Roland-Garros Arthur Cazaux voulait enflammer Roland : "Je me ...
Doublement malchanceux, la première fois quand il s'est tordu la cheville à Barcelone il y a six semaines, la seconde quand le tirage au sort lui a réservé un duel face au terrien tête de série numéro 20, Tomas Martin Etcheverry, Cazaux savait son réservoir limité. Il y avait de quoi faire des kilomètres mais pas se lancer dans un marathon. "Depuis un mois et demi je n'ai fait que de la rééducation pour ma cheville, rappelle-t-il. C'était un peu le rush. J'aurais préféré arriver avec plus de matches et être mieux préparé mais c'était déjà une petite victoire de participer".
Cazaux avait rendez-vous avec le public français
Preuve qu'il est passé dans une nouvelle dimension, pas encore la galaxie des champions mais celle des Français que l'on veut mettre en avant, Cazaux avait les honneurs du Suzanne-Lenglen, couvert pour l'occasion sous la météo automnale de la fin de ce mois de mai. "J'étais content de fouler ce Lenglen plein à craquer avec une ambiance de fou", a-t-il d'ailleurs souri même s'il aurait aimé emmener le public encore plus loin.
Puisqu'il avait percé à Melbourne et de nuit la plupart du temps, décalage horaire oblige, Cazaux restait un joueur que le grand public voulait connaître. Celui-ci l'avait d'ailleurs compris, avançant que "ça lui tenait à coeur de montrer aux Français qu'il pouvait leur transmettre des choses en direct". La foule a pu voir ce mardi les atours d'un showman. La preuve avec cette course folle pour remettre une balle impossible qui s'est achevée par un carton dans les panneaux publicitaires et une petite frayeur pour sa cheville touchée à Barcelone :
"J'étais tellement dans l'euphorie, je me suis dit 'tu peux l'avoir', raconte-t-il. Je m'en suis voulu parce que je me suis dit, 'Arthur, pour le show vas-y, va la chercher, on ne sait jamais'. C'est ma philosophie, je n'aime pas laisser passer les balles, même si je suis à la rue. Je n'ai pas fait gaffe au panneau, je me le suis mangé plein fer. J'ai tapé sur le côté de ma cheville mais plus de peur que de mal."
Ici, c'est comme un match de foot
C'est ça Arthur Cazaux. Un joueur bourré de talents et dont les qualités "matchent" bien avec ce que le public attend. Il est ce gamin qui ne va jamais sur les réseaux sociaux après les matches, pas pour éviter les insultes dont "il [se] fout", mais qui y jette tout de même un oeil quand il a réussi un coup grandiose, "pour voir s'il tourne". Rien de tout ça ce mardi malheureusement même s'il a bien résisté à Tomas Martin Etcheverry (3-6, 6-2, 6-1, 6-4).
Cazaux : "J'ai commencé le tennis grâce à Rafa"
Le réservoir, comme on l'a dit, était à peine à moitié plein. Les deux premiers sets, anormalement longs pour ces scores (3-6, 6-2 en 1h45), lui ont coûté et l'ont même contraint à faire appel au kiné pour soigner des crampes. "J'ai demandé du sel, du jus de concombre", rigolait-il en conférence de presse. "J'ai lutté avec le fait que mes jambes ne répondaient pas, complète-t-il encore. Le public l'a senti et au milieu du 4e quand je me fais breaker, ils ont mis encore plus de voix. C'est quelque chose qui m'anime, j'adore ça. J'ai réussi à mettre de l'intensité, j'étais rôti mais j'ai réussi à passer au-dessus de la douleur. Ils ont été incroyables avec moi aujourd'hui, je ne peux que les remercier."
Si Arthur Cazaux arrive à confirmer ce qu'il avait fait en Australie en début de saison, les rendez-vous avec le public de Roland-Garros seront nombreux, et ça tombe bien, le Montpelliérain aime ce qu'il trouve Porte d'Auteuil. "Ici, l'atmosphère est géniale. C'est comme un match de foot. Je sais que certains joueurs n'aiment pas ça, mais moi j'adore ça, vraiment". Comme un match de foot dont il serait le joueur qui fait lever les foules avec un petit pont, l'équivalent, sans doute, à ses yeux d'un tweener gagnant.