JO 2024 (boxe): "Ça va être grandiose", Oumiha et Bennama s ...

Billal Bennama et Sofiane Oumiha se sont qualifiés à quelques minutes d’intervalle, ce dimanche, pour la finale des Jeux olympiques de Paris 2024 de leur catégorie. Les boxeurs toulousains viseront l’or dans le cadre mythique de Roland-Garros, mercredi et jeudi. De quoi leur mettre des étoiles dans les yeux.

Rafael Nadal va leur prêter son jardin, le temps d’une soirée qui peut changer leur vie. Sofiane Oumiha et Billal Bennama se sont qualifiés ce dimanche pour la finale de leur catégorie aux Jeux olympiques de Paris 2024. À quelques minutes d’intervalle, les deux Toulousains ont remporté leur demie respective dans l’effervescence de l’Arena Paris Nord de Villepinte, à une demi-heure au nord-est de la capitale. En -51kg, Billal Bennama a battu le Dominicain Yunior Alcantara Reyes, juste avant que Sofiane Oumiha domine le Canadien Wyatt Sanford chez les -63,5kg. De quoi s’ouvrir les portes des finales qui se disputeront dans le cadre prestigieux de Roland-Garros.

"Je suis en quête de quelque chose de grand. C’est la carotte Roland-Garros, savoure Oumiha. Quand on est allé voir la salle, je me suis dit: ‘Wouah, j’aimerais trop!" Et là, j’y suis. À Villepinte, on est à 6.000 places, là-bas c’est 15.000. Si y a du brouhaha et des supporters comme ça, ce sera juste ouf. Ça ne referme pas encore la plaie de Tokyo (il avait perdu au premier tour alors qu’il était favori), ni celle de Rio (médaillé d’argent). Je sais ce que ça fait de perdre une finale et d’en gagner une. Mon choix est vite fait (sourire)."

"On a l’habitude que Roland-Garros soit calme…"

Même euphorie chez Bennamma, dont la finale est prévue jeudi à 22h34. Ce grand amateur de tennis va vivre un moment unique sur le court Philippe-Chatrier. "Moi qui suis beaucoup Roland-Garros, là j’y serai en tant que boxeur en finale des Jeux. C’est énorme", s’enthousiasme le combattant de 26 ans. "Ça concrétise des années de travail, avec des hauts et des bas. Les JO, c’est la plus grande compétition au monde. Je n’ai pas les mots. Le public français est énorme, on se doit de tout donner pour eux."

Sofiane Oumiha, qui combattra mercredi (également à 22h34) pour le plus grand titre de sa carrière, n’a jamais assisté à un match dans le temple du tennis français. Mais il s’attend à une chaude ambiance autour du ring installé sur le Central: "Depuis le départ, les supporters sont là. On a l’habitude que Roland-Garros soit calme avec le tennis. On va voir ce que ça va donner avec la boxe, j’ai hâte d’y être. On essaie de faire le maximum sur le ring et le public nous le rend bien."

Yoka: "Tout le monde va perdre sa voix"

Les boxeurs français ont découvert Roland-Garros en mode noble art lors d’une conférence de presse. Ils savent à quel point le cadre est majestueux. Leur staff également. "Ça va être quelque chose de grandiose, sourit Malik Bouziane, l’entraîneur de l’équipe de France masculine. On est impatients. Ça va être une première pour nous aussi. J’ai fait d’autres Jeux, j’ai été dans pas mal de pays, mais en France, c’est exceptionnel. Le public est acquis à notre cause. Ils jouent le jeu. C’est quelque chose d’exceptionnel pour nous. Il y aura beaucoup plus de monde à Roland-Garros et ce sera une finale. On espère que le public sera au rendez-vous et pourra nous pousser encore davantage."

Tony Yoka connaît bien l’ivresse d’un combat de boxe au royaume de la balle jaune. En décembre dernier, le poids lourd français a affronté le Belge Ryad Merhy à Roland-Garros. Et même s’il s’est incliné aux points, il en garde un excellent souvenir. Il s’attend d’ailleurs à une ferveur encore plus grande pour Billal et Sofiane, qu’il vient soutenir à chaque fois depuis le début de ces JO 2024. "C’est incroyable. Ça va être une ambiance mythique. C’est presque trois fois plus grand qu’à Villepinte. Je sais que le public va faire son boulot. Ça va être plus que pour moi, c'était un combat professionnel, là ça va être une finale olympique. Tout le monde va perdre sa voix. On sera là pour les soutenir et les supporter."

"Une ambiance pas loin d’un Foreman-Ali à Kinshasa"

Même impatience chez Brahim Asloum. Le champion olympique 2000 a commenté debout pour France TV les demies de Bennama et Oumiha, emporté par l’émotion. "C’est génial. Roland-Garros, c’est configuré comme un chaudron pour nous", confie-t-il à RMC Sport. "Même les places qui sont en haut vont surplomber leur ring. Et si le public est comme depuis le début des Jeux olympiques, c’est un peu prétentieux ce que je vais dire, mais on aura une ambiance pas loin d’un Foreman-Ali à Kinshasa (en 1974). Cette ambiance dingue. On peut vivre ça sur le Central."

Attention tout de même à ne pas se laisser griser. Bennama et Oumiha vont devoir rester focus, malgré le vacarme et l’enjeu. "Un rien peut dérégler une machine, donc il ne faut pas un trop-plein d’émotion", résume Asloum. "Il faut savoir le gérer. Sofiane a déjà fait une finale olympique, au Brésil devant un Brésilien. Ça lui a donné de l’expérience. Il saura aborder cette finale à Paris. Pour Billal, ce sera un peu la découverte. On sent un peu d’euphorie chez lui. Il faut qu’il redevienne focus, une fois qu’il aura savouré. Ce qui me rassure, c’est que les deux ont les armes. Ils maîtrisent leur sujet. S’ils sont dans un bon jour, ça va le faire."

En décrochant l’or à un jour d’intervalle, les deux Toulousains peuvent écrire l’une des plus pages de l’histoire de la boxe française. Tony Yoka, sacré en 2016 au Brésil, s’en réjouit: "Je suis content parce qu’après Rio, il y a eu un gros engouement autour de la boxe et c’était retombé un peu avec Tokyo. Là, c’est la 'team renaissance'. Ils montrent que la boxe n’est pas morte en France. Maintenant, on veut de l’or".