités de mettre la main à la poche, pour inciter Bridgestone à investir et moderniser ce site, abandonné depuis des années» au profit d'autres usines, a renchéri Stéphane Lesix, secrétaire CFDT du CSE.

Un des symboles de Béthune

Premier employeur de cette ville de 25.000 habitants, la multinationale Bridgestone avait brutalement annoncé mercredi la «cessation définitive» de l'activité du site à l'horizon 2021, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coût.

«Humiliation», «coup de massue», «assassinat» : salariés et élus de tous bords avaient aussitôt dénoncé la destruction d'un des «symboles» de la ville, dans un bassin miné par la désindustrialisation. Selon la CGT, jusqu'à «5.000 familles seraient impactées avec les sous-traitants».

L'annonce de la fermeture a suscité l'indignation unanime de la classe politique et la colère a grondé jusqu'au gouvernement, qui a regretté une «trahison de confiance». «Ce qui est inadmissible (...) c'est de ne pas avoir ouvert la discussion en amont», a dit Agnès Pannier-Runacher. «On savait que l'usine était en perte de vitesse» et les autorités avaient déjà convié «la direction à la table de discussions».

Car l'usine, qui produit des pneus de petit calibre pour les voitures, est selon Bridgestone «la moins performante» parmi la dizaine de ses sites européens. En une décennie, ses effectifs ont chuté de 40%, comme ses volumes de production. «C'était écrit ! Depuis des années on répète qu'il faut investir, faire des pneus de gros calibre, à forte valeur ajoutée, pour rester compétitifs ! La direction refuse et met des millions en Pologne», s'insurge Stéphane Lesix (CFDT).

Bras de fer entre l'entreprise et les autorités

Les autorités doivent désormais «montrer à Bridgestone qu'ils ont plutôt intérêt à investir enfin, plutôt que de partir», à la fois «pour leur image» et «leur chéquier», a plaidé dimanche le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand sur Europe 1. Il faut «essayer ce qui s'est produit en 2013», pour l'usine de Bari (Italie) promise à la fermeture, a-t-il proposé : après un «bras de fer terrible», l'État a «accepté de financer une très large partie des investissements nécessaires» et «60% des emplois ont été maintenus».

En cas d'échec, le gouvernement envisage la réindustrialisation du site et veut une «solution cohérente et acceptable» pour chaque ouvrier. Certains élus militent pour que Bridgestone «rembourse» les aides publiques récemment versées, dont 1,8 million d'euros de CICE, ou des aides régionales à hauteur de 620.000 euros.

«Au premier round, Brigdestone a tout lâché, c'était violent. Mais quand le boxeur d'en face sait s'écarter, il peut tenir cinq rounds. Et on est toujours sur le ring, avec l'espoir du plan B !», assure le maire UDI de Béthune Olivier Gacquerre. Il salue «l'union sacrée» et «complète» des élus, syndicats et habitants. Dimanche à 18h, une pétition mise en ligne par la mairie recueillait quelque 37.000 signatures.

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