Cinq cas de botulisme suspectés à cause de pesto artisanal, 600 ...
Intoxication
Un an après l’intoxication de 16 personnes, dont une est morte, après avoir mangé des sardines en conserve dans un restaurant de Bordeaux, cinq cas évocateurs du botulisme ont été signalés en France, cette fois en Indre-et-Loire. Ces personnes «sont actuellement hospitalisées en réanimation ou en unité de soins intensifs», précise ce mardi 10 septembre la Direction générale de la Santé (DGS) dans un mail envoyé aux professionnels de santé. Cette fois, c’est une boîte de conserve artisanale de pesto à l’ail des ours, de la marque «O ptit oignons», qui est suspectée.
Les cinq cas de contamination signalés aux autorités avaient «partagé un même repas» comprenant notamment cette sauce, précise la DGS. Ce ne sont pas tant les produits alimentaires utilisés dans ces boîtes de pesto qui sont mis en cause, mais la méthode de préparation et de conservation. «Les investigations réalisées ont montré l’absence de maîtrise du processus de stérilisation de ces conserves», précise la DGS. «Il est conseillé de laver les aliments, bien les cuire (les toxines sont détruites lors d’une ébullition prolongée), utiliser une eau propre, les conserver à une température adéquate», détaille l’Institut Pasteur.
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Le botulisme est une affection neurologique grave, provoquée par une puissante toxine que produit la bactérie Clostridium botulinum. Comme la maladie se déclare après «une période d’incubation de quelques heures à quelques jours», «la survenue d’autres cas dans les prochains jours n’est pas exclue», poursuit-elle.
Le reste des lots fait l’objet de rappels. Les boîtes de conserve ont été vendues lors de différents événements en Indre-et-Loire, depuis ce printemps, précise la DGS dans sa communication. A la Fête des plantes et du Printemps au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, les 30 et 31 mars et 1er avril 2024 ; à «Nature en fête» au Château de Cangé à Saint-Avertin, les 13 et 14 avril 2024 ; à la foire à l’ail et au basilic à Tours, le 26 juillet 2024 ; au Festival de la tomate et des saveurs au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, les 7 et 8 septembre.
Le préfet d’Indre-et-Loire Patrice Latron a estimé ce mardi après-midi que « 600 bocaux » sont recherchés à travers la France, confirmant par ailleurs que « deux couples se sont présentés aux urgences samedi », et une cinquième dimanche. Toutes sont majeures. Les personnes qui détiendraient encore ces produits ne doivent pas les consommer ni les ouvrir, et les jeter. En attendant, «des restes alimentaires vont être récupérés et analysés» pour confirmer le botulisme des cinq cas suspects, affirme la Direction générale de la Santé.
Signes digestifs, oculaires ou neurologiques
Ce sont des «atteintes aux paires crâniennes» - douze paires de nerfs qui relient le cerveau aux parties de la tête, du cou et du tronc - qui ont alerté les autorités. Elles peuvent évoluer «vers une paralysie descendante», jusqu’à une insuffisance respiratoire. La prise en charge doit donc être la plus précoce possible. «La grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais le traitement et la convalescence peuvent durer plusieurs semaines voire plusieurs mois», précise l’Institut Pasteur sur son site.
Lorsque le botulisme est alimentaire - il peut aussi être contracté par le biais d’une blessure -, la toxine est directement ingérée via des aliments contaminés. Les symptômes peuvent se présenter à des degrés variables : signes digestifs «pouvant être fugaces» comme des maux de ventre, nausées, vomissements, diarrhée, des troubles oculaires (vision floue ou double), bouche sèche avec des difficultés pour avaler ou parler, symptômes neurologiques, comme des «fausses routes» ou des «paralysies des muscles plus ou moins fortes. «Il n’y a habituellement pas de fièvre», prévient l’autorité sanitaire.
Mise à jour : à 17h20, avec l’ajout des déclarations du préfet d’Indre-et-Loire.