Douche froide pour les salariés de Bridgestone à Béthune
Publié le 12 nov. 2020 à 14:02Mis à jour le 12 nov. 2020 à 18:32
L'espoir de voir Bridgestone poursuivre la production de pneus sur son site de Béthune a tourné court. Après avoir accepté il y a 3 semaines d'examiner un scénario de maintien partiel de l'activité poussé par le gouvernement, la direction du pneumaticien japonais a affirmé jeudi matin, lors d'une réunion organisée dans la cité nordiste, que ce plan ne lui paraissait pas viable.
Echafaudé par le cabinet de conseil Accenture à la demande de l'exécutif, ce plan alternatif explorait la possibilité de sauvegarder de 460 à 560 emplois directs sur les 840 que compte l'usine. Il reposait sur une hypothèse de montée en gamme de la production, un bond dans la productivité de 25 à 40 %, et 100 millions d'euros d'investissements dans de nouvelles machines. Une somme que l'Etat était prêt à prendre partiellement à sa charge, avait fait savoir à plusieurs reprises le gouvernement.
« Un plan pas réaliste »Mais l'entreprise nippone a finalement rejeté cette piste. « Nous avons pris plusieurs semaines pour étudier ce plan attentivement et en détail, explique aux « Echos » Laurent Dartoux, directeur général de Bridgestone pour l'Europe. Mais il n'était réaliste ni pour le groupe, ni pour les salariés. » Le problème de surcapacité de production pour l'entreprise restait entier, argumente-t-il. De surcroît, malgré le saut de productivité envisagé, « Bridgestone aurait continué à perdre de l'argent sur chaque pneu produit à Béthune », affirme le dirigeant.
A l'issue de la réunion, le gouvernement se voulait malgré tout volontariste. « Bridgestone a fermé la porte », a déploré la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, qui avait fait le déplacement à Béthune, tout comme le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand. « Nous allons nous battre pour que ce site reste industriel. »
Retour à la case départ donc, celle où le pneumaticien nippon estimait, il y a deux mois, que la fermeture de l'usine était « la seule option possible » . Les démarches pour attirer de nouvelles activités sur le site, qui n'avaient pas été interrompues, se poursuivent, avec l'appui du cabinet BPI pour Bridgestone, et Business France du côté du gouvernement.
Des discussions avec deux concurrents« Nous avons déjà initié 175 contacts, et quatre ont débouché sur des opportunités qui sont en phase d'études, et qui sont susceptibles de créer plusieurs centaines d'emplois pour chacune d'elles », affirme Laurent Dartoux. En particulier, « deux de nos concurrents sont en discussion et ont signé un accord de confidentialité, révèle le directeur général. Ce sont des contacts que nous avons amenés. Nous sommes ouverts à la reprise du site par un concurrent. »
Sur le plan social, la recherche de solutions de reclassements pour les salariés suit également son cours. Bridgestone dit déjà avoir proposé une centaine d'offres dans les activités que le groupe conserve en France, dont 25 % dans les Hauts-de-France. En externe, « 400 offres ont été identifiées à ce jour sur le territoire, et 1.300 autres en France », indique Laurent Dartoux.
Les salariés qui trouveraient d'ores et déjà un emploi ou une formation longue sont poussés à saisir cette opportunité, la direction leur promettant qu'ils bénéficieront des mesures sociales en cours de négociation lorsque le plan aura été finalisé. 24 employés ont fait ce choix à ce stade. L'arrêt de l'usine est toujours prévu pour fin mars-début avril.