Aurore Bergé rouvre le dossier du congé parental
Publié le 26 juil. 2023 à 17:28Mis à jour le 26 juil. 2023 à 18:19
Tout juste nommée ministre des Solidarités, Aurore Bergé rouvre le débat sur le congé parental qu'elle considère trop peu utilisé et trop souvent à contrecoeur par des mères, faute de solution de garde. « Pourquoi ne pas réfléchir ensemble à un congé parental plus court mais mieux indemnisé », a-t-elle suggéré ce mercredi dans une interview à « Ouest-France ».
Il faut « rendre le dispositif plus attractif » et « ouvrir la réflexion et le chantier » sur le sujet, a confirmé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à l'issue du Conseil des ministres ce mercredi. « La durée moyenne du congé parental est beaucoup plus courte en moyenne que la durée théorique à laquelle peuvent accéder les parents », à savoir trois ans, a-t-il rappelé.
« Massacre du système social »A peine rendus publics, les propos de la ministre ont suscité critiques et indignations, notamment sur un éventuel raccourcissement du dispositif. Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, a ainsi dénoncé sur Twitter ni plus ni moins un « massacre du système social ». « En marche arrière », ironisait Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise au Palais-Bourbon. « On vous paie plus pour être moins longtemps avec votre enfant ! Ça vous dit ? » a encore ironisé le député et président du groupe socialiste, Boris Vallaud.
Le gouvernement n'en est pour le moment qu'au stade de la réflexion. « La ministre veut revoir le dispositif collectivement et il n'y a rien d'arrêté », indique-t-on dans son entourage. Le sujet fait cependant l'objet de travaux de longue date au sein de la majorité. Un rapport de l'universitaire Julien Damon et de la dirigeante d'entreprise Christel Heydemann, remis au gouvernement en 2021, avait déjà préconisé une réforme afin de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. Ils plaidaient pour un congé parental de six mois par parent beaucoup mieux rémunéré (la rémunération pouvant devenir proportionnelle au salaire antérieur, avec un plafonnement toutefois).
14 % des femmes et 1 % des hommes y ont recoursRéformé par la gauche en 2015, le dispositif qui permet d'arrêter de travailler pour s'occuper de son enfant est en perte de vitesse. Le congé avait alors été « partagé » entre les deux conjoints en vue de favoriser l'égalité hommes-femmes, ce qui s'est de fait traduit par des économies sur la prestation plutôt que par un recours accru des pères. Seulement 14 % des femmes y ont ainsi recours et moins de 1 % des pères, selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). La faute notamment à une indemnité de 429 euros par mois en moyenne. « Un montant pas du tout attractif », considère Hélène Périvier, auteure de l'étude.
Un manque d'attractivité qui impacte davantage les femmes que les hommes. En moyenne moins bien payé que leur conjoint, il est souvent plus avantageux financièrement pour un couple d'accorder le congé parental à la mère. Augmenter cette indemnité « ne peut donc aller que dans le bon sens », renchérit Hélène Périvier qui invite à « s'inspirer du modèle allemand » où l'indemnité est fixée à 65 % du salaire sur les douze mois précédant avec un plafond fixé à 1.800 euros.
L'éventuelle réforme du congé parental, trop souvent pris par défaut, faute de place dans les crèches, devrait s'accompagner de l'élargissement de l'accueil des jeunes enfants pour remédier au manque réel de solution de garde. Un aspect que la ministre n'a pas manqué de mentionner dans son interview, rappelant l'engagement du gouvernement de créer 200.000 nouvelles places dans les crèches d'ici à 2030.