Discours de politique générale : que faut-il retenir des annonces de ...
Dans son discours face aux députés mardi 14 janvier, le Premier ministre a rappelé vouloir ramener le déficit public de la France sous les 3 % en 2029, “conformément aux engagements européens”. Les questions migratoire et agricole ont également été abordées. Retrouvez l’essentiel des déclarations formulées par le chef du gouvernement.
Face à un hémicycle prêt à réagir à chacune de ses déclarations, le nouveau chef du gouvernement s’est livré ce mardi 14 janvier à l’exercice périlleux du discours de politique générale. Après avoir longuement évoqué la question du surendettement du pays, François Bayrou a mentionné les grands chantiers qu’il souhaitait ouvrir ces prochaines semaines. Retour sur les principales annonces du nouveau Premier ministre lors de cette allocution particulièrement scrutée.
Objectif de déficit de 5,4 % en 2025 et sous les 3 % en 2029
François Bayrou était particulièrement attendu sur les questions budgétaires, alors que le gouvernement doit trouver une solution à un problème inédit. “Depuis la guerre la France n’a jamais été aussi endettée qu’elle ne l’est aujourd’hui”, a très vite annoncé le Premier ministre. La “dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social”, a -t-il poursuivi. Face à l’urgence, le nouveau chef du gouvernement, en poste depuis le 13 décembre 2024, a annoncéavoir fixé un objectif de déficit établi à 5,4 % du PIB en 2025 et sous les 3 % en 2029, “conformément aux engagements européens”.
L’Union européenne impose aux Etats membres le respect de deux critères depuis le début des années 1990 : ne pas dépasser 3 % du PIB pour le déficit public et 60 % du PIB pour la dette publique. Inscrites dans le Pacte de stabilité et de croissance, ces règles ont été révisées en avril 2024. En annonçant l’objectif de passer sous la barre des 3 % dans quatre ans, le Palois utilise ainsi l’une des flexibilités introduites dans la réforme de ce pacte, qui prévoit plus de temps pour revenir à une trajectoire financière conforme aux objectifs de l’UE.
La France et l’Union européenne, des destins liés
Le Premier ministre n’a pas tardé non plus à évoquer la nécessité pour l’Union européenne de “devenir une communauté stratégique, une puissance politique et de défense”, à la seule condition de “[se] définir et [s’]affirmer ensemble”.
En égrenant les noms de personnalités politiques françaises qui ont marqué l’histoire du Vieux-continent (Charles De Gaulle, Jean Monnet, Robert Schuman, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand ou encore Jacques Delors), le locataire de Matignon a rappelé que “l’indépendance de la France [dépendait] de celle de l’Europe, et réciproquement”. “La prospérité de la France dépend de celle de l”Europe capable, si elle veut devenir le premier marché de la planète [technologie, industrie, agriculture] à égalité avec les Etats-Unis et la Chine” a-t-il complété. Pour y parvenir, François Bayrou veut s’inspirer des recommandations du rapport rédigé par l’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi sur la compétitivité. “Nous devons nous battre tous ensemble pour un investissement à la hauteur de nos besoins”, a-t-il martelé. C’est pas exemple le cas de la politique industrielle et numérique de la France, et tout particulièrement de l’intelligence artificielle dans laquelle le chef du gouvernement veut investir pleinement. “Nous sommes des géants de la recherche informatique, ne nous laissons pas devenir pas des nains de la nouvelle économie”, s’est-il réjoui.
Le Premier ministre a également mis en exergue le rôle central de l’UE dans les équilibres mondiaux et la nécessité de sortir des “ferments inutiles de divisions” et du “nouveau désordre mondial qui menace tous les équilibres et est incarné par un certain nombres de figures”, pointant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le conflit qui sévit à l’est du Vieux Continent depuis le 24 février 2022.
Contrôler l’immigration
L’immigration fait également partie des sujets mis sur la table par le chef du gouvernement. François Bayrou a profité de son discours de politique générale pour saluer le récent Pacte européen sur la migration et l’asile, dont la transposition “est nécessaire”, selon ses mots. Adopté en mai 2024, il prévoit notamment de renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’Union européenne. “Si nous ne résolvons pas cette question [de l’immigration], toutes nos déclarations d’intention seront vaines”, estime-t-il, rappelant que 93% des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ne sont pour l’heure pas exécutées. C’est pourquoi le comité interministériel de contrôle de l’immigration sera notamment restauré au plan national.
Il a par ailleurs évoqué la situation de Mayotte. Selon lui, la présence de nombreux immigrants illégaux fragilise la situation de l’archipel. “Il est de la responsabilité du gouvernement de faire respecter l’ordre à Mayotte et en métropole”.
Soutenir l’écologie et l’agriculture
Le Premier ministre a aussi mentionné les questions environnementales au cœur du Pacte vert déployé par l’UE depuis 2019. “L’écologie, contrairement à ce que certains pensent, n’est pas le problème, c’est la solution”, a rappelé le dirigeant de 73 ans. “Cette adaptation, la France l’a commencé mieux qu’aucun pays du monde”, a-t-il accentué, avant d’expliquer qu’il entendait “amplifier les efforts en la matière”, citant notamment le nucléaire et la géothermie. “Cette ardente obligation doit être poursuivie pour planifier la transition en finalisant notre stratégie bas carbone, préserver notre biodiversité, produire de façon décarbonée grâce à des technologies nouvelles”.
Sur la question agricole, François Bayrou a rappelé que le principal enjeu était celui de “l’égalité des armes”. “A l’intérieur même de l’Europe, on impose à nos agriculteurs des normes et obligations qui ne sont pas imposées à nos voisins européens et je ne parle même pas de ceux qui sont très au-delà de nos frontières, en particulier en Amérique du Sud et la question est évidemment celle de l’accord avec le Mercosur”.
Retraites, proportionnelle et cumul des mandats
Parmi les autres mesures annoncées par François Bayrou figure bien entendu le brûlant sujet des retraites, considéré comme “vital” en raison du “lourd problème de financement de notre système de retraites”. Face aux contestations, il veut adopter une “méthode inédite et quelque peu radicale”. Le chef du gouvernement va demander “une mission flash à la Cour des comptes, de quelques semaines” pour obtenir des “chiffres indiscutables” sur les retraites. Une délégation permanente va voir le jour, avec les partenaires sociaux.
La question de la révision du scrutin électoral pour les futures élections législatives a aussi été abordée. “Je propose que nous avancions sur la réforme du mode de scrutin législatif”, a déclaré le chef du gouvernement, qui propose un débat sur l’élection à la proportionnelle. Selon lui, un tel mode de scrutin amènerait aussi à revenir sur la question du cumul des mandats nationaux et locaux.