Apolline de Malherbe : «Chercher à imiter Jean-Jacques Bourdin serait vain»
Elle ignore encore à quelle heure elle réglera précisément son réveil, le 24 août prochain. Ce lundi-là, à 6 heures, Apolline de Malherbe, 40 ans, s'installera dans le fauteuil occupé 19 années par Jean-Jacques Bourdin à la matinale de RMC (diffusée en simultané sur la chaîne RMC Découverte). Cette spécialiste de la politique, admiratrice de Léon Zitrone, « capable de faire Intervilles et d'interviewer Brejnev », déteste les étiquettes. Et parle sans langue de bois.
Succéder à Jean-Jacques Bourdin dont vous étiez joker depuis 3 ans et devenir numéro 1, en rêviez-vous ?
APOLLINE DE MALHERBE. Non, c'est plutôt quelque chose de très naturel ! Je le remplaçais déjà 8 semaines par an. Ce passage de relais se fait comme une évidence. Je suis arrivée dans le groupe en 2007 pour un CDD de 2 mois. J'y ai fait tous les jobs : programmatrice, cheffe d'édition, reporter, correspondante à Washington, éditorialiste, animatrice… Et j'ai succédé à Olivier Mazerolle en 2013 dans l'émission politique.
Vous serez l'une des rares femmes à la tête d'une matinale, avec Léa Salamé qui coanime le 7/9 de France Inter ou Pascale de la Tour du Pin sur LCI. Est-ce une révolution pour RMC, à l'image très masculine ?
C'est le choix de mes boss, là où d'autres n'ont jamais osé, et je leur dis « chapeau ! » Pourquoi s'interdirait-on encore cela aujourd'hui ? Je suis une femme de 40 ans, mère de famille, qui vit dans notre époque et aime le monde. Ma seule ambition est que les gens soient heureux de se réveiller avec moi. Et que les femmes qui pensaient « c'est une radio d'hommes » se disent qu'elle est pour tout le monde.
Jean-Jacques Bourdin est réputé pour son franc-parler. Serez-vous aussi directe que lui ?
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Chaque matin, l'actualité vue par Le ParisienJe ne fais jamais semblant et je ne me suis jamais rien interdit. Je viens modestement avec ma liberté, ma bienveillance, mon exigence. Et je serai aussi ce que les auditeurs feront de moi, ils vont me surprendre ou me faire changer de position.
Avoir été épinglée après votre interview musclée de l'avocat Juan Branco dans l'affaire Benjamin Griveaux vous incite-t-il à plus de modération ?
Je fais les interviews comme je dois les faire. Je n'ai qu'une ligne : travailler, être rigoureuse sur les faits, refuser le mensonge ou qu'on prenne les gens pour des idiots. Je continuerai à être moi-même.
« Cette émotion et cette colère devront être entendues », avez-vous lancé mercredi dernier à l'antenne de BFMTV lors de la grève des salariés protestant contre le plan de départs. Avez-vous hésité avant de vous « mouiller » ?
Pas du tout. J'ai parlé en toute liberté et en conscience. Je partage l'émotion. Les négociations ont été fécondes et ne sont pas terminées, c'est une bonne nouvelle.
À quoi va ressembler cette matinale avec vous ?
Je veux que ce soit rigoureux, solide, chaleureux, qu'il y ait de l'info pour que les auditeurs apprennent toujours quelque chose. Le journaliste Charles Magnien sera présent à mes côtés de 6 heures à 8h30. Marie Dupin viendra deux fois au lieu d'une pour répondre aux questions conso. Nicolas Poincaré fera une chronique de plus, dont un portrait du jour.
Qu'allez-vous changer ?
Nous serons dans la continuité. Je crée à 8h10 un nouveau rendez-vous « Face aux auditeurs », pour qu'ils interpellent les invités. Il y aura aussi le témoin du jour à 7h10, une interview à 7h40. Et bien sûr celle menée par Jean-Jacques Bourdin à 8h30.
« Je vous quitterai le cœur brisé » a-t-il confié à l'antenne… Comment cela se passe-t-il avec lui ?
De manière chaleureuse et respectueuse. On s'est toujours bien entendu. C'est un grand modèle.
Vous êtes différents. Lui succéder vous met-il la pression ?
Il y a plusieurs années, il m'a donné le conseil d'être moi-même. Cela vaut toujours. Chercher à l'imiter serait vain et je ne fais pas semblant. Les gens seront heureux de se réveiller avec moi s'ils sentent que je le suis. J'espère qu'ils continueront à m'accueillir chez eux.
La direction souhaite booster les audiences de RMC, en baisse. Vous a-t-elle fixé des objectifs chiffrés ?
Non. J'ai une totale liberté. Et je ne mets pas la pression : je suis assez détendue et j'ai rarement le trac. J'ai à cœur de bien faire, et pas grand-chose ne m'impressionne.
Quittez-vous la présentation de vos émissions politiques du dimanche sur BFMTV ?
Oui. Mais je reste un visage de BFMTV pour les spéciales et grands événements.