François Bayrou peut-il revenir à l'Éducation nationale, trente ans ...
Les arguments en faveur de Bayrou
Si le nom du maire de Pau est aujourd’hui cité pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra, c’est d’abord parce qu’elle est aujourd’hui une ministre au bord de la rupture. Presque un mois après sa nomination, les syndicats de l’Éducation nationale ne lui ont toujours pas pardonné ses débuts catastrophiques. Et sa sortie sur la scolarisation de ses enfants dans le privé. Au motif qu’il y avait « un paquet d’heures pas sérieusement remplacées. » Une petite phrase qui est d’autant moins passée, qu’elle a été remise en cause par l’enseignante du fils aîné de la ministre ; l’institutrice assurant à Libération qu’elle n’a jamais été absente. Depuis, la ministre doit aussi répondre d’accusations de mensonge.
Alors que les syndicats réclament sa démission, l’arrivée de François Bayrou apporterait une réponse forte de la part de l’exécutif. D’abord parce que le président du MoDem connaît très bien le poste pour l’avoir occupé durant 4 ans entre 1993 et 1997. « Ensuite, souligne ce cadre de la majorité, parce que sur l’éducation, Bayrou tient un discours cohérent. Il pourrait être un facteur apaisant. » Mais si son nom revient avec autant d’insistance, c’est que l’intéressé militerait, lui aussi, pour retrouver la rue de Grenelle. « De ce qu’on comprend, il voudrait revenir », souligne-t-on dans la majorité. Mais du côté du MoDem, on rappelle : « On n’a pas l’habitude de quémander ! » Une certitude : dans la mesure où tous les ministères clés ont déjà été pourvus, et qu’il n’est pas envisageable que François Bayrou se contente d’un poste de ministre délégué et encore moins de secrétaire d’État, la seule possibilité pour lui de retrouver un ministère plein et entier, c’est de remplacer Amélie Oudéa-Castéra.
Pourquoi ça coincerait ?
Au-delà des d’arguments en faveur de François Bayrou, son profil pourrait aussi ne pas correspondre aux attentes d’Emmanuel Macron. Si le chef de l’État a nommé Gabriel Attal à Matignon, faisant de lui, à 34 ans, le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Ve République, c’est d’abord pour porter un projet « de régénération ». À 72 ans, François Bayrou peut-il incarner un tel positionnement ?
Ensuite, le maire de Pau n’a pas caché ses réticences quant à la nomination de Gabriel Attal à Matignon. Ce n’est pas un mystère, il préférait Julien Denormandie, autre proche du chef de l’État. « Ça n’a pas d’importance, tranche ce cadre de la majorité. La question, c’est Macron acceptera-t-il ou pas ? Rien d’autre. » Et ce, quoi qu’en pense Gabriel Attal.
Deux autres éléments sont aussi à prendre en compte. Le premier : Amélie Oudéa-Castéra est une proche d’Emmanuel Macron. Ils ont fait l’ENA ensemble. Comme ces sept dernières années l’ont montré : le chef de l’État n’aime pas se séparer de ses ministres. « Et encore moins sous la pression », observe ce député Renaissance. Le voir congédier AOC serait donc un aveu d’échec cuisant.