Open d'Australie 2024 : Jusqu'où ira Arthur Cazaux, bête noire de ...
Peut-on garder les pieds sur terre après avoir achevé la tête de série numéro 8 d’un passing de revers qu’on croirait sorti tout droit de la raquette de Rafael Nadal ? C’est la question à laquelle devra répondre le Français Arthur Cazaux, tombeur ce jeudi d’Holger Rune au 2e tour de l’Open d’Australie au terme d’un match en quatre sets complètement maîtrisé (7-6, 6-4, 4-6, 6-3). Un résultat qui s’inscrit dans la lignée du bon début de quinzaine du tennis français en Australie, quoi qu’on puisse regretter la défaite d’Arthur Fils contre Tallon Griekspoor (futur adversaire de Cazaux) un peu plus tôt dans la matinée. Celle-ci nous prive d’un derby Arthuresque et de la certitude d’une présence française en 8es de finale.
Pour sauver l’honneur des Arthur, le virtuel 101e mondial devra écarter un client certes moins fort sur le papier mais non moins coriace. Dans nos souvenirs du dernier Masters 1000 de Bercy, Griekspoor était tout près d’éliminer Novak Djokovic, alors intouchable. Charge à Cazaux de prouver au tour suivant que l’élimination de Rune était plus qu’une simple relique de leurs vieilles habitudes chez les jeunes – où le Français l’avait battu cinq fois sur six.
« Il n’a pas de faiblesses »
Difficile de ne pas être tenté de faire le lien entre le passif entre les deux jeunes hommes et la manière dont Cazaux est rentré dans le crâne de son adversaire, bien avant le début du match. Avec du recul, les propos de Rune en conférence de presse post-victoire au premier tour suintaient une méfiance démesurée à l’égard d’un bonhomme classé 114 places plus bas. Ou la lucidité, tout simplement. « Je ne l’ai pas vu jouer depuis un bon bout de temps, mais de ce que je me rappelle, il avait un bon revers, et il faisait aussi pas mal de choses avec son coup droit. […] Il me semble qu’il n’a pas vraiment de faiblesses. »
« Depuis, on a changé beaucoup de choses dans nos jeux, a modestement répondu le Français en conférence d’après victoire ce jeudi. Et Rune est devenu une superstar. »
Pendant que l’ami Holger se forgeait une réputation sur les cimes du tennis, Cazaux, lui était tapi dans l’ombre du circuit challenger, où il a passé le gros de l’année 2023. Pas un drame en soi, bien au contraire : sur le circuit secondaire, Arthur Cazaux a pu goûter aux joies de la continuité, par opposition à 2021 et 2022, années marquées par des grosses blessures (déchirure aux abdos, pubalgie).
Celles-ci l’avaient empêché de défendre son statut d’étoile montante après sa finale à l’Open d’Australie juniors, il y a quatre ans. En Challenger, il a gagné trois titres et perdu une poignée de finales, dont une contre Andy Murray à Nottingham, au printemps dernier, « une super expérience ». Et avant Melbourne, il s’est imposé à Nouméa en roulant sur Couacaud en finale (et Paire en quarts), faisant de lui un homme invaincu en 2024. Et ce n’est pas un hasard.
« Il a pas mal bossé physiquement en fin de saison, pendant le Masters Next Gen [qu’il était déçu d’avoir manqué de peu] et après, donc entre fin novembre et décembre, nous dit Philippe Reboul, capitaine de la Pro Team du Stade Toulousain, pour qui Cazaux joue en Interclubs quand il le peut. Il a suivi une grosse préparation physique. »
Aussi fort physiquement qu’Arthur Fils
Un travail de fond très rigoureux effectué avec la bénédiction de son coach Stéphane Huet et visible à l’œil nu. En deux ans, il a pris en muscle au point d’entrer dans la catégorie très beau bébé, un physique dont il joue beaucoup sur Insta et Tik Tok, même s’il lui sert avant tout à balancer des aces à 220 sur la tronche de ses adversaires. Mais plus que ses pectoraux saillants, c’est la caisse du bonhomme, très à son avantage défensivement face à Rune, qui impressionne depuis l’adolescence.
Avec Arthur Fils, on a les meilleurs résultats [aux tests], racontait Cazaux à l’AFP. J’ai toujours eu des prédispositions physiques. Sur les tests de vitesse, endurance, je suis premier. Je l’ai été aussi au Masters NextGen. »
Injouable en défense, donc, le Toulousain est encore perfectible sur son jeu d’attaque. Face à Rune, il s’est parfois montré hésitant au moment de monter au filet pour conclure. La ligne de fond reste pour l’heure sa meilleure alliée. « Ce qu’il essaie de travailler avec Stéphane Huet, poursuit Reboul, c’est de prendre la balle plus tôt par moments, de venir un peu plus à la volée pour terminer, parce qu’il est assez adroit et qu’il prend de la place au filet. Il va améliorer progressivement le jeu vers l’avant. »
Pour le reste, il n’y a pas grand-chose à redire sur la filière technique du Français, qui devrait lui permettre d’atteindre aisément son objectif à court terme, intégrer le top 50 ATP. « Il a passé beaucoup de premières à 210 km/h, enchaîne le coach du Stade toulousain. Aujourd’hui, je l’ai trouvé super fort en revers. En coup droit, il est costaud aussi. » Un jeu sans faiblesses, quoi.