Wimbledon 2024 2e tour Arthur Fils : "La fin, c'était super bizarre ...
Lorsque le grand "Hubi" s'est blessé, son adversaire a tout de suite compris que c'était sérieux. Il est passé spontanément de l'autre côté du filet et c'est lui qui l'a relevé. "Pour moi, c'était normal, raconte Fils. J'ai vu un ami. Il avait mal et ne pouvait plus bouger. Je me foutais du score. J'espérais juste que ça irait pour lui. Je voulais juste l'aider, c'est tout. J'espère que ça ira pour lui. Il m'a dit qu'il avait sen ti quelque chose dans son genou."
C'est une sacrée performance pour l'élève de Sébastien Grosjean, double demi-finaliste à Wimbledon. C'est même une perf' rare pour un joueur de 20 ans. Arthur Fils est le plus jeune joueur à battre un membre du Top 10 à Wimbledon depuis un certain Nick Kyrgios il y a dix ans, contre Rafael Nadal. "Je ne savais pas, rigole le grand espoir tricolore. Non, c'est chouette. C'est un Top 10, c'est un des meilleurs joueurs sur gazon."
Arthur Fils relève Hubert Hurkacz. Le Polonais abandonnera peu après.
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Situation complexe à gérer
Est-il surpris de sortir un tel résultat, qui plus est en Grand Chelem, face à un joueur de ce calibre ? Il croyait en lui, mais avec un "mais". "Quand je suis rentré sur le court, détaille-t-il, je voulais faire de mon mieux et essayer de lui prendre un set. Essayer de l'emmener dans des tie-breaks, pour voir. On ne sait jamais. Mais je me sentais super bien. Je jouais bien. Je gagne le premier. Après je le breake au début du deuxième set, puis je le gagne et là tu commences à te dire 'OK, je peux peut-être gagner ce match."
La suite a été moins linéaire, il convient que son niveau de jeu a baissé, jusqu'à cette fin de quatrième set où tout s'est joué, mais évidemment pas comme il l'escomptait. "La fin du quatrième set était bonne en termes de niveau de jeu, estime Fils. L'ambiance était top sur le court. Il y avait de très bons échanges. J'ai vraiment apprécié le moment, mais la fin était un peu triste, oui. Personne n'a envie de gagner de cette manière."
C'était évidemment très difficile à vivre pour Hubert Hurkacz mais la situation était également complexe à gérer pour Arthur Fils. D'abord parce qu'il lui a fallu reprendre à froid, à 7-8 contre lui dans ce tie-break. D'autre part, on sait qu'il n'est jamais simple de négocier ce type de moments, contre un adversaire à ce point diminué. Encore moins dans une fin de tie-break, potentiellement une fin de match, avec la tension que cela implique.
Hallelujah, j'ai passé la première
"C'est la première fois que j'étais face à une situation de ce genre, admet le Français. Je ne savais pas trop comment la gérer. Je crois que je m'en suis plutôt bien sorti. Je ne savais pas trop si je devais cherchais l'ace, sortir un kick, ou juste mettre la balle en jeu. J'avais peur de me retrouver sous pression sur ma seconde balle. Mais Hallelujah, j'ai passé la première (rires). J'ai joué deux très bons points, mais ce n'était pas facile. Après, il a abandonné. C'est triste, mais je suis content de la manière dont j'ai géré ces deux points."
Il y a beaucoup de choses dont il peut se satisfaire. Son match, sa qualité de jeu, sa victoire sur un Top 10, son premier troisième tour en Grand Chelem, et globalement ce qu'il montre sur gazon depuis le début de l'été. Une surface qu'il connait encore mal, mais qui semble parfaitement lui convenir, même s'il tempère l'enthousiasme sur ce point : "Ce n'est que ma deuxième saison sur herbe. OK, je joue mieux que l'année dernière, mais j'ai encore tellement de progrès à faire. Parfois, je ne sais pas trop comment je dois bouger. Je ne sais pas si je joue trop en puissance. J'ai l'impression de glisser tout le temps. Mais je suis au troisième tour."
Et après cette victoire maousse, forcément, son tableau s'ouvre quelque peu à court terme. Samedi, il fera face à Roman Safiullin, pour une place en deuxième semaine de Wimbledon. Ce serait un bon pas en avant pour lui, mais attention. Le Russe n'a pas un nom et un classement aussi ronflants que Hurkacz mais enchainer, en Grand Chelem, c'est ce qu'il y a de plus difficile. Puis n'oublions pas que Safiullin était en quarts de finale l'an dernier à Wimbledon. Lui aussi aime l'herbe. Aux yeux de beaucoup, ce ne serait peut-être pas un exploit pour Arthur Fils, mieux classé que son prochain adversaire. Mais ce serait une erreur de croire que la chose s'annonce simple.