Antony Blinken, un francophile à la tête de la diplomatie américaine
C’est un francophone et francophile qui dirigera la diplomatie américaine. Joe Biden a annoncé lundi 23 novembre la nomination d’Antony Blinken au poste de secrétaire d’État. Figure du « blob » – le microcosme des spécialistes de politique étrangère à Washington –, cet homme de 58 ans a une longue expérience des affaires internationales sous la présidence de Bill Clinton, au Sénat et dans l’administration Obama.
Une jeunesse parisienneAntony Blinken est arrivé à Paris à l’âge de 9 ans. Après son divorce, sa mère l’emmène pour rejoindre son nouveau mari, l’avocat international Samuel Pisar, rescapé des camps d’Auschwitz et de Dachau. Le jeune Blinken vit à Paris, dans la France des années Giscard, jusqu’à la fin de ses études secondaires à l’école bilingue Jeannine-Manuel. Après le bac, il retourne aux États-Unis pour étudier à Harvard, puis à la faculté de droit de l’université Columbia.
En 1988, son diplôme de Juris Doctor en poche, il participe avec son père, un banquier new-yorkais, à la campagne de levée de fonds de Michael Dukakis, candidat démocrate à la présidentielle contre le républicain George Bush. Le juriste travaille ensuite comme avocat à New York et à Paris, avant d’entamer, par hasard, une longue carrière gouvernementale.
Membre du Conseil de sécurité nationale dans l’administration Clinton, Antony Blinken suit les relations transatlantiques. Pendant la présidence de George W. Bush, il travaille pour la commission des affaires étrangères du Sénat, alors présidée par Joe Biden, et comme expert au Center for Strategic and International Studies, un think tank de Washington.
Conseiller du vice-président Joe Biden après l’élection d’ObamaAprès l’élection de Barack Obama, il retrouve la Maison-Blanche comme conseiller du vice-président Joe Biden, puis comme numéro deux du département d’État aux côtés de John Kerry. Ses différentes fonctions ont permis à ce diplomate subtil, et bon joueur de guitare, de plancher sur les grands dossiers internationaux, en particulier l’Irak et le nucléaire iranien.
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En mars 2002, il épouse Evan Ryan, ex-conseillère de Hillary Clinton, issue d’une famille catholique irlandaise : interreligieux, le mariage est célébré par un prêtre et un rabbin. Entre 2013 et 2017, Evan Ryan a officié au département d’État comme secrétaire d’État adjointe chargée de l’éducation et de la culture.
Partisan du multilatéralismeLa priorité de ce partisan du multilatéralisme sera de relancer les relations avec les pays alliés en Europe, en Asie et en Afrique, ainsi que de faire revenir les États-Unis dans les institutions et les accords multilatéraux : l’accord de Paris sur le climat, l’Organisation mondiale de la santé et l’accord sur le nucléaire iranien.
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Après son entrée en fonction le 20 janvier, la nouvelle administration aura très peu de temps pour prolonger le traité New Start de réduction des armes stratégiques nucléaires, dernier accord de contrôle des armements avec la Russie, censé expirer début février. « Aucun des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant que pays et en tant que planète, qu’il s’agisse de changement climatique, de pandémie ou de prolifération d’armes dangereuses, n’a de solutions unilatérales », soulignait-il, en juillet 2020, devant un forum à l’Hudson Institute. « Même un pays aussi puissant que les États-Unis ne peut pas les gérer seul. »