Bertrand Blier vu par son père Bernard Blier INA

Bertrand Blier disparu le 21 janvier 2025 à l'âge de 85 ans avait réalisé une vingtaine de films. Né le 14 mars 1939, il a mené une carrière de réalisateur, d'écrivain et d'auteur de pièces de théâtre prolifique. Il avait été révélé en 1974 avec le filmLes valseuses, une comédie satirique, aux dialogues crus qui auraient sans doute du mal à passer de nos jours. Doté d'un humour noir décomplexé, il abordait des thèmes profonds comme le sens de la vie, la mort et le désir sans se prendre au sérieux. Bertrand Blier avait remporté l'Oscar du meilleur film étranger en 1979 pour Préparez vos mouchoirs.

Le réalisateurétait le filsdeBernard Blier (1916-1989), un comédien qui avait tourné avec les plus grands réalisateurs entre les années1930 et les années 1980. On peut citer Le cave se rebiffe ou Les Tontons flingueurs, dialogués par Michel Audiard. Pour son premier long-métrage, Bertrand Blier avait dirigé son propre père dans Si j'étais un espion, sorti en 1967. Bernard Blier joua également dans trois longs-métrages réalisés par son fils, parmi lesquels on peut noter Buffet froiden 1979.

Mais que pensait son célèbre papa de la carrière de réalisateur de son fils ? En 1981, Gérard Holtz interrogeait l'acteur sur ce point.

« C'est un très bon metteur-en-scène d'acteurs »

Bernard Blier commençait par assurer qu'il n'avait jamais aidé son fils à se lancer dans le cinéma : « La seule chose que j'ai pu faire pour lui, c'est de lui éviter de frapper à des mauvaises portes. Je l'ai présenté à un assistant très important qui était l'assistant deHenri-Georges Clouzot, de René Clair, qui s'appelle Serge Vallin. Et il a fait ses stages avec lui. C'était un redoutable assistant, à tel point qu'après, il a pratiquement fallu l'envoyer au "sana", tellement il en a bavé, plaisantait-il, mais c'est tout ce que j'ai pu faire pour lui. »

La passion de son fils était née hors des plateaux, d'ailleurs l'acteur racontait ensuite qu'enfant, son fils ne venait jamais le voir sur les tournages, d'où son étonnement lorsqu'il avait voulu entrer dans le monde du cinéma : « Je ne m'attendais pas du tout à cette évolution parce qu'il a fait des études absolument normales, plutôt bonnes. Meilleures que les miennes en tout cas ! Et puis, un jour, il a décidé de faire du cinéma, d'écrire et j'étais ravi. »

L'une des grandes fiertés de Bernard Blier, c'est d'avoir tourné sous la direction de son fils devenu réalisateur : « Ça s'est passé très normalement. Dans le premier film qui s'appelait "Break down", il y a eu des problèmes, mais qui n'ont rien à voir avec le réalisateur. » Cette déconvenue n'avait pas empêché le comédien de récidiver, nous l'avons vu, à trois reprises, et d'expliquer : « Mais sinon, je tourne avec lui comme je tournerais avec un autre réalisateur. Ça me plait beaucoup plus, parce que d'abord, c'est un très bon metteur-en-scène d'acteurs. » Il ajoutait avec tendresse, « et puis, parce que je le vois un peu plus que l'habitude. C'est tout... »

La difficulté à être « un fils de... »

Bernard Blier reconnaissait que pour son fils, cela avait dû être tout de même « une gêne » que son père soit un acteur connu : « J'ai pû l'aider au départ, mais après, il ne m'en a jamais parlé. Je suis persuadé qu'il a dû avoir des problèmes dans la mesure où il tombait sur des gens qui lui disaient : "toi t'es un fils à papa". Oui, je crois que c'est en général un handicap, mais pas terrible hein. » Etde conclure : « c'est un grand metteur en scène, il est au top niveau maintenant. »

Un fils admiratif

Après cette interview surprise, Bertrand Blier, reçu dans l'émission « L'invité du jeudi », réagissait aux propos de son père. À commencer par ceux concernant ses études « brillantes », un peu surestimées selon lui. « Ça, je ne suis pas d'accord, mais ça vient peut-être du fait que les miennes étaient meilleures que les siennes ».

Bertrand Blierconfiait que leurs rapports acteur-réalisateur étaient très simples grâce au talent de son père, « parce que c'est un bon acteur. Il ajoutait, vous savez, diriger un bon acteur, même si c'est son père, c'est sans problème. On a de la pudeur dans la vie privée, mais pas quand on exerce notre métier. On se défoule totalement. Je crois que mon père l'a prouvé plus que moi. Moi, je commence. »