Wall Street en hausse, envolée du bitcoin... Pourquoi l'élection de ...
Des bourses qui affichent vert, un dollar qui grimpe, un bitcoin qui s'envole... Alors que Donald Trump a été officiellement élu à la Maison Blanche, mercredi 6 novembre, quatre ans après en avoir remis les clés à son adversaire démocrate Joe Biden, son retour a été accueilli très favorablement par les marchés américains et étrangers.
La Bourse de New York a ouvert en forte hausse, portée par des investisseurs satisfaits de la victoire de Donald Trump.
Vers 14 h 45 (GMT), le Dow Jones – indice américain de référence – s'envolait de 3,08 %, le Nasdaq – deuxième marché d'actions des États-Unis et plus grand marché des valeurs technologiques – de 2,12 %, et l'indice élargi S&P 500 de 2 %. Dès l'ouverture, Dow Jones et S&P 500 ont établi de nouveaux records en séance.
À la cote américaine, l'action du groupe Tesla, propriété d'Elon Musk, grimpait de 13,20 %, portée par le soutien affiché par le milliardaire à Donald Trump. L'action du groupe de médias de Donald Trump, quant à elle, s'est envolée mercredi de plus de 25 % à l'ouverture de la Bourse de New York.
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Accepter Gérer mes choixLe dénouement rapide rassure les marchés
La réaction des marchés est "surprenante et contre-intuitive avec le retour de Trump", commentait dans un premier temps auprès de l'AFP Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France qui a produit en ligne une analyse des réactions de marchés après l'élection.
En 2016 sur RFI, Corentin Sellin, spécialiste des États-Unis rappelait en effet l'aversion des marchés financiers pour l'incertitude et pour le fait d'entraver la circulation libre des capitaux. "Or, Trump, c’est la promesse de l’un et l’autre", disait-il. "Avec son programme protectionniste qui ne renonce pas à une certaine intervention de l’État régulateur, il n’est pas bon pour les marchés financiers qui aiment la certitude, la sécurité à long terme".
Mais avec l'émergence du "Trump Trade" (mouvements du marché et comportements des investisseurs qui émergent en réponse aux politiques économiques et aux actions politiques associées à une présidence de Donald Trump), dans les deux à trois semaines précédant le scrutin, les marchés financiers (américains et étrangers) s'étaient préparés à une victoire de l'ex-locataire de la Maison Blanche.
Aussi, à la différence de 2016 qui avait vu la première élection de Donald Trump faire immédiatement plonger les actions en Asie et en Europe, le retour de Donald Trump s'est accompagné de davantage de certitudes. Le dénouement du scrutin a été bien plus rapide, et le 47e président des États-Unis sait d'ores et déjà qu'il pourra s'appuyer sur le Sénat – espace majeur du politique aux États-Unis –, que les républicains ont également repris dans la nuit aux démocrates. Autant d'éléments qui participent à rassurer les marchés américains.
"Le fait que la victoire des républicains soit si marquée, en tout cas pour la présidence et le Sénat implique que nous n'aurons pas de période prolongée d'incertitude. (...) C'est un gros plus" du point de vue des marchés, explique Karl Haeling, de la banque LBBW.
Le dollar décolle, le bitcoin s'envole
Face à la majorité des autres devises, le dollar a d'emblée opéré un bond considérable face à l’euro – une première depuis la pandémie de Covid-19 en mars 2020 – enregistrant une hausse de 1,66 % à 1,0751 dollar pour un euro à 10 h 55 (GMT). Le Dollar Index, qui compare le billet vert à un panier de monnaies, a atteint un sommet depuis début juillet, à 105,311 points.
Mais le principal mouvement financier de la journée se situe du côté du marché des cryptomonnaies, auxquelles Donald Trump s'est montré très favorable pendant sa campagne : le bitcoin a battu mercredi un nouveau record, s'envolant à plus de 75 000 dollars (en hausse de 8 %).
En juillet dernier, le candidat républicain était à la Bitcoin Conference, promettant de "faire des États-Unis la capitale mondiale du bitcoin", de simplifier les règles des cryptomonnaies et de limoger le président de la Securities and Exchange Commission (SEC - l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers), très hostile aux cryptomonnaies.
Sur le marché obligataire, où s'échange la dette déjà émise, le taux d'intérêt des emprunts de l'État américain bondissait également mercredi à mesure que les résultats de la présidentielle se précisaient. Le signe, selon Stephen Dover, directeur du Franklin Templeton Institute, que le marché s'attend à une "croissance plus forte et peut-être une inflation plus élevée". Une combinaison, dit-il, qui pourrait "ralentir, voire stopper" les réductions de taux prévues par Fed.
Selon la banque centrale américaine (Fed), la hausse des actions américaines et du dollar est logique, les investisseurs anticipant une baisse de l'imposition des sociétés et une meilleure performance économique. Mais certains marchés se méfient aussi de l'inflation à laquelle pourrait mener la politique économique défendue par Donald Trump.
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Pressions inflationnistes
Dans un second temps, estime Gordon Shannon, gérant de portefeuille chez TwentyFour Asset Management, l'attention des marchés devrait en effet "se porter sur les conséquences inflationnistes des tarifs douaniers et de la baisse de l'immigration".
Comme précise par ailleurs le macroéconomiste Alexandre Gauthy auprès du média luxembourgeois spécialisé Paperjam, "les effets d’une administration Trump 2.0 se feront surtout ressentir en matière d’inflation. Ses propositions visant à restreindre l’immigration et à instaurer des taxes à l’importation tous azimuts entraîneront une hausse des pressions inflationnistes".
Le futur président républicain veut en effet les faire remonter entre 10 et 20 % pour l'ensemble des produits entrant aux États-Unis, et surtaxer jusqu'à 60 % ceux venant de Chine voire 200 % pour certains types de biens.
"Les promesses budgétaires de Trump sont très inquiétantes – pour l'économie américaine et pour les marchés financiers mondiaux – car elles promettent d'augmenter considérablement un déficit déjà excessif tout en menaçant de saper des institutions clés", écrit Erik Nielsen, chef conseiller économique chez UniCredit. "Trump représente une menace sérieuse – et jusqu'à présent largement sous-estimée – pour le marché du Trésor américain et, par conséquent, pour la stabilité financière mondiale."
Avec AFP et Reuters