Immigration: Bayrou critiqué de gauche à droite pour sa déclaration ...
Le Premier ministre a dénoncé ce lundi 27 janvier un "sentiment de submersion" migratoire. "On a beaucoup de constats et très peu d'actes", s'agace Marine Le Pen. Mathilde Panot juge de son côté qu'un "Premier ministre ne devrait jamais dire ça".
Des mots qui suscitent la controverse de la gauche jusqu'au Rassemblement national (RN) en passant par ses propres soutiens. Les propos du Premier ministre François Bayrou ce lundi soir, s'inquiétant d'un "sentiment de submersion" migratoire, ont été vivement critiqués, à commencer par Marine Le Pen.
"Il faut qu'il soit conscient qu’il n’est ni psychiatre ni prêtre et que donc sa parole ne guérit pas", a tancé l'ex candidate à la présidentielle au micro de BFMTV ce mardi 28 janvier au matin.
"Le sentiment de ne plus reconnaître votre pays"
"Ce que l'on attend de lui, c'est des actes qui suivent les constats. Pour l'instant, on a beaucoup de constats et très peu d'actes", a encore avancé la députée du Pas-de-Calais.
Interrogé sur LCI la veille, François Bayrou a jugé que la France "approche" d'un "sentiment de submersion" en matière d'immigration. "Je pense que les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion", a encore avancé le centriste.
"Mais dès l'instant que vous avez le sentiment d'une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, les modes de vie ou la culture, dès cet instant-là vous avez rejet", a-t-il ajouté, en estimant "qu'on approche" de ce seuil.
Matignon assume totalement ces propos: "François Bayrou perçoit ce sentiment des Français, ce n'est pas ce qu'il pense lui mais c'est ce qu'on lui dit sur le terrain. Il faut sortir de ce parisianisme, c’est ce que les gens ressentent", explique son entourage à BFMTV.
Un projet de loi immigration au point mort
Mais ce positionnement ne pousse cependant pas François Bayrou à vouloir plancher sur un référendum sur l'immigration. Cette demande récurrente de la droite et l'extrême droite avait été relancée fin décembre après qu'Emmanuel Macron eut évoqué dans ses vœux pour 2025 la possibilité de consulter les Français, sans plus de précisions.
L'article 11 de la Constitution restreint les sujets qui peuvent en faire l'objet, en excluant ainsi la politique migratoire, rendant de fait improbable un référendum sur le sujet.
Quant à un projet de loi immigration, un an à peine après une loi sur le sujet, il est pour l'instant au point mort. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau milite désormais pour plusieurs propositions de loi plus faciles à faire adopter dans une Assemblée nationale très fragmentée.
En déplacement vendredi dans les Yvelines, il a présenté aux préfets une nouvelle circulaire qui restreint la possibilité d'accorder des titres de séjour exceptionnel, un outil utilisé pour régulariser notamment des travailleurs sans-papiers présents depuis plusieurs années en France.
"Utiliser directement les mots d'Éric Zemmour"
"Le peuple français s'est mobilisé massivement pour priver l'extrême droite du pouvoir aux législatives. Utiliser directement les mots qu'Éric Zemmour utilisait pendant la présidentielle est indigne d'un Premier ministre", regrette de son côté Mathilde Panot lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale ce mardi.
"Un Premier ministre ne devrait jamais dire ça", avance encore la présidente des députés la France insoumise.
Le patron du Modem a repris une expression jusqu'ici relativement peu utilisée dans le camp présidentiel mais très courante dans le camp du Rassemblement national et des Républicains.
Si les propos tenus par le Premier ministre sont très proches de ceux de son discours de politique générale, où il avait évoqué "une question de proportion" du nombre d'immigrés en France, ils étaient passés relativement inaperçus.
Yaël Braun-Pivet "gênée"
Mais cette fois-ci, ils font tousser une partie de la macronie comme la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
"Je n'aurais jamais tenu ces propos et ils me gênent", a jugé la macroniste sur BFMTV ce mardi matin.
"On parle d'hommes et de femmes, on parle de notre pays, la France, qui, de par son histoire, de par sa géographie, de par sa culture, a toujours accueilli et s'est construite avec cette tradition-là", a encore jugé la députée des Yvelines.
Marie-Pierre Bourgeois