« La Comtesse aux pieds nus » : cinq anecdotes sur ce classique du cinéma américain
Avant qu'Ava Gardner ne devienne Maria Vargas dans La Comtesse aux pieds nus, ce rôle a été proposé à Rita Hayworth, actrice devenue mythique à Hollywood grâce au film Gilda en 1946. Il est écrit sur mesure, s'inspirant d'une partie de sa vie. Comme Maria Vargas, Rita Hayworth, de son vrai nom Margarita Carmen Cansino, est d'origine espagnole. Son père, Eduardo Cansino, est un célèbre danseur sévillan, à la tête d'une troupe, ainsi que sa mère. Les deux parents encouragent leur fille à faire ses premiers pas dans la danse. À peine âgée de quatre ans, elle se produit au Carnegie Hall, une salle de concert prestigieuse à New York. À 17 ans, en 1935, elle participe à son premier film, Les nuits de la pampa. La relation tumultueuse qu'entretient Maria Vargas avec l'éminent producteur Kirk Edwards évoque également celle entre Rita Hayworth et Howard Hughes. Le milliardaire flamboyant menacera d'ailleurs de porter plainte contre le réalisateur.
Tous ces éléments biographiques, qui se retrouvent dans le scénario de La Comtesse aux pieds nus, auraient pu convaincre l'actrice de participer au film. Elle refusa finalement la proposition. Joseph L. Mankiewicz décide de faire passer des auditions à de nombreuses actrices, de Jennifer Jones à Elizabeth Taylor, puis choisit Ava Gardner. Une décision qui ne plaira pas à Linda Darnell, sa compagne de l'époque, qui le quitte pour ne pas lui avoir confié ce rôle.
Des tensions sur le tournage entre Ava Gardner et Humphrey BogartSi, à l'écran, Ava Gardner et Humphrey Bogart ont réussi à créer une belle alchimie, en coulisses leur relation était beaucoup plus difficile. Au moment où ils entament le tournage de La comtesse aux pieds nus, l'actrice voit son mariage avec Frank Sinatra s'effondrer. Le chanteur est très atteint par leur séparation en 1953 (il consacrera d'ailleurs un album entier à son désespoir amoureux en 1955, In The Wee Small Hours). Humphrey Bogart, ami de Sinatra, aurait alors volontairement compliqué la situation avec Ava Gardner, se plaignant à maintes reprises de son supposé manque de conviction sur le plateau de tournage. Un épisode électrique qui sera évoqué quelques années plus tard dans la biographie d'Ava Gardner. L'actrice et Frank Sinatra resteront amis malgré leur divorce en 1957, à tel point que le crooner a acheté une statue de l'actrice, réalisée pour les besoins du film par l'artiste bulgare Assen Peikov, pour l'installer dans son jardin.
Jean-Pierre Mocky, le (jeune) assistant-réalisateur de Joseph L. MankiewiczAvant de devenir le célèbre réalisateur que l'on connaît, Jean-Pierre Mocky a collaboré avec de grands cinéastes dans les années 50 : acteur chez Michelangelo Antonioni en 1952 dans Les Vaincus, il devient notamment stagiaire pour Federico Fellini pendant le tournage de La Strada et Luchino Visconti sur celui de Senso. Son nom n'est pas cité au générique de La Comtesse aux pieds nus mais il a bel et bien assisté Joseph L. Mankiewicz au moment de sa production. Il a alors 25 ans. Quoi de mieux pour apprendre les ficelles du métier que de travailler aux côtés des plus grands ?
Un tournage entre l'Italie et la FrancePour son premier film hors des studios hollywoodiens, Joseph L. Mankiewicz pose ses bagages en Italie et va tourner dans les studios mythiques de la Cinecittà, à Rome. C'est là-bas qu'il tournera en 1961 le monumental Cléopâtre avec Elizabeth Taylor, toujours considéré à ce jour comme l'un des films les plus chers de l'histoire du cinéma. Portofino, Rapallo, Sanremo et Tivoli serviront également de décors. Le tournage du film se permettra aussi un détour par la France, du côté de Menton pour représenter aux spectateurs la Riviera française.
Un film qui influence encore les artistes d'aujourd'huiLa Comtesse aux pieds nus a été considéré dès sa sortie en 1954 comme un très grand film, permettant notamment à Edmond O'Brien de remporter l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Le réalisateur français Bertrand Tavernier a décrit dans les années 90 le long-métrage comme le « combat désespéré d’une héroïne à l’inutile splendeur contre un monde sordide » et ce récit semble encore inspirer les artistes d'aujourd'hui. En 2012, pour le clip de sa chanson « Carmen », Lana Del Rey utilise des images de La Comtesse aux pieds nus. Une manière d'appuyer la mélancolie puissante de ce morceau et de signifier l'intemporalité du film dans ses thématiques.