A Johannesburg, les BRICS ouvrent la porte à six nouveaux pays
C'est un « nouveau chapitre » qui s'ouvre pour les BRICS, selon Cyril Ramaphosa. Le président sud-africain a annoncé à la presse, jeudi, l'admission de six candidats qui viendront, à partir du 1er janvier 2024, plus que doubler le nombre de membres. Un consensus a donc été trouvé pour permettre l'entrée de l'Argentine, de l'Egypte, de l'Iran, de l'Ethiopie, de l'Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis au sein de ce groupe qui devra, en conséquence, réfléchir à un nouveau nom.
Une décision que le président brésilien a accueillie avec « grand plaisir », saluant l'entrée de son voisin et « frère », Buenos Aires. Elle montre, selon le chef de l'Etat chinois Xi Jinping, « la détermination des BRICS à atteindre l'unité et la coopération avec les pays en développement dans leur ensemble ».
Vladimir Poutine s'est lui aussi réjoui, en défendant que l'ordre mondial était « menacé par le libéralisme radical, poussé par certains pays qui veulent éliminer les valeurs traditionnelles qui nous sont chères à tous ». Le président russe intervenait par vidéo, n'ayant pas pu se rendre sur place, du fait du mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale. Il n'a pas prononcé un mot sur la mort du patron de Wagner, Evgueni Prigojine, mais l'a évoqué plus tard devant une chaîne de télévision russe.
D'autres phases à venirAlors que le monde connaît, selon Xi Jinping, une « nouvelle ère de turbulences et de transformations », cette annonce « historique » va certainement transformer la dynamique au sein du groupe, qui représentait déjà plus de 40 % de la population globale et un quart du PIB mondial. Ce n'est, de plus, qu'une première étape, selon Cyril Ramaphosa : « d'autres phases devraient suivre » afin de poursuivre cette expansion.
Les Emirats arabes unis se sont aussitôt félicités de leur intégration, affirmant « respecter la vision des dirigeants des BRICS ». Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a vanté les avantages de sa nation, « une passerelle cruciale entre l'Afrique, le Moyen-Orient et plus largement l'Asie ».
Un groupe plus étendu signifie aussi un processus de prise de décision plus tortueux, puisque tous les choix des BRICS se font, jusqu'à présent, par consensus. Les inimitiés entre certains nouveaux membres, comme l'Ethiopie et l'Egypte, fâchés sur la question du barrage de la Renaissance, ou l'Arabie saoudite et l'Iran qui viennent tout juste de mettre fin à sept ans de brouille, rendront les échanges encore plus ardus.
Le poids des pays pétroliersC'est malgré tout une victoire pour l'avènement d'un monde « multipolaire », selon le Premier ministre indien Narendra Modi. Un message bien entendu par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a reconnu que « les institutions de gouvernance globales d'aujourd'hui reflètent le monde d'hier ». Les pays des BRICS réclament notamment une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, pour une instance plus inclusive.
L'ajout de géants des hydrocarbures, avec l'Arabie saoudite, l'Iran, et les Emirats arabes unis, pourrait enfin permettre d'accélérer le projet de dédollarisation des BRICS : les ministres des Finances et les directeurs des banques centrales doivent travailler sur l'augmentation des échanges en monnaie locale et la création de nouveaux systèmes de paiement, pour que le dossier puisse être à nouveau étudié lors du prochain sommet, prévu en octobre 2024 en Russie, dans la ville de Kazan.