Antoine Dupont, accélérateur de passion

Le 28 juin dernier, le Stade de France était endormi. Il avait déjà revêtu ses habits olympiques, sa ribambelle de drapeaux nationaux flottant sous sa couronne et son étonnante piste violette cerclant le terrain. Il ne pouvait donc pas accueillir, comme chaque année, la finale du Top 14, inhabituellement accueillie par Marseille où le Stade Toulousain est encore devenu champion de France, au bout d’une nuit aussi historique pour lui que traumatisante pour Bordeaux. Ce soir-là, Antoine Dupont avait inscrit deux essais et été élu homme du match. Une belle journée de boulot pour le Haut-Pyrénéen, qui avait à peine eu le temps de célébrer ce nouvel exploit avant de renfiler son bleu de chauffe, celui de l’équipe de France à VII avec qui il vise l’or olympique. Hier, l’ancien demi de mêlée d’Auch a finalement retrouvé son jardin de Saint-Denis – où il a déjà remporté trois finales –, confirmant qu’il était l’attraction de l’ouverture de ces Jeux Olympiques, donnant à lui seul un énorme coup de projecteur sur une discipline plutôt confidentielle dans l’Hexagone.

"Je suis nul, je ne peux pas citer un autre joueur que Dupont"

Sur le parvis du Stade de France, Martin, la petite trentaine, l’avouait sans détour : "Le rugby à VII, je l’ai découvert grâce à Antoine Dupont, le joueur le plus exceptionnel de tous les temps." Il y a peu de place pour la nuance quand il s’agit de la star du Stade Toulousain, comme on pouvait le vérifier sur la pancarte de ce supporter : "Toto, épouse-moi s’il te plaît, ma copine est ok." Outre ces espoirs matrimoniaux, la mesure de la popularité d’Antoine Dupont s’est faite au volume des applaudissements récoltés. Le nom du numéro 11 français a été le seul à être copieusement acclamé à l’annonce de la composition du match face aux Etats-Unis par le speaker du Stade de France. Un peu avant, Martin, qui se décrit comme "un bon fan de rugby à XV", concédait : "Je suis nul, je ne peux pas citer un autre joueur que Dupont." À Paris, le Bigourdan emporte les cœurs et fait lever les foules, dans un stade plein à craquer où le bleu écrasait tout hier. Effet Dupont ou effet JO ? Martin explique avoir choisi ses places en "privilégiant les sites" : il ira voir le beach-volley sur l’esplanade du Trocadéro et l’escrime au Grand Palais. D’autres, comme Olivier, qui est aussi un suiveur de rugby à XV, jure qu’il est là pour l’engouement des JO. Grands sourires sur leurs visages, ses deux filles de 14 et 10 ans se rapprochent. On leur demande si elles connaissent un joueur de l’équipe de France : "Antoine Dupont !!!"