Azerbaïdjan-Arménie : affrontements meurtriers à la frontière
L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont fait état, mardi 13 septembre, d’affrontements frontaliers à grande échelle qui ont fait des morts parmi les troupes deux camps.
« Mardi à 0 h 5 [22 h 5 à Paris], l’Azerbaïdjan a lancé un bombardement intensif, avec de l’artillerie et des armes à feu de gros calibre, contre des positions militaires arméniennes en direction des villes de Goris, Sotk et Djermouk », a déclaré le ministère de la défense arménien peu avant que le premier ministre fasse état d’au moins 49 soldats tués, ajoutant que « ce n’est malheureusement pas le nombre définitif » . Selon Erevan, l’Azerbaïdjan avait également utilisé des drones.
De son côté, le ministère de la défense azerbaïdjanais a accusé l’Arménie d’« actes subversifs à grande échelle » près des districts de Dachkesan, Kelbajar et Lachin à la frontière, ajoutant que les positions de son armée « ont essuyé des tirs, notamment de mortiers de tranchée ». « Il y a des pertes parmi les militaires [azerbaïdjanais] », a-t-il rapporté, sans donner de chiffres.
Moscou dit avoir négocié un cessez-le-feuLa Russie a annoncé avoir négocié un cessez-le-feu, en vigueur depuis mardi matin, pour mettre fin aux affrontements meurtriers qui ont opposé, dans la nuit, l’Azerbaïdjan à l’Arménie. « Nous attendons que l’accord conclu à la suite d’une médiation russe sur un cessez-le-feu à partir de 9 heures, heure de Moscou [8 heures, heure de Paris] soit respecté dans son intégralité », a déclaré dans un communiqué la diplomatie russe, se disant « extrêmement préoccupée par la nette dégradation de la situation ».
Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue russe, Sergueï Choïgou, le ministre de la défense arménien, Souren Papikian, a « présenté la situation résultant de l’agression de grande ampleur de l’Azerbaïdjan ». Les deux hommes « sont convenus de prendre les mesures nécessaires pour stabiliser la situation », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis, qui se sont dits « extrêmement inquiets » concernant ces attaques rapportées, ont exhorté à une cessation immédiate des combats. Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Çavusoglu, a appelé l’Arménie à « cesser ses provocations » contre l’Azerbaïdjan. « L’Arménie devrait (…) se concentrer sur les négociations de paix et la coopération » avec Bakou, a déclaré mardi le ministre dans un message posté sur Twitter.
« La France portera la situation devant le Conseil de sécurité des Nations unies, dont elle assure actuellement la présidence », a annoncé l’Elysée à l’issue d’un entretien téléphonique entre le président français, Emmanuel Macron, et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian.
Fusillades fréquentesDe fréquentes fusillades ont été signalées le long de leur frontière commune depuis la fin de la guerre entre Erevan et Bakoun au sujet de la région contestée du Haut-Karabakh, en 2020. La semaine dernière, l’Arménie avait accusé l’Azerbaïdjan d’avoir tué l’un de ses soldats lors d’une fusillade à la frontière.
En août, Bakou a déclaré avoir perdu un soldat, et l’armée du Karabakh a fait savoir que deux de ses soldats avaient été tués et plus d’une douzaine, blessés. Les voisins se sont livré deux guerres – dans les années 1990 et en 2020 – dans la région du Haut-Karabakh, enclave azerbaïdjanaise peuplée d’Arméniens.
Six semaines de combats à l’automne 2020 ont fait plus de 6 500 morts et se sont soldées par un cessez-le-feu négocié par la Russie. Dans le cadre de cet accord, l’Arménie a cédé des pans de territoire qu’elle contrôlait depuis des décennies et Moscou a déployé quelque 2 000 casques bleus russes pour superviser la trêve fragile.
Lors de pourparlers sous médiation européenne à Bruxelles en mai et avril, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, sont convenus de « faire avancer les discussions » sur un futur traité de paix.
Les séparatistes de l’ethnie arménienne du Haut-Karabakh se sont séparés de l’Azerbaïdjan lors de l’effondrement de l’Union soviétique, en 1991. Le conflit qui s’est ensuivi a fait environ 30 000 morts.
Le Monde avec AFP