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Bridgestone : cinq questions sur la fermeture de l'usine de Béthune

Bridgestone  cinq questions sur la fermeture de lusine de Béthune
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dénoncé ce jeudi "une décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes".

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dénoncé ce jeudi "une décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes".

Un "coup de massue", une "trahison"... La décision de Bridgestone provoque une vague de contestation depuis que le groupe japonais a annoncé mercredi la fermeture de son usine de Béthune, dans le Pas-de-Calais, à horizon 2021. Un site spécialisé dans la fabrication de pneumatiques pour véhicules légers, qui emploie aujourd'hui 863 personnes. 

Le gouvernement et le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ont dénoncé de concert "la brutalité" de cette décision. Dans un communiqué commun, ils en ont contesté "la pertinence et les fondements", et ont demandé l'étude de "scénarios alternatifs". Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a quant à lui assuré ce jeudi que le gouvernement allait se "battre" pour trouver une solution. 

  • Comment Bridgestone justifie-t-il sa décision ?

Le groupe, qui revendique le premier rang mondial sur le marché des pneumatiques, a avancé comme explication "des problèmes de marché structurels". En clair, une surcapacité de production en Europe et surtout la concurrence agressive des marques asiatiques à bas coûts. Année près année, ces dernières grignotent des parts de marchés aux acteurs historiques. L'industriel japonais souligne ainsi que la part de marché des fabricants asiatiques est passée de 6% à 25% entre 2000 et 2018. 

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Une concurrence qui tire les prix et plus encore les marges vers le bas, créant également un embouteillage au niveau de l'offre, alors que la demande est relativement stable. Bridgestone estime ainsi souffrir en Europe d'une "surcapacité structurelle" de production d'environ 5 à 6 millions de pneumatiques. Michelin avait avancé les mêmes arguments, à l'automne 2019, pour expliquer sa décision de fermer son usine de La Roche-sur-Yon (Vendée), qui employait plus de 600 personnes. Aujourd'hui, le groupe japonais met également en avant le contexte sanitaire : après avoir chuté de près de 40% au premier semestre, le marché automobile européen a de fait encore plongé de 18,9 % sur un an en août. 

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L'usine de Béthune, qui produit des pneumatiques sous les marques Bridgestone et Firestone, connaît en outre des difficultés de productivité depuis de nombreuses années. Elle serait "la moins performante" parmi la dizaine de sites détenus par le groupe en Europe, affirme la direction. Ce qui a amené l'industriel japonais à couper 40% de ses effectifs en une décennie, et à réduire dans les mêmes proportions son carnet de commandes (de 8,5 millions d'unités à 5,1 millions). 

  • Le groupe est-il responsable de la situation ?

Selon l'État et la région, c'est bien le cas. "Est-ce qu'on a affaire à des industriels ou à des financiers ?", s'est notamment interrogé Xavier Bertrand . "Si ce sont des 'financiers' qui ne souhaitent pas investir, cela va leur coûter beaucoup plus cher de fermer le site et ça va prendre des années", a-t-il menacé. La décision de Bridgestone "est une décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes", a fustigé ce jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur CNews.  

La veille, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait dénoncé "une trahison de la confiance que l'État et la région Hauts-de-France ont placée" dans le groupe japonais. "C'est l'entreprise qui a sous-investi dans le site de Béthune au profit d'autres sites" et qui "a été incapable d'instaurer les conditions d'un dialogue social sain", avait-il accusé. En outre, l'entreprise "n'a fait aucune proposition quand l'État et la région Hauts-de-France ont présenté des mesures de soutien dans le cadre du plan de relance". 

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L'an dernier, la direction avait néanmoins proposé aux salariés un "pacte de compétitivité" dans le but d'augmenter la capacité de production de 16 000 à 18 000 pneus par jour. Un pacte qui prévoyait une augmentation du temps de travail (de 32 à 34,7 heures par semaine), avec seulement une heure payée en plus, mais avec la promesse de 6,5 millions d'euros d'investissement sur trois ans, comme le rappelle Les Échos. Les salariés avaient voté contre à 60% lors d'un référendum interne en juin 2019. 

Rétrospectivement, était-ce le bon choix ? Pour les syndicats, la somme était loin d'être suffisante pour sauver l'usine. "Je ne pense pas que le fait de voter cet acte de performance collective aurait suffi à sauver l'usine mais ça aurait été un bon signal envoyé à la direction. Ça aurait obligé la direction européenne à prendre en compte la bonne volonté du personnel de contribuer au redressement de l'usine", estime, plus mesurée, la députée Modem de Béthune Marguerite Deprez-Audebert sur France Bleu. "Plutôt que de toujours parler de préservation de l'emploi, il aurait fallu avoir le courage de restructurer l'usine au prix d'une réduction du personnel, et on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui", avance-t-elle. 

  • Quelles sont les conséquences de cette fermeture ?

Bridgestone a informé les salariés qu'il envisageait "la cessation totale et définitive de l'activité de l'usine" lors d'une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE) mercredi matin. La fermeture pourrait intervenir à partir du "deuxième trimestre 2021". Quelque 863 emplois devraient disparaître.  

Le groupe se dit "pleinement conscient des conséquences sociales d'un tel projet et s'engage à mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour définir un plan d'accompagnement adapté à chaque employé". Il assure vouloir limiter au maximum le nombre de licenciements grâce à des mesures de préretraite, de reclassement interne ou externe des salariés, et la recherche d'un repreneur pour le site. 

  • Comment réagissent les syndicats ?

La fédération FO chimie a dénoncé le "coup de massue pour les salariés, ainsi que pour les centaines d'emplois indirects". La fermeture de cette usine, "dans un bassin d'emploi déjà fortement impacté par de nombreuses fermetures d'entreprises", est "le résultat du manque d'investissement" du groupe japonais "depuis quelques années", peut-on lire dans un communiqué. 

Indiquant que Bridgestone prévoit "l'ouverture dans les années à venir de deux nouveaux sites, un en Estonie en 2024 et un en Biélorussie en 2026" - ce que la direction dément - le syndicat proteste contre des implantations "dans des pays où la main d'oeuvre est bien moins chère qu'en France" afin d'"accroître les dividendes reversés aux actionnaires".  

  • Une marche arrière est-elle possible ?

C'est l'espoir du président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. À l'issue d'une réunion sur le site avec les représentants du personnel et d'autres élus locaux, il a fustigé un "assassinat prémédité" mais a aussi souligné une "possibilité de changer la donne" : "on doit tout faire pour forcer, je dis bien forcer, Bridgestone à envisager un autre plan industriel". Si le groupe est prêt à "discuter d'un projet d'investissement sur ce site", l'État et les collectivités mettront alors de l'argent sur la table, a-t-il assuré. 

Selon Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et natif de Béthune, "l'État doit prendre la main et entrer au capital (...) Une exigence doit être posée de toute urgence : les milliards d'argent public du plan de relance doivent être consacrés au maintien de l'emploi et en aucun cas à sa destruction", peut-on lire dans un communiqué. 

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Assurant que la "seule priorité" du gouvernement était "la sauvegarde de l'emploi et l'accompagnement des salariés", le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a indiqué que les représentants du personnel et les élus du territoire seraient réunis "dans les prochains jours". Il a précisé qu'il serait exigé de Bridgestone de "mener une étude approfondie des scénarios alternatifs de fermeture de l'usine compte tenu des moyens qui sont mis en place dans le plan de relance". 

Et de rappeler que le plan de relance prévoyait des mesures "massives" pour protéger l'emploi : "chômage partiel prêt garanti par l'État, fonds de solidarité, exonération de charges qui vise à protéger l'emploi, diminution des impôts de production". Avant d'assurer : "Nous agirons avec la plus grande résolution". 

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