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Bridgestone crée le choc en fermant une usine à Béthune

Bridgestone crée le choc en fermant une usine à Béthune
Après l'annonce de la fermeture du site dans les Hauts de France, le gouvernement dénonce une décision «inacceptable».

Béthune pourrait bien devenir un nouveau nom symbolique des difficultés industrielles de la France. Mercredi, Bridgestone a annoncé « son projet de cesser l'activité de son usine de Béthune en France ». Il en a averti les représentants du personnel le même jour. Au total, 863 salariés travaillent directement sur le site qui fabrique des pneus de seconde monte (remplacement). Mais l'impact total sera plus important avec les emplois indirects. La fermeture pourrait intervenir à partir du « deuxième trimestre 2021 », selon le groupe.

Avec la crise sanitaire et économique liée au Covid-19, le gouvernement savait que des annonces pénibles allaient survenir. La litanie des fermetures de sites et des plans sociaux va d'ailleurs sans doute se poursuivre. Pourtant, l'annonce de Bridgestone tombe mal pour l'exécutif qui souhaitait mettre en avant le renouveau industriel de la France.

Immédiatement, Élisabeth Borne, la ministre du Travail, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée chargée de l'Industrie, et Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France, ont publié un communiqué commun soulignant leur « désaccord total face à cette annonce ». À l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a même dénoncé « une trahison de la confiance » placée dans Bridgestone, qui doit « assumer ses responsabilités plutôt que de chercher des prétextes ». L'exécutif est d'autant plus enclin à réagir fortement que les fermetures de site de fabrication de pneumatiques se transforment souvent en calvaire pour les autorités. Cela avait été le cas pour l'allemand Continental, à Clairoix : le site, qui employait 1100 salariés, a fermé définitivement en 2010 après des mois d'une lutte sociale très rude. Pareillement, l'annonce par l'américain Goodyear en 2008 de sa volonté de fermer le site d'Amiens nord (1100 salariés également) a provoqué une longue et douloureuse ­bataille judiciaire et médiatique. Qui s'est traduite, là aussi, par la fermeture du site en 2014.

À chaque fois, des syndicalistes médiatiques, Xavier Mathieu chez Continental et Mickael Wamen chez Goodyear, ont mis la pression sur les gouvernements en place. Autant dire que la pression est maximale sur celui de Jean Castex. Surtout à moins de deux ans de la présidentielle. Arrivé sur place à la mi-journée, Xavier Bertrand a ­lâché : « On a affaire à des menteurs, des cyniques. » « Le Covid-19 ne doit être ni un paravent ni un prétexte à la crise économique », a dénoncé Marine Le Pen, députée du Pas-de-Calais.

Concurrence asiatique

Pour justifier cette fermeture, Bridgestone, premier fabricant mondial de pneus, explique que « le marché du pneumatique pour véhicule de tourisme est confronté à de nombreuses difficultés, et cela sans même tenir compte de l'impact de la pandémie de Covid-19 ». Sur ce marché, les volumes sont restés stables depuis une dizaine d'années en Europe. Mais la concurrence des marques asiatiques s'est faite de plus en plus forte : leurs parts de marché sont ainsi passées de 6 % à 25 % entre 2000 et 2018. Conséquence : une pression à la baisse sur les prix et des surcapacités de production. D'où les décisions de Good­year et Continental. Mais également de Michelin, qui a restructuré son outil industriel en France avec la fermeture du site de La Roche-sur-Yon ou l'arrêt de la production de pneus poids lourds à Joué-lès-Tours.

L'usine de Béthune est la moins performante parmi toutes les usines européennes de Bridgestone

Bridgestone

Le manufacturier japonais précise que « l'usine de Béthune est la moins performante parmi toutes les usines européennes de Bridgestone ». Handicap supplémentaire, le site du Pas-de-Calais produit des pneus de seconde monte, plus concurrencés par les pneus à bas coût en provenance d'Asie. Ces éléments incitent à une « cessation totale et définitive de l'activité de l'usine de Béthune, seule option qui permettrait de sauvegarder la compétitivité des opérations de Bridgestone en Europe ».

Et le géant japonais de lister les mesures d'accompagnement proposées, à savoir les très classiques préretraites, les propositions de reclassements internes (mais Béthune était le seul site industriel en France) et les aides aux reclassements externes. Comme la législation l'y oblige, il mettra en place un plan de revitalisation pour l'emploi dans la région et va se mettre à rechercher un repreneur pour le site.

Les prochaines étapes sont classiques. Agnès Pannier-Runacher a ainsi précisé qu'elle allait rencontrer les représentants du personnel, et les élus locaux pour faire le point sur la situation. Et essayer de trouver des solutions. Le gouvernement veut maintenir la pression. La ­ministre déléguée a ainsi déclaré que le groupe « abandonne la partie sans s'être battu pour faire aboutir des solutions alternatives ». Reste qu'il est difficile d'empêcher la ­fermeture d'un site industriel peu compétitif.

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