Nouveau Premier ministre : l'hypothèse Bayrou, « une manœuvre ...

Après l’échec de Michel Barnier, François Bayrou peut-il être ce Premier ministre capable de trouver une voie de passage dans cette Assemblée sans majorité ? Alors qu’Emmanuel Macron poursuit, ce lundi, ses consultations à l’Élysée avec les écologistes et les communistes, la possibilité de voir le maire de Pau s’installer à Matignon reste une piste.

« À ce stade, l’hypothèse la plus crédible, c’est Bayrou », observe ce cadre de la Macronie. La plus crédible parce que, vu du bloc central, le président du MoDem semble le plus à même d’obtenir le seul gain politique encore à portée de main pour l’ex-majorité présidentielle : une non-censure du Parti socialiste, des Verts et des communistes. Et ce, pour mieux les décrocher de LFI avec qui le torchon brûle déjà sur les suites à donner à la censure de Michel Barnier.

« Qui est le mieux placé pour obtenir la neutralisation du PS ? La clé, c’est le PS »

« Neutralisation »

Et cet objectif est d’autant plus important que si François Bayrou entre à Matignon, la gauche ne devrait pas l’accompagner au gouvernement. Sur ce point, Boris Vallaud, le député des Landes et président du groupe PS à l’Assemblée nationale, a été très clair auprès de « Sud Ouest » ce lundi matin : « François Bayrou, c’est le bloc central. Donc s’il est nommé Premier ministre, le Parti socialiste ne participera pas à son gouvernement. » Et il ne faudra pas attendre une autre réaction des Verts et des communistes. Quant aux Insoumis, la question ne se pose évidemment pas.

Dès lors, c’est bien dans la non-censure que devrait se jouer la survie d’un gouvernement Bayrou. À la condition, bien entendu, qu’il tende la main aux partis de gauche. Ce qui suppose qu’il n’aille pas chercher son point d’équilibre du côté du RN, comme l’a fait Michel Barnier. Voilà pourquoi le profil de François Bayrou est regardé avec un peu plus d’intérêt par la gauche qu’un candidat comme Sébastien Lecornu, le ministre des Armées démissionnaire.

À gauche, personne n’a oublié qu’avant de rejoindre Emmanuel Macron en 2017, le locataire de l’hôtel de Brienne émargeait à droite, chez les Républicains. Dans le camp macroniste, on résume la situation ainsi : « Lecornu pourrait être tenté de dialoguer, lui aussi, avec la RN. La question, c’est : qui est le mieux placé pour obtenir la neutralisation du PS ? La clé, c’est le PS. »

« Tout ceci n’est qu’une manœuvre pour fracturer le NFP en vue d’une dissolution en 2025 »

« Un signal désastreux »

Toutefois, cette « neutralisation », qui se traduirait par une non-censure du budget, aura un prix. En effet, alors que la gauche continue de revendiquer le pouvoir – sans trop d’illusion – un Premier ministre nommé François Bayrou ne pourra espérer s’en sortir sans de solides concessions. Dans les rangs du PS, on ne le cache pas : « On ne se contentera pas d’un hochet. »

Toutefois, ce qui apparaît comme une ouverture est à relativiser. « Si François Bayrou est nommé, le signal politique sera désastreux, souligne Nicolas Thierry, le député écologiste de Bordeaux. Il incarne le macronisme depuis sept ans. » Pour l’élu girondin, l’heure n’est donc pas à attendre d’hypothétiques concessions du bloc central : « Notre priorité est d’avoir une position commune au sein du NFP, car tout ceci n’est qu’une manœuvre de diversion pour fracturer le NFP en vue d’une dissolution en 2025. » Si l’option Bayrou est toujours d’actualité, elle n’en reste pas moins fragile.