Les ambitions contrariées de la banque des BRICS
Réformer en profondeur les institutions internationales, trop négligentes envers les besoins des économies émergentes : « Sur ce sujet, la Nouvelle Banque de développement ouvre la voie », vantait le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, mercredi 23 août, à Johannesburg.
Son pays accueillait le quinzième sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunis du 22 au 24 août pour évoquer, entre autres, les moyens de limiter l’hégémonie du dollar et des Occidentaux sur le système financier mondial.
Ces derniers mois, les sanctions américaines contre la Russie ont exacerbé cette ambition, que les BRICS affichent de longue date. En 2014, ils ont créé la Nouvelle Banque de développement (New Development Bank, NDB), précisément dans le but d’incarner une solution de remplacement du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
« Système unipolaire »Basées à Washington, ces deux institutions, nées après la seconde guerre mondiale, renâclent depuis des années à se réformer pour accorder plus de place aux pays émergents dans leur gouvernance. « Jusqu’ici, le système a été unipolaire, il va être remplacé par un système plus multipolaire », assure Dilma Rousseff, présidente de la NDB et ancienne présidente du Brésil (2011 à 2016), dans le Financial Times du 23 août.
Contrairement au FMI, la NDB n’assortit pas ses prêts de conditionnalités contraignantes, telles que des exigences de réformes structurelles, parfois perçues comme de l’ingérence par les pays aidés. « Nous ne faisons pas ça, insiste Dilma Rousseff, dans le FT. Nous respectons les politiques de chaque Etat. »
Basée à Shanghaï, avec un capital initial de 50 milliards de dollars (environ 46,1 milliards d’euros) apporté à parts égales par les cinq fondateurs, elle a financé pour 33 milliards de dollars de projets d’infrastructures et de développement depuis sa création. L’Egypte, le Bangladesh et les Emirats arabes unis ont rejoint ses rangs il y a peu.
Mise en avant lors du quinzième sommet des BRICS, elle reste néanmoins dans l’ombre de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII). Créée sous l’impulsion de la Chine en 2014, là aussi pour faire contrepoids aux institutions de Washington, celle-ci est plus active et mieux dotée.
« Quelque chose d’ironique »Surtout, depuis le début de la guerre en Ukraine, la NDB cumule les difficultés. Pour échapper aux sanctions occidentales, elle a suspendu toutes ses opérations en Russie. Mais Moscou détient toujours près de 20 % de son capital, si bien que les investisseurs internationaux, en particulier américains, sont réticents à lui accorder de nouveaux prêts.
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