Ariane 6 : lancement réussi pour la nouvelle fusée européenne, "l ...
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l'essentiel Un an après le dernier tir d’Ariane 5, l’Agence spatiale européenne (ESA) vient de réaliser avec succès le premier lancement de sa grande sœur, la fusée Ariane 6. Nous avons assisté au décollage en direct depuis la Cité de l’espace à Toulouse.
À quelques minutes du décollage, la pression est palpable dans la salle de contrôle Jupiter du Centre spatial guyanais à Kourou. Dix ans après le lancement du programme, le nouveau lanceur lourd européen, synonyme de souveraineté d’accès à l’espace retrouvée, est dressé sur son pas de tir. Du haut de ses 56 mètres, la fusée Ariane 6 équipée de deux boosters et de onze charges utiles dans sa coiffe, pèse lourd… 530 tonnes et 70 millions de dollars l’exemplaire. Plus polyvalente et moins coûteuse, l’Agence spatiale européenne (ESA) mise beaucoup sur elle pour répondre à l’essor du New Space et ses constellations de nanosatellites.
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À la Cité de l’espace à Toulouse, 4 000 personnes sont rassemblées pour assister au décollage d’Ariane 6. Il est retransmis en direct sur un écran géant dans les jardins, derrière la maquette à taille réelle de la fusée Ariane 5. Plusieurs experts du CNES* et de l’ESA ont fait le déplacement pour apporter des explications sur ce nouveau lanceur et commenter les images vidéo du lancement.
Il est 21h00, heure française… Ariane 6 décolle !
À 21h00, le compte à rebours est lancé. Conformément à la procédure de lancement, le moteur principal Vulcain 2.1 est allumé en premier, c’est le même que celui qui équipait les dernières versions d’Ariane 5. Il délivre une poussée de 135 tonnes, soit l’équivalent de 9 avions de combat Rafale réunis. Puis, sept secondes plus tard, les deux boosters s’allument. Un immense panache de fumée se dégage du pas de tir, des flammes jaillissent. L’Europe retient son souffle. Et Ariane 6 s’arrache du sol guyanais dans un vacarme phénoménal. Le public présent à Toulouse applaudit.
Le décollage suscite de nombreuses réactions de la part du public présent à Toulouse. Pour Gilbert qui est venu avec sa femme et son petit-fils, "c’est une grande soirée, très émouvante, on est très admiratif quand on voit le travail qui a été accompli, et on est fier d’être Français et Européen." "Le décollage de la fusée était très impressionnant" rajoute Eliott, 7 ans, après les propos de son grand-père. "Le décollage m’a procuré beaucoup d’émotions et beaucoup de tensions car c’était le tout premier lancement" explique Hélène. Marine, une jeune étudiante assise dans l’herbe, était aussi "stressée et émue" au moment du lancement, mais se dit "contente que ça ait marché du premier coup".
Tout est nominal. Après un peu plus de deux minutes d’ascension, les deux propulseurs s’éteignent après avoir brûlé près de 300 tonnes de poudre. Puis ils se séparent de l’étage principal. Le moteur Vulcain continue seul la montée. La coiffe se sépare car elle n’est plus utile pour protéger les charges utiles. Sept minutes après le décollage, la fusée atteint les 10 000 km/h et se trouve à plus de 200 km d’altitude.
Puis le moteur principal s’éteint et intervient la séparation du premier étage. Le moteur Vinci de l’étage supérieur doit alors prendre le relais. C’est l’instant de vérité pour ArianeGroup. En théorie, son moteur peut en effet être allumé quatre fois. Le moment de s’en assurer est arrivé. Le moteur s’allume une première fois, sans problème, pendant une dizaine de minutes, puis est éteint. Il l’est une seconde fois, 38 minutes plus tard, pendant une vingtaine de secondes. Le plus dur est fait. Une heure et six minutes après son décollage, Ariane 6 est à 600 km d’altitude. Le temps est venu de libérer ses premières charges utiles. Il y en a onze au total, des petits satellites et deux capsules. Pour les mettre sur différentes orbites, le moteur Vinci sera allumé une troisième fois un peu plus tard.
"L’Europe du spatial est de retour"
Lionel Suchet, le directeur général délégué du CNES*, ne cache pas sa satisfaction. Ariane 6 est née, et bien née. "Tout s’est bien passé, et ça c’est extraordinaire. On a testé de toutes nouvelles technologies, un nouveau moteur qui se rallume en orbite, tout un tas de choses importantes pour l’Europe spatiale… On a les meilleurs satellites au monde, il fallait qu’on ait la capacité de les lancer. Et ce soir, c’est reparti. L’Europe du spatial est de retour."
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Un nouveau lancement d’Ariane 6 est prévu d’ici la fin de l’année avec un satellite stratégique français dans sa coiffe. Six autres suivront en 2025. Arianespace compte déjà 29 lancements dans son carnet de commandes.
*Le CNES est maître d’ouvrage de toutes les installations du pas de tir du Centre spatial guyanais à Kourou.