Avec la fermeture de l'usine Bridgestone, l'avenir de 863 familles s'est brutalement assombri
Une annonce brutale de fermeture d’usine. Mercredi 16 septembre au matin, à Béthune (Pas-de-Calais), une partie des 863 salariés de Bridgestone, fabricant japonais de pneus, étaient au travail quand ils ont appris leur licenciement à travers des écrans installés dans les locaux de ce site construit en 1961. Une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE) venait de s’achever.
Au même moment, d’autres salariés, comme David, apprenaient la triste nouvelle par les médias. « J’ai eu l’info à 11 heures, explique cet opérateur spécialisé de 53 ans, venu glaner des nouvelles devant l’usine. Ça m’a coupé les pattes. Personne n’imaginait une fermeture. On craignait que la direction dégrossisse les effectifs mais là, ça va être un massacre. »
David travaille chez Bridgestone depuis vingt-cinq ans. Il est chargé de la cuisson des pneumatiques, « la vulcanisation ». Et il a connu l’époque où l’usine de Béthune sortait plus de 30 000 pneus par jour. « Aujourd’hui, on est plutôt à 5 000. On a perdu de gros contrats, notamment sur les pneus à forte valeur ajoutée », analyse David. Comme ses collègues, il est abattu. « Ils nous ont laissés tomber. »
L’option de fermer la seule usine française de Bridgestone a eu l’effet d’un coup de massue dans le bassin minier. « On est tous un peu les enfants de Firestone, devenu Bridgestone, a souligné le maire (Union des indépendants et démocrate) de Béthune et président de la communauté d’agglomération Olivier Gacquerre, ému et écœuré. Au moment où l’on parle de relance, on nous enlève une partie de notre histoire. Je pense que les dirigeants avaient déjà pris leur décision et qu’ils nous ont amusés pendant trois ans. »
Victime de la mode des SUVDans un communiqué, le groupe japonais a invoqué une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coût pour justifier cette fermeture en Hauts-de-France. « La cessation totale et définitive de l’activité de l’usine de Béthune est la seule option qui permettrait de sauvegarder la compétitivité des opérations de Bridgestone en Europe », a indiqué la marque nipponne créée il y a quatre-vingts ans.
Après avoir supprimé en août 2019 plus de 100 postes d’intérimaires sur les 148 que comptait l’usine, Bridgestone veut activer son plan avant le deuxième trimestre 2021 tout en gardant son implantation sur le territoire français à travers sa filiale commerciale et son réseau de distribution qui représentent environ 3 500 salariés en France.
Il vous reste 62.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.